Les bases militaires françaises bientôt out du Sénégal, le Tchad rompt les accords de défense avec la France

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29 NOVEMBRE (ASPAMNEWS)- Pendant que le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, au cours d’une interview hier jeudi, annonçait que les bases militaires françaises devront quitter le Sénégal, et d’ajouter que cette présence porte atteinte à la souveraineté de son pays, ce même jour, le Tchad a aussi annoncé mettre fin aux accords de sécurité et de défense avec Paris.

Jeudi 28 novembre, deux pays alliés et deux anciennes colonies de la France, en l’occurrence le Sénégal et le Tchad ont exprimé leur souhait de voir partir les soldats français stationnés sur leur territoire. «Soixante-cinq ans bientôt après notre indépendance, les autorités françaises doivent envisager d’avoir un partenariat dépouillé de cette présence militaire là, mais qui soit un partenariat riche, un partenariat fécond, un partenariat privilégié et global comme nous l’avons avec beaucoup d’autres pays, a expliqué le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye. 

Le Sénégal est un pays souverain et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires. Presque au même moment, dans la soirée, le gouvernement tchadien a fait part de «sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française».

« Est-ce qu’en tant que Français, vous envisageriez de nous voir dans votre pays avec des chars, des véhicules militaires, des militaires portant des tenues sénégalaises ? Car, sur le plan historique, la France a pris des esclaves, a colonisé et est restée. Quand vous inversez les rôles, vous concevrez très mal qu’une autre armée, la Chine, la Russie, le Sénégal ou d’autres pays, puisse avoir une base militaire en France », a-t-il répondu à la journaliste française.

« le Sénégal est un pays indépendant ». Il a ajouté : « c’est un pays souverain et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires dans un pays souverain ». Élu en mars pour renforcer la souveraineté nationale, Bassirou Diomaye Faye a prôné un « partenariat rénové » avec la France, écartant toute idée de rupture. 

« Un partenariat rénové (…) ne peut être rénové que dans la vérité et dans l’exhaustivité de la vérité », a appuyé le président sénégalais. Il a d’ailleurs salué la reconnaissance par Emmanuel Macron des violences coloniales de 1944, qualifiant ce geste de ’grand pas’ dans les relations entre les deux nations.

Bassirou Diomaye Faye souhaite diversifier les partenariats du Sénégal tout en réduisant la présence militaire étrangère, estimant que cette absence n’équivaut pas à une rupture diplomatique. Il a souligné que des relations fructueuses existent avec des nations comme la Chine, la Turquie ou les États-Unis, sans bases militaires sur le sol sénégalais.

Une mise à jour de la coopération militaire est prévue, visant à supprimer les bases étrangères et à moderniser les accords existants. Parallèlement, la France reconfigure sa présence en Afrique, réduisant ses effectifs dans plusieurs pays, conformément au rapport sur un partenariat « renouvelé » et « coconstruit » présenté récemment à Emmanuel Macron.

le Tchad a dans un communiqué indiqué que « Le gouvernement de la République du Tchad informe l’opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française », a déclaré le ministre des affaires étrangères tchadien Abderaman Koulamallah sur la page Facebook du ministère.

le Tchad est pourtant un maillon clé de la présence militaire française en Afrique, constituant le dernier point d’ancrage de Paris au Sahel après les retraits forcés de ses troupes au Mali, au Burkina Faso et au Niger.

En mai 2024 se sont achevées à N’Djamena trois années de transition avec l’élection de Mahamat Idriss Déby Itno, porté au pouvoir par une junte militaire après la mort de son père Idriss Déby, tué par des rebelles au front. Menacé par des offensives rebelles, Déby père avait pu compter sur l’appui de l’armée française pour repousser celles-ci en 2008 puis en 2019.

 Ce n’est pas une rupture avec la France comme le Niger ou ailleurs », a assuré Abderaman Koulamallah, joint par téléphone, dont le pays abrite encore environ un millier de militaires français. « Le Tchad, conformément aux dispositions de l’accord, s’engage à respecter les modalités prévues pour sa résiliation, y compris le délai de préavis », précise le communiqué ministériel, qui n’évoque pas de date de retrait des troupes françaises.

« Un tournant historique »

Cette annonce intervient alors qu’au Sénégal, le président Bassirou Diomaye Faye a également indiqué jeudi dans un entretien que la France allait devoir fermer ses bases militaires au Sénégal, invoquant lui aussi l’argument de la souveraineté.

Au Tchad, la décision a été « prise après une analyse approfondie » et marque un « tournant historique », a souligné Abderaman Koulamallah dans son communiqué. « Après 66 ans de la proclamation de la république du Tchad, il est temps pour le Tchad d’affirmer sa souveraineté pleine et entière, et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon les priorités nationales », a-t-il ajouté, assurant que la visite de Jean-Noël Barrot avait par ailleurs permis de renforcer les relations bilatérales « à tous les niveaux ».

La visite de Jean-Noël Barrot visait à prendre la mesure de la crise humanitaire provoquée par la guerre au Soudan. Aux côtés de son homologue tchadien, le ministre français avait visité les camps de réfugiés soudanais à Adré où il a annoncé une aide supplémentaire de la France de 7 millions d’euros pour aider les organisations humanitaires.

Il avait en outre exhorté les belligérants au Soudan à cesser leurs hostilités et invité « les puissances étrangères qui sont alliées aux belligérants à cesser de jeter de l’huile sur le feu » en leur fournissant des armes.

Il n’avait pas cité de pays autre que la Russie. Mais les Émirats arabes unis sont accusés de fournir des armes aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), et le Tchad de les soutenir en laissant transiter des armes sur son territoire. Lundi, l’envoyé personnel d’Emmanuel Macron en Afrique, Jean-Marie Bockel, avait remis au président français son rapport sur la reconfiguration du dispositif militaire français en Afrique, qui prône un partenariat « renouvelé » et « coconstruit », selon l’Élysée. (SPG/2024)

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