JERUSALEM, 11 MAI (ASPAMNEWS)-L’escalade en cours est la plus grave entre groupes armés palestiniens de Gaza et Israël depuis août 2022. Les opérations israéliennes ont déjà fait 25 morts depuis mardi, sans qu’on ne puisse entrevoir une sortie de crise.
Israël a éliminé jeudi avant l’aube un chef militaire du Djihad islamique palestinien dans une nouvelle frappe sur la bande de Gaza, où ses opérations ont fait 25 morts depuis mardi, selon les autorités locales.
Jeudi matin, plus de 500 roquettes avaient été tirées depuis Gaza. Les trois quarts ont pénétré l’espace aérien israélien, et 150 ont été interceptées par les systèmes de défense Dôme de fer et Fronde de David, testé pour la première fois avec succès.
Trois personnes se sont blessées en courant aux abris. Les frappes menées depuis mardi par l’aviation israélienne contre la bande de sable palestinienne, sous blocus depuis 2007, et d’où nul ne peut sortir durant les combats, ont fait quant à elles 25 morts, dont au moins dix civils, des parents et des voisins des trois chefs du Jihad islamique.
Cette campagne n’a commencé comme aucune autre, par à-coups, comme si elle avait du mal à démarrer, mais aussi à s’arrêter. L’offensive israélienne avait commencé par l’élimination de trois cadres du Jihad islamique dans la nuit de lundi 8 au mardi 9 mai, un coup dur pour l’organisation palestinienne qui avait déjà subi une attaque en août dernier.
La réponse a mis 36 heures à venir. D’abord dans les environs de Gaza. Puis, mercredi 10 mai dans l’après-midi, sur Tel-Aviv et le centre du pays. Baroud d’honneur ? Les tirs se sont arrêtés. Peu après, les médias égyptiens annoncent que Le Caire a négocié un cessez-le-feu entre les parties. Une source du Hamas confie à un journal israélien que la faction palestinienne est prête à accepter. Fin de l’engagement prévu pour 21 heures.
Mais en début de soirée, les tirs de roquettes vers Tel-Aviv reprennent. Les avions de chasse israéliens ressortent. Et quand la nuit tombe, le Premier ministre Benyamin Nétanyahu, dans une adresse à la nation, déclare que «la campagne n’est pas finie». Yoav Galant, le ministre de la Défense, illustre le caractère cahoteux de cette attaque en ajoutant : «J’espère que nous y mettrons fin bientôt, mais nous sommes préparés pour qu’elle se prolonge.»
Alors que le cessez-le-feu devait entrer en vigueur, un nouveau barrage de roquettes, massif, reprend. Elles sont, pour une grande partie, interceptées par le dôme de fer, la défense aérienne israélienne. La perspective d’un arrêt des hostilités s’éloigne. «Nous comprenons que le Jihad islamique veut tuer au moins un soldat ou un civil», explique Daniel Hagari, l’un des porte-paroles de l’armée israélienne.
«Les négociations se sont arrêtées parce que les revendications des différentes parties n’ont pas été acceptées. Et le Jihad islamique est soutenu par les autres factions palestiniennes. Ça devrait prendre encore un peu de temps. Je pense que cela se terminera d’ici moins de 24 heures», estime Akram Al Sattari, analyste palestinien vivant dans l’enclave.
«Toutes les options sont sur la table»
Quelque 400 roquettes ont été tirées depuis le début de cette guerre — toutes du Jihad islamique, selon l’armée israélienne. Côté Gaza, 25 morts, selon le ministère de la Santé palestinien, dont l’un des chefs militaires, tué ce jeudi avant l’aube dans une nouvelle frappe sur la bande de Gaza. Le Jihad islamique a affirmé que «les assassinats israéliens ne [resteraient] pas impunis et [que] toutes les options sont sur la table pour la résistance».
Pour l’instant, le Hamas soutient l’initiative sans pour autant se joindre aux tirs de roquettes. Mais le parti islamiste avait lancé des salves au mois d’avril, depuis le Liban. Entre ces engagements et la campagne actuelle, chaque camp essaie d’augmenter sa capacité de dissuasion, sans entrer dans une escalade dont personne ne maîtriserait les conséquences.
Rappelons que l’armée israélienne a tué, mardi 9 mai, trois hauts responsables du Jihad islamique dans une série de frappes contre la bande de Gaza, dans lesquelles dix autres personnes ont trouvé la mort, dont quatre femmes et quatre enfants. Ce faisant, le pouvoir israélien prend le risque d’une escalade non seulement avec ce mouvement armé, mais aussi avec son grand parrain au pouvoir dans l’enclave, le Hamas. Il teste aussi la détermination de ces mouvements palestiniens, du Hezbollah libanais et de leur sponsor iranien à unifier leurs fronts. (SPM/2023)