22 NOVEMBRE (ASPAMNEWS)- Les réactions continuent ce vendredi 22 novembre, au lendemain de l’annonce de la Cour pénale internationale, qui a signifié avoir lancé deux mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien et son ex-ministre de la Défense, pour «crimes contre l’humanité et crimes de guerre», ainsi que contre le chef de la branche armée du Hamas.
« Un jour sombre. » L’expression a été reprise par l’ensemble du spectre politique israélien pour commenter l’émission historique de mandats d’arrêt contre Bennyamin Netanyahou et Yoav Gallant par la CPI jeudi 21 novembre. Le sujet de leur indignation varie cependant en fonction de leur couleur politique.
À droite de l’échiquier, et parmi les soutiens de Benyamin Netanyahou, le jour est sombre pour « la justice » et pour « l’humanité », selon les mots d’Isaac Herzog. Le président israélien a dénoncé une « décision scandaleuse » qui « transforme la justice universelle en une risée universelle ».
Outré, Benyamin Netanyahou a, lui, repris l’argument de la « décision antisémite » en se comparant au capitaine Alfred Dreyfus, accusé à tort de trahison car il était juif. « En accusant à tort la seule démocratie du Moyen-Orient, les juges retirent à toutes les démocraties le droit de se défendre contre les terroristes et les tyrans », a ajouté le premier ministre dans une vidéo en anglais.
Joe Biden a jugé «scandaleux» les mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale contre des dirigeants israéliens, dans un communiqué publié jeudi. «Quoi que puisse sous-entendre la CPI, il n’y a pas d’équivalence, aucune, entre Israël et le Hamas», a commenté le président américain après que la juridiction internationale a émis des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, mais aussi le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
« Un aveuglement moral »
Cette décision « met l’État d’Israël et les dirigeants meurtriers du Hamas sur le même plan », a dénoncé, quant à lui, sur X Yoav Gallant, ex-ministre de la défense. Un mandat a également été émis contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas et le seul leader palestinien visé par cette procédure dont la mort n’a pas été confirmée.
Ce ton scandalisé a été unanimement repris par les hommes politiques israéliens, même ceux qui dirigent les partis d’opposition. « Une décision honteuse », qualifie Yaïr Golan, chef du Parti travailliste, « un aveuglement moral », déplore Benny Gantz, ministre démissionnaire du cabinet de guerre en juin dernier. « Ces mandats d’arrêt récompensent le terrorisme », fustige Yaïr Lapid, à la tête du parti centriste Yesh Atid.
La vigueur des réactions est à la hauteur de la décision de la CPI, dont Israël n’est pas membre : c’est la première fois qu’elle émet des mandats d’arrêt contre des dirigeants d’un pays démocratique. Après six mois d’enquête et de résistance à des pressions politiques, la chambre préliminaire a estimé que Benyamin Netanyahou et Yoav Gallant portaient chacun la « responsabilité pénale de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité » commis à Gaza depuis le 8 octobre 2023. Concrètement, les deux hommes pourraient être arrêtés s’ils se déplaçaient sur le territoire des 124 pays membres de la CPI.
« Les mandats d’arrêt n’émouvront pas la plupart des Israéliens »
Dans ce qui reste de la gauche israélienne, essentiellement incarnée par des mouvements de la société civile, le jour est sombre avant tout « pour Israël », et c’est la faute du premier ministre : « Sous la direction de Netanyahou, Israël est devenu un État paria. C’est un moment difficile, autant pour notre histoire que pour notre peuple et notre nation », regrette l’ONG Peace Now, l’une des plus grandes organisations de promotion de la paix en Israël, qui appelle à la démission du premier ministre.
« Ce qui est horrible, c’est que les mandats d’arrêt n’émouvront pas la plupart des Israéliens, parce qu’ils s’en moquent, déplore Michael Sfard, avocat israélien spécialiste des droits de l’homme. L’incitation rampante au génocide, à l’expulsion et à l’anéantissement de Gaza est restée impunie et a trouvé sa place dans le cœur des gens. Nous sommes devenus une nation où beaucoup applaudissent de tels crimes et en réclament encore plus. »
Les ministres du G7 discuteront lundi et mardi des mandats d’arrêt de la CPI.
