MEXIQUE: assassinat du père Marcelo Pérez par les cartels, l’église réclame justice

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MEXICO, 23 OCTOBRE (ASPAMNEWS)- L’assassinat dimanche dernier, du père Marcelo Pérez, figure emblématique de la défense des droits de l’homme, a suscité l’émoi dans tout le pays. Une violence récurrente alors qu’environ deux prêtres sont assassinés chaque année par les groupes armés, faisant du Mexique l’un des pays les plus dangereux d’Amérique latine pour les clercs.

Un assassinat au retentissement mondial. Pourtant, la mort du père Marcelo Pérez, tué dimanche 20 octobre, dans le Chiapas, dans le sud du Mexique, est loin d’être un cas isolé. La façade qui jouxte l’église de la Sagrada Familia, à Mexico, est habillée d’une fresque colorée.

Au centre de la peinture, deux hommes, cheveux gris, rides apparentes. L’un porte des lunettes, l’autre un chapeau de paille. « Ce sont les pères Javier Campos et Joaquin Mora », décrit Gonzalo Rosas, le prêtre de la paroisse.

Inaugurée cette année, la fresque rend hommage à ces deux jésuites, tués en 2022 à Cerocahui, un village dans l’État de Chihuahua, dans le nord du Mexique. « Un guide touristique était poursuivi par un groupe armé, il a trouvé refuge dans l’église des pères Javier et Joaquin. Le tueur les a finalement assassinés tous les trois », résume-t-il, le regard perdu.

Le Centre catholique multimédia, une agence de presse catholique, a recensé près de 80 assassinats de prêtres dans le pays depuis 1990. « Le Mexique est au coude-à-coude avec la Colombie, le pays le plus violent d’Amérique latine envers les clercs », assure Salvador Maldonado Aranda, professeur d’anthropologie, spécialisé dans les sujets liés à la violence à l’université de Michoacan. Cet État de l’ouest du Mexique est un terrain prisé des cartels au détriment de la population, régulièrement prise pour cible.

Prêtres et activistes

« Lorsqu’une situation d’urgence apparaît, les dispositifs d’État ne réagissent pas assez rapidement, déplore l’universitaire. Les prêtres, eux, sont déjà sur place. Ils font un travail de fourmi. Ils aident les habitants au quotidien, ils écoutent et recueillent les témoignages. C’est pour cela qu’aujourd’hui les populations vulnérables se tournent en premier lieu vers leur curé de paroisse. »

Dans le Michoacan, comme dans d’autres États du Mexique, de nombreux prêtres ont mis leur église à disposition des populations déplacées de force par les cartels. « Le travail des prêtres dans ces zones dépasse la mission religieuse, explique Salvador Maldonado Aranda. Souvent, ils finissent par passer du côté de l’activisme. Ils ressentent la frustration des populations qui se sentent abandonnées, donc ils se mobilisent et interpellent ouvertement les institutions pour qu’elles répondent plus rapidement. Ils deviennent des référents, et ça ne plaît pas aux groupes armés, car ils mettent en lumière ce qu’il ne faut pas. Ils dérangent. »

Cibles des groupes armés

« Le 17 octobre 2023, j’étais en voiture, raconte le père José Filiberto Velazquez, quand une moto est arrivée à ma hauteur. Ils étaient deux dessus. Pendant que le premier conduisait, le deuxième a tiré plusieurs coups de feu dans ma direction. » Par miracle, ce prêtre installé à Chilpancingo, capitale de l’État du Guerrero, dans le sud-ouest du Mexique, en est sorti indemne. Depuis, il ne sort plus sans escorte. 

« Le père Marcelo Pérez aurait dû en avoir une, lui aussi. Il serait encore là aujourd’hui », soupire-t-il. Comme le prêtre assassiné, dimanche 20 octobre, José Filiberto Velazquez revendique sa double casquette : homme d’Église et activiste : « Il y a six ans, quand je suis arrivé à Chilpancingo, j’ai fondé une organisation de défense des droits de l’homme. »

Nommé « Minerva Bello », le centre accueille les proches de personnes disparues, déplacées ou tuées. « Mon travail de religieux et mon engagement auprès de Minerva Bello m’ont amené à servir de médiateur entre les groupes du crime organisé et l’État », explique le prêtre.

Un rôle dangereux, faisant de lui une cible privilégiée pour les cartels. Depuis le double assassinat des pères Javier Campos et Joaquin Mora, en 2022, un « dialogue national pour la paix » a vu le jour pour tenter de limiter la violence contre les clercs.

Mais localement, les solutions se font toujours attendre, et la vie des prêtres ne tient qu’à un fil. « Plusieurs fois, on m’a suggéré de quitter Chilpancingo, de fuir le Guerrero, admet José Filiberto Velazquez. Mais je suis toujours là. Tant qu’il y aura du travail, je continuerai à me battre. »

L’Église réclame justice pour le père Marcelo Pérez

L’Église catholique au Mexique a réclamé aux autorités un arrêt total de la violence et de la corruption dans le Chiapas, après l’assassinat, dimanche 20 octobre, du prêtre indigène et défenseur des droits humains Marcelo Pérez. 

« Nous exigeons des trois niveaux de gouvernement un arrêt total de la violence sévissant dans notre État, fruit de l’impunité, de la complicité et de la corruption », a écrit dans un communiqué le diocèse de San Cristóbal de las Casas, auquel appartenait le prêtre de 51 ans.

Dans sa déclaration adressée au gouvernement et à la société civile, le diocèse a également demandé que le crime soit élucidé « jusqu’à arriver aux véritables auteurs intellectuels et matériels ».

Rappelons que père Marcelo Pérez a été tué dimanche dernier, alors qu’il venait de célébrer la messe dominicale à San Cristobal de las Casas, par des individus armés dans l’État du Chiapas, dans le sud-est du Mexique. Le gouverneur du Chiapas, Rutilio Escandon, a assuré sur X qu’une enquête avait été lancée «afin que sa mort ne reste pas impunie». Le prêtre était notamment connu pour sa dénonciation des violences croissantes dans la région en lien avec le trafic de drogue. (PDM/2024)

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