12 DÉCEMBRE (ASPAMNEWS)-Joe Biden va défendre, lors d’un sommet qui se tient sur trois jours à partir de mardi à Washington, l’idée d’une intégration de l’Union africaine au G20, le groupe rassemblant dix-neuf des économies les plus avancées ainsi que l’Union européenne, afin de renforcer le rôle cléjà joué par le continent, a indiqué la semaine passée la Maison-Blanche.
Il faut dire que cette rencontre très attendue doit servir de cadre à la nouvelle stratégie déployée par l’administration Biden et qui consiste dans un premier temps à se rapprocher du continent africain après les années Trump, et deuxièmement à barrer la voie à la Chine et la Russie qui y cultivent leur influence ces dernières années.
Le premier sommet États-Unis-Afrique, qui s’était tenu en 2014, était une initiative de l’ancien président, Barack Obama. Cette année, presque tous les dirigeants des pays membres de l’Union africaine ont été conviés, à l’exception des présidents de transition guinéen, malien, burkinabè et soudanais. Des pays actuellement suspendus de l’organisation panafricaine depuis leur coup d’État.
Joe Biden, qui a l’initiative de réunir à Washington les dirigeants africains dans leur quasi-totalité, et ce pour trois jours, à compter du 11 décembre 2022. Au menu officiel des échanges, figurent les questions de la sécurité alimentaire, du changement climatique et bien entendu, de la démocratie et son corollaire de la bonne gouvernance. Sans compter le sujet tout aussi des investissements américains dans les pays africains amis.
Rester dans la course
Mais ça c’est le tout officiel. Côté face, l’oncle Sam tient également à contrecarrer l’influence grandissante de ses principaux rivaux en terre africaine: l’ours russe et l’empire du milieu, qui eux ne s’agrippent nullement aux valeurs démocratiques et de bonne gouvernance chères aux Occidentaux, ne faisant aucun mystère de leur désir d’expansion sur un continent africain où ils se font des amis de plus en plus nombreux.
L’Amérique de Biden qui tient à rester dans la course à la séduction de l’Afrique, et y jouer les premiers rôles si affinités, a bien conscience que la parenthèse du mandat de Trump l’a mise en retard, un retard qu’elle entend bien rattraper et combler. Bien entendu, cela demande des sacrifices. Mais de toute évidence le pays de l’Oncle Sam est prêt à payer le prix qu’il faudra.
Il se dit que Biden l’américain vise à placer le continent africain au cœur de la diplomatie mondiale et qu’il serait prêt à se faire l’avocat de l’intégration de l’Union africaine au…G 20! On se rappelle aussi que lors de l’Assemblée Générale des Nations Unies en septembre, le président Biden faisait partie de ceux qui revendiquaient des sièges permanents au Conseil de sécurité, au profit de l’Afrique et de l’Amérique latine.
Stratégie de reconquête
A n’en point douter, c’est toute une stratégie qui est mise en branle par le pays de l’Oncle Sam dans sa tentative de reconquête d’une Afrique que Donald Trump avait dédaigneusement snobée et régulièrement méprisée. Doit-on imputer à l’ancien président milliardaire la raison de toute la percée chinoise et russe? Peut-être pas.
Mais en tout état de cause, à ce jour, la Chine se présente comme le principal créancier des pays pauvres en développement, qui y investit volontiers massivement et sans faire trop de chichi, toute chose que l’Afrique subsaharienne apprécie à sa juste valeur et pour laquelle elle serait elle aussi volontiers prête à témoigner de la reconnaissance à son généreux bienfaiteur.
Quant aux Russes, leur présence s’est considérablement accrue dans différentes régions du continent noir, sous forme de coopération bilatérale, d’assistance militaire lorsque ce ne sont pas les mercenaires de Wagner qui font parler d’eux.
L’influence militaire russe ne souffre d’aucune contestation en Afrique noire surtout dans les pays qui ont maille à partir avec l’ancien colon, et où la société russe de sécurité privée s’implante. On l’a bien vu lors du vote au conseil de sécurité, qui visait à condamner le pays de Vladimir Poutine pour son «agression» contre l’Ukraine. La résolution a récolté presque pas de voix africaine qui mécontente «l’ami russe».
Mali, Guinée, Burkina et Soudan «non grata», et pas Biya
Toutefois le sommet de Washington a déclaré non grata quatre pays, notamment les trois dirigés par des régimes putschistes en Afrique occidentale (Mali, Guinée Conakry et Burkina Faso) et le Soudan pour ses démêlées avec l’Erythrée. Peut-être que si ces pays retrouvent l’ordre constitutionnel normal, ils seront à leur tour courtisés avec empressement et pourront faire le pèlerinage à la Maison Blanche.
Mais la présence du président camerounais n’est-elle pas une fausse note à Washington? Le président camerounais, 89 et 40 ans aux affaires est loin d’être un exemple de démocrate. A moins que les parodies d’élection auxquelles les Camerounais ont régulièrement droit soient également un baromètre de démocratie. De toute évidence l’Oncle Sam tient à arracher le continent à ses rivaux russes et chinois.
Composés de 19 pays plus l’Union européenne (UE), les membres du G20 représentent environ 80 % du PIB mondial, 75 % du commerce mondial et plus de 60 % de la population mondiale. L’Afrique du Sud est actuellement le seul pays africain à figurer au G20, né dans sa forme actuelle lors de la crise financière de 2008. Le G20 a accordé une attention croissante aux préoccupations du continent africain.
En 2017, la présidence allemande a lancé le pacte du G20 avec l’Afrique pour aider à promouvoir les investissements privés sur le continent et, en 2016, la présidence chinoise s’est efforcée de soutenir l’industrialisation en Afrique. Plus récemment, l’organisation est intervenue durant la crise sanitaire mondiale (initiative de suspension du service de la dette, « cadre commun pour les traitements de dette » ou encore la vaccination). (SPM/2022)