La décision de la Cour pénale internationale sera au menu du prochain sommet du G7, annonce Giorgia Meloni – l’Italie tient la présidence tournante du groupe. Alors que les positions divergent d’un pays à l’autre, y compris au sein de l’Union européenne, les ministres des sept plus grandes puissances mondiales vont discuter lundi et mardi prochain de la conduite à tenir face aux mandats d’arrêts à l’encontre du Premier ministre israélien, son ex-ministre de la Défense et du leader du Hamas.
La Première ministre italienne s’engage aussi à «approfondir […] les motivations ayant conduit à cette décision de la Cour pénale internationale», lesquelles «devraient être toujours objectives et non de nature politique». Elle souligne qu’«il ne peut pas y avoir une équivalence entre les responsabilités de l’État d’Israël et l’organisation terroriste Hamas.»
L’Allemagne n’appliquera probablement pas les mandats d’arrêts de la CPI.
Le gouvernement allemand est aussi embarrassée par la décision de la CPI. «J’ai du mal à imaginer que des arrestations puissent avoir lieu en Allemagne sur cette base», a lâché le porte-parole du gouvernement allemand devant la presse ce vendredi, comme le rapporte le journaliste de Politico Hans von der Burchard.
«Nous examinerons consciencieusement les mesures nationales. Il faudrait attendre que le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l’ancien ministre de la Défense Joaw Galant se rendent en Allemagne pour que d’autres mesures soient prises», a fait savoir le gouvernement dans un communiqué, pour le moins très flou et précautionneux.
«Le gouvernement fédéral […] est un des plus grands partisans de la CPI, se défend-il encore. Dans le même temps, en conséquence de l’histoire allemande, nous entretenons des relations uniques et une grande responsabilité avec Israël.»
le Royaume-Uni «respectera ses obligations légales» dit Downing Street.
Le Royaume-Uni «respectera ses obligations légales» après la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’émettre des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif, a indiqué Dowing Street vendredi.
«Il existe une procédure légale claire qui devrait être suivie, le gouvernement a toujours été clair sur le fait qu’il respecterait ses obligations légales», a indiqué un porte-parole du Premier ministre travailliste Keir Starmer à des journalistes.
La France «prend acte» des mandats d’arrêt émis par la CPI contre Nétanyahou.
La France «prend acte» des mandats d’arrêt émis jeudi par la Cour pénale internationale (CPI) contre le Premier ministre israélien, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif, a déclaré ce vendredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
«Fidèle à son engagement de longue date en soutien à la justice internationale», Paris «rappelle son attachement au travail indépendant de la Cour», souligne-t-il dans un communiqué, sans préciser explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire.
Pour l’Iran, le mandat d’arrêt de la CPI contre Nétanyahou est synonyme de «mort politique» d’Israël.
Ce vendredi, le chef des gardiens de la révolution iraniens, Hossein Salami, a estimé que les mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale contre le Premier ministre israélien et son ancien ministre de la Défense signifiaient la «mort politique» d’Israël.
Dans son discours diffusé par la télévision d’Etat, l’homme politique iranien a estimé qu’Israël «vit aujourd’hui dans un isolement politique absolu dans le monde, et dont les responsables ne peuvent plus se rendre dans d’autres pays».
la Chine appelle la CPI à avoir une position «objective» et «conforme au droit».
La Chine a appelé vendredi la Cour pénale internationale (CPI) à avoir une «position objective et juste», au lendemain de l’émission de son mandat d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou.
«La Chine espère que la CPI maintiendra une position objective et juste [et] exercera ses pouvoirs conformément au droit», a déclaré Lin Jian, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, interrogé lors d’une conférence de presse régulière.
Rappelons que des frappes en provenance d’Israël ont visé vendredi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l’armée israélienne à évacuer. Outre la banlieue de Beyrouth, l’armée israélienne avait appelé dans la nuit à évacuer plusieurs zones du sud du Liban. (SPG/2024)