NIAMEY, 1er AOÛT (ASPAMNEWS)–Le Mali et le Burkina Faso, dans un communiqué conjoint lundi, ont « averti » la CEDEAO, « que toute intervention militaire contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre » ces deux pays et « mettent en garde contre les conséquences désastreuses d’une intervention militaire ».
Dans le communiqué conjoint, Bamako et Ouagadougou apportent aussi leur soutien au coup d’État au Niger et affirment qu’une « intervention militaire » pour rétablir le président reversé « s’assimilerait à une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali ».
Une intervention militaire au Niger pour rétablir le président élu Mohamed Bazoum serait considérée « une déclaration de guerre » au Burkina Faso et au Mali, ont mis en garde ce lundi les gouvernements de ces deux pays, quelques jours après le coup d’État réalisé par des militaires à Niamey.
Dans un communiqué conjoint publié sur Twitter par Abdoulaye Maïga, porte-parole de l’exécutif malien, les gouvernements du Mali et du Burkina Faso « avertissent que toute intervention militaire contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre » contre les deux pays, qui se retireraient alors de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Arrivés au pouvoir à Bamako et à Ouagadougou après des coups d’États, les gouvernements malien et burkinabé disent « exprimer leur solidarité fraternelle au peuple frère du Niger qui a décidé en toute responsabilité de prendre son destin en main et d’assumer devant l’histoire la plénitude de sa souveraineté ».
Des sanctions qui « aggravent la souffrance des populations »
Les deux pays dénoncent et refusent d’appliquer les « sanctions illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les autorités nigériens ». Dimanche, la Cédéao a notamment décidé la suspension « immédiate » de « toutes les transactions commerciales et financières » avec le Niger et le gel des avoirs des putschistes.
Des sanctions qui « aggravent la souffrance des populations et mettent en péril l’esprit du panafricanisme », déplorent le Mali et le Burkina Faso.
Vers une déstabilisation de l’ensemble de la région?
Les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ont en outre donné un ultimatum d’une semaine aux putschistes au Niger pour restaurer l’ordre constitutionnel, affirmant ne pas exclure un « recours à la force ».
Une intervention militaire entraînerait, de la part de Bamako et de Ouagadougou, « l’adoption de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du Niger », peut-on lire dans le communiqué.
Le Mali et le Burkina Faso « mettent en garde contre les conséquences désastreuses d’une intervention militaire au Niger qui pourrait déstabiliser l’ensemble de la région comme l’a été l’intervention unilatérale de l’Otan en Libye qui a été à l’origine de l’expansion du terrorisme au Sahel et en Afrique de l’Ouest. »
Ce lundi sur BFMTV, la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna a démenti les accusations de la junte qui a pris le pouvoir au Niger selon lesquelles la France voudrait « intervenir militairement » dans le pays.
le communiqué entier
Les Gouvernements de Transition du Burkina Faso et du Mali ont appris par voie de presse les conclusions des sommets extraordinaires de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) tenus le 30 juillet 2023 à Abuja sur la situation politique au Niger.
Les Gouvernements de Transition du Burkina Faso et du Mali :
1.Expriment leur solidarité fraternelle et celle des peuples burkinabè et malien au peuple frère du NIGER qui a décidé en toute responsabilité de prendre son destin en main et d’assumer devant l’histoire la plénitude de sa souveraineté ;
- Dénoncent la persistance de ces organisations régionales à prendre des sanctions aggravant la souffrance des populations et mettant en péril l’esprit de panafricanisme ;
- Refusent d’appliquer ces sanctions illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les Autorités Nigériens ;
- Avertissent que toute intervention militaire contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali ;
- Préviennent que toute intervention militaire contre le Niger entraînerait un retrait du Burkina Faso et du Mali de la CEDEAO, ainsi que l’adoption de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du Niger ;
- Mettent en garde contre les conséquences désastreuses d’une intervention militaire au Niger qui pourrait déstabiliser l’ensemble de la région comme l’a été l’intervention unilatérale de l’OTAN en Libye qui a été à l’origine de l’expansion du terrorisme au Sahel et en AFRIQUE de l’Ouest.
Les Gouvernements de Transition du Burkina Faso et du Mali sont profondément indignés et surpris par le déséquilibre observé entre, d’une part, la célérité et l’attitude aventurière de certains responsables politiques d’Afrique de l’Ouest désireux d’utiliser la force armée pour rétablir un ordre constitutionnel dans un pays souverain, et d’autre part, l’inaction, l’indifférence et la complicité passive de ces organisations et de ces responsables politiques à aider les Etats et les peuples victimes de terrorisme depuis une décennie et abandonnés à leur sort.
En tout état de cause, les Gouvernements de Transition du Burkina Faso et du Mali invitent les forces vives à se tenir prêtes et mobilisées, en vue de prêter main forte au peuple nigérien, en ces heures sombres du panafricanisme.
Que Dieu bénisse l’Afrique et Préserve les africains !
Fait à Ouagadougou et à Bamako, le 31 Juillet 2023.
Pour le Burkina Faso,
Le Ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Porte-parole du Gouvernement,
Rimtalba Jean Emmanuel OUEDRAOGO
Chevalier de l’Ordre du mérite, des arts,
des lettres et de la communication
Pour le Mali,
Le Ministre d’Etat, Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du Gouvernement,
Colonel Abdoulaye MAIGA
Chevalier de l’Ordre National