BAMAKO, 4 AVRIL (ASPAMNEWS)–Dans un communiqué publié il y a quelques jours, les groupes signataires de l’ Accord de paix d’Alger ont estimé que le projet de nouvelle Constitution qui doit encore être soumis à référendum ne propose aucune avancée dans l’application de l’Accord d’ Alger.
Les mouvements signataires de cet Accord rappellent que les autorités de la transition malienne avaient pris l’engagement de veiller à son application.
Après la validation du projet de Constitution, ces groupes armés du Nord dans un communiqué « déclarent solennellement ne pas se reconnaître » dans le texte en cours de vulgarisation.
C’est dans le cadre d’une restitution du nouveau texte fondamental finalisé que les notabilités de la région de Kidal résident à Bamako se sont réunis autour de l’Amenokal. A l’issue des échanges, confient nos sources, une grande convergence de vues s’est dégagée autour de la nouvelle constitution, en vertu notamment d’avancées notoires que lui reconnaissent Mohamed Ag Intalla et ses sujets de la capitale malienne.
Il en résulte en définitive une divergence évidente avec la position défendue par les seigneurs guerriers des Ifoghas – mais qui n’est vraisemblablement que de façade. Et pour cause, il nous revient d’autres sources tout aussi introduites que les autres chefs de tribu de la huitième région soufflent dans la même trompette que la CMA quoique pour des raisons différentes.
Apparemment plus proches de l’ancienne Ansardine d’Alghabass Ag Intalla muée en HCUA, lesdits chefs de tribu, à l’instar de certaines tendances religieuses, tirent arguments d’une mention de la laïcité dans le texte pour le rejeter.
À la grande satisfaction de la CMA et autres composantes du CSP pour qui la nouvelle constitution ne prend pas suffisamment en compte les dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Cette tendance défavorable explique sans doute les raisons pour lesquelles l’Amenoka a choisi Bamako au lieu de Kidal pour sa restitution.
Un appel au dialogue
Ahmedou Ould Abdallah, expert en sécurité au sahel et président du centre stratégie, sécurité dans le Sahel Sahara , demande de prendre en compte les revendications des mouvements signataires.
« Il y a un projet de reconnaissance d’un statut particulier ou d’une culture particulière et ça peut être géré par la junte au pouvoir et par eux tous. Il y a la continuité de l’État, ça a été signé par le gouvernement. Il y a les problèmes de minorités dans tous les pays du monde mais les gens les gèrent. On ne peut pas être contre la France par exemple et vouloir un Etat comme la France, unitaire » précise Ahmedou Ould Abdallah qui appelle Bamako et les groupes armés au dialogue.
Les groupes armés du Nord du Mali adaptent un « niveau élevé de fragilité du processus de paix » et mettent en garde contre un « forcing constitutionnel ».
En janvier dernier, ils s’étaient retirés de la commission chargée de finaliser le projet de nouvelle Constitution.
En décembre, ils avaient suspendu leur participation à l’application de l’Accord d’Alger dénonçant l’absence de volonté de Bamako à appliquer cet accord de paix.
L’Accord d’Alger a été jugé caduc par de nombreux Maliens. Sa signature en 2015 a pourtant mis fin aux combats entre l’ex-rébellion indépendantiste et le pouvoir central de Bamako. (SOH/2023)