WASHINGTON, 7 SEPTEMBRE (ASPAMNEWS)- Si l’électorat afro-américain est dans l’ensemble massivement acquis à la cause démocrate, Joe Biden avait perdu en popularité auprès de ces communautés. La candidature de Kamala Harris peut-elle changer la donne ?
Joe Biden en était fier. Il l’avait répété à l’envi, jusqu’à s’emmêler les pinceaux : «Je suis fier d’être le premier vice-président, la première femme noire, à avoir servi un président noir», disait-il dans une interview donnée le 4 juillet dernier sur une radio de Philadelphie.
Le président démocrate faisait référence à son passé de vice-président sous Barack Obama, premier président Afro-américain des États-Unis, mais aussi à l’identité ethnique de sa colistière Kamala Harris, fille d’un Jamaïcain et d’une Indo-américaine. Une fierté pour le président démocrate, alors que son parti tient traditionnellement pour acquis le soutien de plus de 80% des électeurs afro-américains dans le pays.
Avec la nomination de Kamala Harris, « on a vu l’énergie se transformer immédiatement », témoigne Claudette Williams, déléguée de Pennsylvanie. Celui qu’elle appelle affectueusement « Uncle Joe » a été un excellent président, « mais il nous a aussi fait un cadeau en partant », estime-t-elle. « Les femmes blanches, les femmes noires, les hommes blancs, les républicains pour Kamala, les seniors pour Kamala, tout le monde sort du bois car il y a cette énergie », poursuit-elle.
Selon elle, l’excitation est encore plus palpable que pour l’élection de Barack Obama, pourtant le premier Afro-Américain à la Maison-Blanche. Quatre années de Donald Trump président sont passées par là, explique-t-elle, « la haine », « la division », « alors que le message de Kamala, c’est l’unité, pour rassembler, pour disperser toute cette négativité ».
Cette nouvelle énergie va accroître les chances des candidats démocrates au Congrès qui se présentent en Pennsylvanie, un grand Etat-pivot, très important pour les démocrates, dit-elle en citant Bob Casey, Matt Cartwright, Susan Wild, Madeleine Dean – avec pour certains, un duel serré. « Et puis il y a aussi les représentants étatiques, ça va les renforcer », se réjouit Claudette Williams.
Voter « pour » et non « contre »
Joshua Simmons, délégué de Floride, un Afro-Américain de haute stature, explique qu’avec Kamala Harris, les Afro-Américains sont « excités et votent pour quelque chose au lieu de voter contre quelque chose » – Donald Trump.
« Elle transcende les frontières culturellement. Elle arrive à toucher aussi les jeunes noirs, qui étaient un peu éteints avant », considère-t-il. La candidate fait partie d’une nouvelle génération d’élus, pointe-t-il, et cela va pousser les Afro-Américains à se présenter dans les bureaux de vote en grand nombre.
Non, assure-t-il, les Afro-Américains n’ont pas boudé Joe Biden. « Il a mis des sommes impressionnantes dans les Etats, les villes, les villages, pour réparer les routes dans des communautés majoritairement noires, pour sortir les familles noires de la pauvreté avec les crédits d’impôts enfants, avec le plan de relance post-Covid », rappelle-t-il, persuadé que les gens n’ont pas tout à fait pris la mesure de ses accomplissements. Claudette Williams, elle, cite avant tout l’effacement partiel des dettes étudiantes, dont lui parlent de nombreux électeurs afro-américains.
A présent, ils attendent de Kamala Harris « un accès égal aux emplois, aux opportunités de carrière, aux secteurs d’activité », plaide Joshua Simmons. Cela ne signifie pas qu’il faut mettre en place des règles préférentielles pour recruter des noirs dit-il.
« Peut-être la discrimination positive fonctionne-t-elle dans certains endroits. Mais donner aux gens des outils pour croître, pour apprendre, pour créer de nouvelles carrières aura des effets de bien plus le long terme », croit-il. (SPM/2024)