HAÏTI: arrivée des policiers kényans, l’espoir renaît

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PORT-AU-PRINCE, 26 JUIN (ASPAMNEWS)-La mission internationale autorisée par l’ONU commence à prendre forme. En effet, un premier contingent destiné à diriger une force multinationale de soutien à la sécurité est arrivé en Haïti. Le déploiement de ces troupes étrangères doit aider les autorités à venir à bout des bandes criminelles qui terrorisent la population.

D’aucuns, en Haïti, attendaient ce moment depuis longtemps, dans l’espoir de juguler la spirale de violence causée par la prolifération de gangs. Le premier contingent de policiers kenyans, envoyés dans le cadre d’une mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) dans ce pays caribéen, est arrivé, mardi 25 juin, à Port-au-Prince, la capitale haïtienne.

Quelque 200 hommes en treillis ont débarqué, dans la matinée, de leur avion parti la veille de Nairobi et ont célébré cette arrivée tant attendue en exécutant quelques pas de danse sur le tarmac de l’aéroport international Toussaint-Louverture.

« La force multinationale est là pour soutenir notre police nationale », a déclaré, quelques heures plus tard, le premier ministre haïtien, Garry Conille, lors d’une conférence de presse. « Nous allons nous mettre au travail petit à petit pour reprendre le contrôle notre pays, d’abord sans affrontements, sans combats majeurs, à moins que cela ne soit nécessaire », a poursuivi le chef du gouvernement, nommé à ce poste, le 28 mai, par le conseil présidentiel de transition.

Cet organe de gouvernance collégiale avait été mis en place, en mars, pour succéder à l’impopulaire premier ministre Ariel Henry et sortir le pays de l’impasse politique résultant de l’assassinat du président Jovenel Moïse, en juillet 2021.

Un millier de policiers kényans en Haïti

« Cette mission est l’une des plus urgentes, importantes et historiques de l’histoire de la solidarité mondiale », a déclaré le chef de l’État lors d’une cérémonie à huis clos, selon des propos rapportés par le bureau présidentiel.

Le Kenya a proposé d’envoyer un millier de policiers en Haïti pour la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), prévue pour une durée initiale d’un an, et à laquelle doivent également contribuer le Bangladesh, le Bénin, le Tchad, les Bahamas et la Barbade.

Le déploiement de cette force a été approuvé par une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU en octobre, mais il suscite de vives critiques au Kenya.

Un mouvement de protestation antigouvernemental au Kenya a viré au chaos mardi dans la capitale Nairobi. Au moins cinq personnes ont été tuées et 31 blessées lors de ces manifestations, selon plusieurs ONG dont Amnesty Kenya.

Une mission monumentale

La tâche de la mission de sécurité en Haïti s’annonce dantesque. Haïti pâtit depuis des dizaines d’années d’une instabilité politique chronique et fait face à une résurgence de la violence des gangs, qui contrôlent 80 % de la capitale Port-au-Prince, doublée d’une crise humanitaire.

La situation s’était brusquement aggravée fin février quand des groupes armés ont lancé des attaques coordonnées à Port-au-Prince pour renverser le premier ministre de l’époque, Ariel Henry.

Depuis lors, des autorités de transition dont un premier ministre par intérim, Garry Conille, ont été formées avec pour mission le rétablissement de la stabilité.

Le nombre de déplacés internes a augmenté de 60 % depuis mars en raison de l’intensification de la violence des gangs, atteignant désormais un total de près de 600 000 personnes, selon l’Organisation internationale pour les migrations.

Épauler la police locale

La mission soutenue par l’ONU et dans laquelle les États-Unis sont très impliqués sur le plan logistique – sans toutefois fournir d’hommes – doit épauler la police haïtienne dans la lutte contre les gangs qui terrorisent la population.

« Je salue la détermination du gouvernement kényan et de son peuple à accompagner Haïti dans la lutte contre l’insécurité qui ronge la société », a affirmé le premier ministre Garry Conille sur le réseau X.

Haïti « souhaite que cette mission multinationale soit la dernière qui l’aide à se stabiliser pour le renouvellement du personnel politique et le retour à la démocratie effective », a-t-il ajouté, alors que le rétablissement de la sécurité dans ce pays des Caraïbes doit à terme permettre la tenue d’élections. La dernière élection en Haïti remonte à 2016.

Le président kényan, William Ruto, en poste depuis 2022, avait proposé fin juillet 2023 la candidature de son pays, après un appel pressant des Nations unies à la solidarité internationale pour se porter au secours du petit pays des Caraïbes, en proie à un cycle de violence depuis l’assassinat de son président, Jovenel Moïse, en juillet 2021. Haïti, alors gouverné par intérim par le Premier ministre Ariel Henry, était d’accord. (SKN/2024)