MADRID, 31 OCTOBRE (ASPAMNEWS)-Le bilan, toujours provisoire, des inondations qui ont ravagé cette semaine le sud-est de l’Espagne s’établit désormais à plus de 158 morts, selon un communiqué officiel des services de secours. Sur ce total, 155 victimes ont été enregistrées dans la seule région de Valence, la plus durement frappée, deux autres décès ayant eu lieu dans la région voisine de Castille-La Manche et un en Andalousie.
Les opérations de recherche de victimes se poursuivent ce jeudi 31 octobre dans le sud-est de l’Espagne, après les pires inondations depuis depuis plus de cinquante ans dans le pays, qui ont fait au moins 158 morts et de nombreux disparus, selon un dernier bilan.
Le Premier ministre Pedro Sánchez, qui a déclaré trois jours de deuil national, doit se rendre dans la matinée à Valence, où il rendra visite au Centre de coordination des secours (Cecopi). Dans une brève allocution télévisée mercredi, le dirigeant socialiste a assuré que le gouvernement ne laisserait pas les sinistrés «seuls», tout en appelant les habitants de la région à rester vigilants. Les secours vont désormais «entrer dans la deuxième étape», consistant à retrouver les personnes disparues, a souligné mercredi soir la ministre de la Défense Margarita Robles, en précisant que leur nombre restait «inconnu».
Longer les rues est une odyssée, à Utiel, bourgade de plus de 11 000 habitants, à une heure de Valence. Il faut savoir garder son équilibre : on distingue parfois à peine la chaussée. Parfois le pied s’enfonce totalement dans la boue.
Découvrir cette situation de jour, sous le soleil, un comble après les pluies diluviennes de mardi, qui se sont poursuivies jusqu’à mercredi soir, c’est contempler le chaos. Les dégâts sont considérables, en particulier autour des maisons qui se trouvent tout près de la rivière, dans le bas de la ville.
L’eau s’est complètement retirée, aussi vite qu’elle avait envahi les rues. La rivière Magro a laissé derrière elle des tonnes d’alluvions et de débris. Les murs d’une maison ont été totalement arrachés, laissant un trou béant. Des tracteurs s’activent pour essayer de déblayer au maximum les rues. Rafael en a presque les larmes aux yeux : « On n’a ni électricité, ni eau, mais on s’entraide tous entre voisins, il n’y a que nous pour nettoyer. »
« La nature prend sa revanche »
Plusieurs tracteurs d’agriculteurs s’organisent par zones et tentent de pousser la boue de côté, de dégager les débris d’objets emmenés par les eaux. Des dizaines de jeunes s’activent, balai à la main. Jorge, 54 ans, aide sa nièce à sortir tous les objets.
« Tout est à jeter, lâche-t-il, c’est terrible, on se sent impuissant, on ne peut rien faire contre les intempéries, c’est le changement climatique, l’eau doit trouver son chemin, tu peux construire tous les murs que tu veux, le cours d’eau ira là où il doit car les rivières savent où elles doivent mourir. La nature prend sa revanche après tout ce qu’on lui fait subir. Tout a sa logique. »
Francisco habite depuis 2002 à quelques mètres de la rivière. Il contemple la « zone de guerre », ému. Et il ose une certaine autocritique : « Je ne vois pas comment améliorer la prévention. Sinon il faudrait interdire de construire sur des zones inondables. Et cela n’existe pas. On oublie toujours ce qui s’est passé il y a soixante ans. Et on va habiter dans un endroit qui nous plaît. Vivre à côté de la rivière, c’est très bien, très agréable et voici ce qu’il nous arrive. »
« Même les anciens n’ont pas connu cela »
L’intérieur des maisons glace le sang. Reste le bruit des pompes pour absorber toute l’eau qui s’y est engloutie. Les pieds trempés, la voie tremblante, Esperanza a récupéré quelques effets personnels avant d’aller dormir chez son frère.
« L’eau a commencé à monter et en une demi-heure, il y avait déjà trois mètres. Il a fallu que je monte à l’étage. Ils ont sorti des gens par l’hélicoptère, moi c’était avec un petit pneumatique, ils ont pu me sortir par la fenêtre. Enfin, je suis vivante et c’est le principal. »
Aucune mémoire pour témoigner d’un tel désastre. « Ma grand-mère racontait qu’une fois la rivière avait un peu débordé, mais pas de cette manière, au pire, l’eau touchait légèrement les maisons au bord et rentrait un peu. Même les anciens n’ont pas connu cela, jamais !»
Quelques habitants regardent le parc complètement enlisé. Ils se demandent si tout a été fait pour éviter une telle tragédie. « Quand ils avertissent qu’il y a une alerte rouge, tout le monde devrait le prendre au sérieux. Si les écoles sont fermées, alors les entreprises doivent avoir des plans et nous laisser chez nous. » Utiel ouvre douloureusement les yeux sur les menaces climatiques. (SPJ/2024)