WASHINGTON, 21 JUILLET (ASPAMNEWS)-Après avoir annoncé dimanche qu’il ne se présentait plus à sa réélection, le président Joe Biden a aussitôt déclaré soutenir la candidature de la vice-présidente démocrate, Kamala Harris, qui a ensuite officialisé son intention de «gagner cette investiture». Elle est aujourd’hui la favorite pour reprendre le flambeau et affronter Donald Trump le 5 novembre prochain. Si le Kremlin a déclaré être «attentif» à l’évolution de la situation, Benyamin Netanyahou a pour sa part tenu à remercier Joe Biden «pour son soutien inébranlable au peuple israélien.
Les pressions auront eu raison de son obstination. Joe Biden a annoncé dimanche 21 juillet son retrait de la course à la Maison-Blanche après des semaines de spéculations sur ses capacités physiques et mentales, plongeant son camp – et la campagne – dans l’inconnu.
Le démocrate de 81 ans rejoint ainsi le club très restreint des présidents américains sortants ayant jeté l’éponge alors qu’ils briguaient un second mandat. Mais il est le premier à le faire aussi tard dans la campagne. Le seul, aussi, à devoir abandonner en raison d’interrogations sur son acuité mentale.
« Je pense qu’il est dans l’intérêt de mon parti et du pays que je me retire et que je me concentre uniquement sur l’exercice de mes fonctions de président jusqu’à la fin de mon mandat », a-t-il annoncé, dans un communiqué, annonçant qu’il s’exprimerait à la nation « plus tard cette semaine ».
Cette annonce choc, même si elle était attendue malgré les dénégations répétées du principal intéressé, bouleverse une campagne qui a déjà connu de nombreux rebondissements, au premier rang desquels la tentative d’assassinat contre Donald Trump, le 13 juillet. Il faut maintenant trouver un ou une remplaçante à Joe Biden, qui était censé être intronisé lors de la convention de son parti, mi-août à Chicago.
Sa vice-présidente Kamala Harris, serait un choix naturel, mais pas automatique, pour devenir la candidate des démocrates. Peu après avoir annoncé renoncer à briguer un deuxième mandat, Joe Biden a déclaré soutenir la candidature de sa vice-présidente.
« Aujourd’hui, je souhaite offrir mon soutien total et mon appui à Kamala pour qu’elle soit la candidate de notre parti cette année », a déclaré le président américain sur X. Le dernier mot revient aux délégués du Parti démocrate, 3 900 personnes au profil très varié et pour la plupart complètement inconnues du grand public.
Le tournant du débat du 27 juin dernier
C’est la performance calamiteuse de Joe Biden lors de son débat le 27 juin avec Donald Trump qui a précipité les événements. Ce jour-là, dès les premières secondes de la joute verbale qu’il avait pourtant lui-même réclamée, c’est un Biden très affaibli qui est apparu devant les écrans de ses partisans consternés. Avec un chat dans la gorge l’obligeant à toussoter souvent, il s’est plus d’une fois emmêlé les pinceaux, ne parvenant parfois pas à finir ses phrases.
Un spectacle douloureux qui a fait exploser au grand jour les doutes sur son âge, sur lesquels ses proches avaient tenté de maintenir un couvercle. Qui allait être le premier à dégainer pour lui demander d’arrêter là ? La petite musique est rapidement montée, partant d’élus démocrates relativement peu connus jusqu’à atteindre des poids lourds du parti. L’un après l’autre, de grands noms, effrayés par les sondages le donnant perdant et craignant une victoire écrasante de Donald Trump, l’ont lâché, pour la plupart d’abord en privé.
Les médias américains, citant des sources anonymes, ont ainsi affirmé que l’ex-président Barack Obama, l’ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi et les leaders démocrates au Congrès Chuck Schumer et Hakeem Jeffries avaient fait part de leur inquiétude. Et les images d’un Joe Biden testé positif au Covid-19, peinant à descendre la passerelle de son avion, n’ont fait qu’amplifier la nervosité de son camp.
Pendant ce temps, Donal Trump, qui a miraculeusement échappé à des tirs pendant un meeting de campagne, semblait, lui, vivre un état de grâce, avec des victoires judiciaires et une consécration lors de la convention du Parti républicain à Milwaukee.
Le Kremlin a d’abord réagi en affirmant être «attentif» à l’évolution de la situation. «Les élections sont dans quatre mois. C’est une longue période pendant laquelle beaucoup de choses peuvent changer. Nous devons être attentifs, suivre ce qui va se passer», a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov au média Life.ru.
À Jérusalem, le président Isaac Herzog a remercié le président américain «pour son soutien inébranlable au peuple israélien». «Je tiens à exprimer mes plus sincères remerciements à Joe Biden pour son amitié et son soutien inébranlable au peuple israélien au cours de sa longue carrière de plusieurs décennies», a-t-il déclaré dans un message sur X. «En tant que premier président américain à s’être rendu en Israël en temps de guerre […] et en tant que véritable allié du peuple juif, il est un symbole du lien indéfectible entre nos deux peuples», a-t-il ajouté.
Le premier ministre polonais Donald Tusk a lui aussi tenu à rendre hommage au président Biden en estimant qu’il rendait «la démocratie plus forte» selon lui. «Vous avez pris de nombreuses décisions difficiles grâce auxquelles la Pologne, l’Amérique et le monde sont plus sûrs et la démocratie plus forte», a réagi le dirigeant polonais sur X. «Je sais que vous étiez animés par les mêmes motivations lorsque vous avez annoncé votre décision finale. Probablement la plus difficile de votre vie».
«Un grand homme»
À Berlin, le chancelier Olaf Scholz a salué une décision qui mérite «le respect». «Mon ami Joe Biden a accompli beaucoup de choses : pour son pays, pour l’Europe, pour le monde», a écrit le chancelier sur X, ajoutant: «Sa décision de ne pas se représenter mérite le respect».
Le premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré de son côté «respecter» la décision du président américain. «Je sais que comme il l’a fait tout au long de sa remarquable carrière, il aura pris sa décision en fonction de ce qu’il estime être le mieux pour le peuple américain», a-t-il ajouté sur X.
«Je connais le président Biden depuis des années. C’est un grand homme, et tout ce qu’il fait est guidé par l’amour qu’il porte à son pays. En tant que président, il est un partenaire des Canadiens et un véritable ami», a écrit un peu plus tard le premier ministre canadien Justin Trudeau sur X.
Son homologue australien Anthony Albanese a pour sa part salué le «leadership» de Joe Biden et son engagement «en faveur des valeurs démocratiques, de la sécurité internationale, de la prospérité économique et de l’action climatique pour les générations actuelles et futures».
Considéré comme l’un des candidats capables de se présenter en novembre pour le camp démocrate dans la course à la Maison Blanche, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a déclaré ce dimanche que Joe Biden « entrerait dans l’histoire comme l’un des présidents les plus influents et les plus altruistes ».
Dans sa déclaration publiée notamment sur X après l’annonce du retrait de Joe Biden, M. Newsom ne mentionne pas Kamala Harris alors qu’il a déclaré par le passé qu’il ne se présenterait pas contre elle. (SPB/2024)