GAMBIE: rejet de la loi levant l’interdiction de l’excision, le clitoris sauvé!

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BANJUL, 16 JUILLET (ASPAMNEWS)-Les députés gambiens ont rejeté lundi une proposition de loi qui aurait levé l’interdiction de l’excision et des mutilations génitales féminines en vigueur depuis 2015, après des mois de controverse et de pressions internationales.

Les députés ont rejeté tous les amendements proposés au texte de 2015 et qui auraient dépénalisé la pratique. S’ils avaient voté en faveur du texte, la Gambie, petit pays d’Afrique de l’Ouest, serait devenu le premier au monde à annuler l’interdiction des mutilations génitales féminines, selon l’ONU.

Si la tradition, derrière laquelle se cachent les experts du couteau et de la lame qui font si mal à la femme, a la peau dure, les élus gambiens lui ont barré la route ce lundi, en rejetant, sans autre forme de procès, le projet de loi 2024 sur les femmes, dont la visée criminelle était de…décriminaliser la pratique de l’excision. Le drame a été évité de justesse pour le bonheur de nombre de ces jeunes filles gambiennes qui étaient dans le collimateur des bourreaux du clitoris.

Que dire des femmes adultes qui vivent, malheureusement, une vie de profond traumatisme causé par cette affreuse mutilation qu’elles ont subi, pour la plupart, avant l’âge de 15 ans. Parfois, c’est quand elles sont encore des bébés que le mal est fait, souvent avec la complicité des parents ou des grands-parents.

Et ce manque fabrique des êtres diminués pour la vie, lorsque ces femmes sauvagement agressées dans leurs parties intimes, ont réussi à échapper, par miracle, à la mort causée par des hémorragies et autre gangrène.

C’est dans cette logique de sauvegarder la dignité physique entière de la femme et lui garantir une sexualité et une vie normales, que l’ONU à travers certaines de ses organisations et plusieurs ONGs et associations, ont pris, à bras-le-corps la problématique.

En s’appuyant efficacement sur des chefs traditionnels et religieux, mais aussi des leaders communautaires, des campagnes intenses de sensibilisation ont été menées à travers le continent, et ont conduit de nombreux exciseurs et exciseuses à se débarrasser de leurs couteaux et lames. Certes, dans certains pays, le phénomène survit contre vents et marrées, continuant de faire des victimes même dans des familles dites modernes.

Les vacances au village ont constitué des moyens idéaux pour priver de leur clitoris des enfants qui tombent innocemment dans un traquenard savamment monté par des conservateurs indécrottables toujours prêts à conduire des enfants à l’abattoir.

Même les peines privatives de libertés et pécuniaires instaurées par la loi qui interdit la pratique, ne réussissent pas toujours à décourager ces hommes et femmes qui font le sale boulot, pas que pour l’argent, mais aussi parce qu’elles sont convaincues de faire œuvre utile pour la perpétuation de valeurs traditionnelles dont ils s’érigent en «gardiens».

Les députés gambiens ont donc refusé de comparaître, un jour, devant le tribunal de l’histoire, pour être jugés comme des complices d’une pratique rétrograde et assassine sur tous les plans. Certes plusieurs femmes nanties ont réussi à donner une seconde vie à leur clitoris, grâce au progrès de la médecine, notamment de la chirurgie réparatrice dont l’un des pionniers en Afrique est incontestablement le Congolais Prix Nobel, le Dr Denis Mukwege.

Mais pour la multitude, celles qui n’ont pas les moyens de se faire «repousser» un clitoris, le mal est irréversible, envahissant et indicible, pour la vie. En tout cas, avec ce projet de loi qui a vécu, il urge que tout un chacun prenne conscience du fait que pour porter l’estocade finale aux Mutilations génitales féminines, il faudra un surplus d’effort, de détermination individuelle mais surtout de volonté politique de la part de ceux qui nous dirigent. (SMP/2024)

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