MONTEVIDEO, 23 JUIN (ASPAMNEWS)- Les populations de certains pays d’Afrique ne sont pas leurs victimes du manque d’eau potable, l’Uruguay, en Amérique Latine, traverse depuis trois ans la pire sécheresse de son histoire. Les réserves sont au plus bas et la capitale Montevideo pourrait se retrouver sans une goutte d’eau dès la fin du mois de juin.
Ce pays d’Amérique latine subit la pire sécheresse jamais enregistrée par son Institut national de météorologie (Inumet). Depuis trois ans, les précipitations sont minimes et le niveau des barrages et des rivières qui alimentent l’Uruguay en eau potable descend dangereusement.
L’automne austral, qui se déroule au moment de notre printemps et qui vient de se terminer, est le plus chaud des 43 dernières années. Dans un rapport, l’Inumet rapporte que la quasi-totalité du pays a connu une baisse des précipitations, jusqu’à 61,4 % de moins que la moyenne dans certaines zones.
Au nord de Montevideo, la capitale du pays, le réservoir de Paso Severino qui permet d’alimenter près de 60 % des Uruguayens en eau potable, atteint un niveau critique et n’est plus rempli qu’à 7 %, son plus bas niveau historique. Lundi 19 juin, le président Luis Lacalle Pou et son gouvernement ont déclaré « l’état d’urgence » sur les ressources hydriques.
La situation catastrophique dans laquelle se trouve le pays n’est pas seulement due à la météo. C’est la gestion de l’eau par les autorités qui est remise en question. « Ce n’est pas la sécheresse, c’est le pillage », criaient des manifestants sur le chemin d’une visite présidentielle lundi, rapporte le quotidien El Pais.
Jusqu’à 50 % de la ressource en eau serait perdue au moment de la distribution à cause de fuites sur le réseau. Le soja, deuxième produit d’exportation de l’Uruguay, entraîne une consommation excessive et non planifiée de la ressource. Des centaines de retenues d’eau incontrôlées fleurissent dans les zones d’agriculture intensive.
Pour permettre aux réserves de tenir plus longtemps, les autorités ont fait le choix de mélanger l’eau douce de certains réservoirs à de l’eau salée pompée du Rio de la Plata, qui sépare l’Uruguay et l’Argentine. Résultat, l’eau du robinet est salée et sa consommation est déconseillée aux personnes atteintes d’hypertension, de maladies rénales ou aux femmes enceintes.
Les Uruguayens se plaignent d’une eau « imbuvable » et « nauséabonde » qui rend impossible la préparation du maté, dont ils consomment jusqu’à 10 kg d’herbe par an. Les limites maximales de plusieurs substances chimiques ont été relevées à plusieurs reprises, tout comme celles du sodium et du chlore.
► La situation peut-elle s’améliorer rapidement ?
Les prévisions météorologiques sont mauvaises, l’Inumet annonce une « augmentation du déficit hydrique » dans les quatorze prochains jours. La mise en place des mesures permises par l’instauration de l’état d’urgence pourrait être trop lente pour inverser rapidement la tendance. Les puits creusés en plein cœur de Montevideo pour tenter de trouver de l’eau n’ont pas encore permis de réduire le manque.
La construction en urgence d’un barrage provisoire sur la rivière San José ne sera pas achevée avant un mois et devrait coûter plusieurs dizaines de millions de dollars. Enfin, la suppression de la TVA sur les bouteilles d’eau minérale nécessite une modification de la loi par le Parlement, pour laquelle le président promet une procédure accélérée. (LCR/2023)