NIGER: début de la démobilisation des militaires français de leurs bases

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NIAMEY, 5 OCTOBRE (ASPAMNEWS)-Le désengagement des militaires français du Niger annoncé par Emmanuel Macron le 24 septembre dernier commence ce jeudi 5 octobre. Pour l’armée, le temps est compté puisque le retrait des 1 500 militaires français doit être achevé d’ici à la fin de l’année 2023.

Le premiers à plier bagage, indique l’état-major des armées, sont les 400 soldats actuellement déployés à Ouallam, le long de la frontière malo-nigérienne. Ces militaires participaient à l’opération Almahaou avec les forces armées nigériennes, pour sécuriser le Liptako nigérien.

Regroupés en deux sous-groupes tactiques interarmes, à Ouallam et Tabaré Baré, ces militaires français vont donc rejoindre Niamey par la route, avec, dans un premier temps, ce matin 4 octobre, l’organisation des convois. Ils vont mettre en ordre de marche leurs véhicules de combat, définir un itinéraire qu’il va falloir sécuriser pour rejoindre la capitale nigérienne.

La distance n’est pas très longue – une centaine de kilomètres – mais selon l’état des pistes, le trajet peut prendre deux jours. Une fois arrivé à la base aérienne de Niamey, ces 400 soldats rejoindront immédiatement la France par avion. « En termes de conduite, on fera ce qui est planifié. Nous fixons le tempo pour un départ en bon ordre, en sécurité et en coordination avec les autorités locales », insistent des hauts gradés.

L’état-major des armées ne commente pas les déclarations de la junte qui ces derniers jours a justement laissé entendre que cette coordination technique n’est pas acquise.

Désengager la base aérienne projetée de Niamey en seulement trois mois

Désengager la base aérienne projetée (BAP) de Niamey va représenter un considérable travail de planification. Mille hommes y sont stationnés, entourés de centaines de containers. Si la majorité des personnels seront évacués par les airs, en revanche, la partie la plus lourde du fret le sera par la route.

Le temps est compté. Les soldats français doivent avoir quitté le Niger d’ici à la fin de l’année. L’armée française doit donc trouver, hors du Niger, un hub logistique afin de centraliser le matériel évacué avant de le renvoyer en France. Le port de Cotonou serait tout indiqué, mais pour le moment la junte nigérienne ne semble pas disposée à ouvrir sa frontière avec le Bénin aux convois militaires français.

L’équation logistique du départ français pourrait par conséquent se révéler très compliquée.

Le 17 février 2022, le président Emmanuel Macron annonçait, en accord et en coordination avec les partenaires africains et européens, la réarticulation de la force Barkhane hors du territoire malien. Cette manœuvre s’est déroulée pendant près de dix mois, en trois phases.

Lors de la phase 1, du 30 octobre 2021 au 15 décembre 2021, trois bases du nord du Mali, dont celle de Tombouctou, avaient été déplacées vers Gao, dans le nord-est du Mali, représentant un total de 140 véhicules et 430 conteneurs. Lors de la phase 2, du 19 avril au 13 juin 2022, les bases du Gossi et Ménaka, ainsi que 210 véhicules et 1130 conteneurs, avaient été transférés vers Gao. 

La réarticulation de la force Barkhane hors du Mali s’est achevée par la rétrocession de la base de Gao, la plus grande base française en Afrique de l’ouest, le 15 août 2022. Celle-ci a été transférée vers Niamey. En chiffres, la réarticulation de la force barkhane hors du Mali représente au total plus de 60 convois terrestres, 150 convois aériens, 5 convois maritimes ainsi que 7200 conteneurs évacués.

Rappelons que Niamey et Paris sont finalement parvenus à accorder leurs violons pour un départ dans le calme et l’ordre des troupes et matériels français du Niger. Jusqu’à mercredi, les autorités des deux pays divergent sur les modalités de ce retrait notamment le calendrier et l’itinéraire.

Lors de son annonce, Emmanuel Macron a indiqué que des négociations seront menées avec « les autorités de fait » du Niger et de son coté, le CNSP avait indiqué le calendrier de retrait des troupes françaises du Niger doit être établi « dans un cadre négocié et d’un commun accord pour une meilleure efficacité ».

Les autorités françaises ont alors proposé l’itinéraire qui passe par le Bénin pour se servir du port de Cotonou, ce qui a été catégoriquement refusé par les autorités militaires nigériennes. En cause, les tensions entre Niamey et Porto-Novo, depuis que le CNSP a accusé son voisin de pays à servir de base pour des manœuvre de déstabilisation, notamment une opération militaire de la Cédéao pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, avec la complicité de la France et de certains pays de la sous-région.

Les autorités nigériennes ont d’ailleurs mis fin, le mois dernier, à leur coopération avec le Bénin et mobiliser des troupes à la frontière entre les deux pays pour parer à toute éventualité.

L’insistance de Paris, malgré le refus de Niamey, à utiliser le corridor béninois a  été une véritable pomme de discorde dans le cadre de ce retrait convenu par les autorités des deux pays à tel point que mardi dernier, le ministre nigérien de l’Intérieur a estimé que « la France n’est pas dans une logique de quitter le Niger ». (SPHG/2023)

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