10 JUIN (ASPAMNEWS)- Dix-huit mois de prison, sans aménagement de peine, avec mandat de dépôt ont été requis contre l’auteur présumé. Cette gifle, « parfaitement inadmissible », est un « acte de violence délibérée », a soutenu le représentant du ministère public, face au jeune homme, cheveux longs, t-shirt vert et lunettes sur le nez. Le procureur a également requis l’interdiction définitive d’exercer des fonctions publiques, cinq ans de privation d’exercice des droits civils et civiques, mais aussi d’interdiction de détenir des armes. « Il faut une peine forte, significative et qui protège les institutions », a-t-il justifié. Selon lui, « il y a clairement » eu « la volonté d’humilier » la présidence de la République, « de la rabaisser ».
Interrogé ce jeudi, Emmanuel Macron a qualifié « d’imbécile et violent » l’acte dont il a été victime mardi. Ce geste « ne dit pas quelque chose de plus profond qu’un acte isolé », a souligné le chef de l’Etat, estimant qu’il fallait « relativiser et ne rien banaliser ». « La vraie violence c’est celle que subissent les femmes qui meurent sous les coups de leurs compagnons, encore trop, des féminicides contre lesquels nous nous battons avec force. C’est la violence que subissent celles et ceux qui rentrent chez eux et qui sont agressés, ça c’est la vraie violence, contre laquelle je veux qu’on continue de se battre. On doit tous vivre en société même ceux qui ont fait le pire à un moment donné », a-t-il déclaré.
« Je n’ai aucunement envisagé de le commettre »
A la barre, d’après BFMTV, Damien T. n’a pas « contesté son geste » et a fait part de sa volonté d’« être jugé immédiatement », alors qu’une possibilité du renvoi de l’audience était avancée. Il a aussi expliqué qu’avec son complice présumé, ils avaient d’abord « envisagé de lancer un œuf ou une tarte à la crème » sur le président. Le jeune homme a par ailleurs affirmé que, selon lui, « Macron représente très bien la déchéance de notre pays » et a confié avoir été « rempli de dégoût » lorsqu’il a vu le président s’approcher de lui juste avant de le gifler.
Interrogé sur sa réflexion avant de passer à l’acte, face à une possible interpellation, Damien T. a affirmé qu’il l’aurait anticipé « (s’il) avait réfléchi ». « Je me sentais investi par ce que représentent les Gilets jaunes qui avaient été expulsés avant et par le peuple français en général », a-t-il expliqué. « L’acte est regrettable mais je n’ai aucunement envisagé de le commettre », a-t-il concédé, estimant qu’à refaire, il ne le recommettrait pas.
Interpellé avec lui, son camarade « Arthur C. va quant à lui se voir délivrer une convocation en justice pour la fin du second semestre 2022 pour répondre des infractions en lien avec les armes détenues illégalement » trouvées à son domicile, selon le procureur de la République de Valence, Alex Perrin.
Proche de « la mouvance des Gilets jaunes »
Résidant à Saint-Vallier, au nord de Valence, les deux hommes avaient été arrêtés tout de suite après les faits. Ils sont « tous deux inconnus des services judiciaires et des services de renseignements ». Ils sont membres d’associations de leur commune « en lien avec les arts martiaux, le Moyen-Âge et l’univers mangas », a rappelé le magistrat.
Lors de son audition, Damien T., « en couple, sans enfant, sans profession », a reconnu « avoir porté un coup au chef de l’Etat et avoir prononcé des paroles dénonçant la politique ». Proche, selon lui, de « la mouvance des Gilets jaunes » et partageant des « convictions politiques traditionnelles de droite ou d’ultra-droite » sans être « d’aucun parti ni militantisme exprimé », il a affirmé avoir « agi d’instinct et sans réfléchir pour exprimer son mécontentement », a encore expliqué Perrin.
Quant à Arthur C., « célibataire, sans enfant, intérimaire », arrêté aux côtés de son ami après avoir filmé l’agression du chef de l’Etat, il « a pu expliquer sa présence sur les lieux sans pour autant participer à l’agression » du président de la République. A son domicile, des « livres anciens sur l’art de la guerre et Mein Kampf ainsi qu’un drapeau à fond rouge avec faucille et marteau jaune et un drapeau de la révolution russe », ont été trouvés lors d’une perquisition.
Rappelons que le procès de Damien T., l’auteur présumé de la gifle infligée au président de la République Emmanuel Macron lors d’un déplacement à Tain-l’Hermitage (Drôme), s’est ouvert ce jeudi en début d’après-midi. Le dossier de cet homme de 28 ans est passé en comparution immédiate, deux jours après les faits qui ont suscité une réprobation unanime du monde politique. (SMP/2021)