GHANA-PRESIDENTIELLE: Élection sans violence, résultat non contesté, exemple pour un voisin?

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ACCRA, 10 DECEMBRE (ASPAMNEWS)- Le peuple ghanéen a montré samedi dernier au cours du vote pour l’élection d’un nouveau président de la République, sa maturité. En effet, en moins d’une journée, le Ghana a démontré comment un processus électoral peut être mené sans contestation ni effusion de sang. Ce changement pacifique témoigne non seulement d’une culture politique mature mais aussi d’institutions solides capables d’assurer des élections libres et équitables. un exemple pour un voisin direct?

Le Ghana continue d’être un exemple en Afrique subsaharienne concernant les transitions politiques pacifiques. Alors que beaucoup d’autres pays africains font face à des tensions post-électorales et à des violences politiques, l’exemple ghanéen montre qu’il est possible d’avoir une démocratie fonctionnelle où les droits civiques sont respectés. Une précieuse leçon sur la manière dont les démocraties peuvent fonctionner efficacement.

La reconnaissance rapide de sa défaite par Mahamudu Bawumia face à John Dramani Mahama lors des élections présidentielles tenues ce week-end au Ghana illustre la maturité et la solidité de la démocratie ghanéenne. Dans un contexte où de nombreux pays voisins souffrent de dictatures et de corruption, le Ghana se distingue par ses alternances politiques réussies et l’engagement de son élite intellectuelle.

La récente reconnaissance de sa défaite par Mahamudu Bawumia, vice-président du Ghana et candidat du parti au pouvoir, le Nouveau parti patriotique (NPP), face à l’ancien président John Dramani Mahama (ancienprésident 2012-2017), suite aux élections législatives et présidentielles tenues ce samedi 7 décembre témoigne d’une maturité politique remarquable et d’une solidité de la démocratie ghanéenne.

En félicitant son adversaire avant même la publication des résultats officiels, Bawumia a non seulement respecté la volonté du peuple, mais a également contribué à préserver la paix et la stabilité dans le pays. Ce geste est emblématique d’une culture politique où l’acceptation des résultats électoraux est la norme, et non l’exception.

L’exemple du Ghana est un message d’espoir pour la CEDEAO et au-delà. En dépit des récents coups d’État (Mali, Burkina-Faso, Guinée Niger) et et des défis sécuritaires, des pays comme le Liberia, le Sénégal et désormais le Ghana rappellent qu’il est possible de consolider la démocratie en Afrique. Ces alternances ne sont pas synonymes de chaos, mais au contraire, elles incarnent une modernité politique où les dirigeants cèdent pacifiquement le pouvoir, renforçant ainsi la stabilité et la confiance des citoyens dans le système.

Au Sénégal, par exemple, l’opposition a récemment réussi à triompher dans un contexte économique et social tendu, prouvant que même dans des conditions difficiles, la démocratie peut s’imposer. Ces victoires rappellent que les citoyens aspirent à des gouvernements responsables et ouverts au changement.

L’idée d’une alternance politique comme moteur du progrès et de la maturité démocratique prend tout son sens dans ces contextes. Elle permet aux anciens partis au pouvoir de faire l’expérience de l’opposition et d’apporter des contributions constructives au débat public. Loin de marginaliser les voix alternatives, les systèmes électoraux ouverts permettent à des candidats issus de l’opposition politique, de la société civile ou du secteur privé de participer pleinement à la gestion des affaires publiques.

Dans certains pays comme le Cameroun, le Congo-Brazzaville, la guinée Equatoriale, les dirigeants continuent, malheureusement, de considérer le pouvoir comme un droit divin. L’exemple ghanéen devrait inspirer une redéfinition des relations entre gouvernants et gouvernés. La démocratie ne doit pas se réduire à des scrutins réguliers ; elle doit offrir des opportunités réelles de changement et de participation inclusive.

Alors que 2025 s’annonce comme une année cruciale pour plusieurs pays africains, les citoyens espèrent que les leçons tirées des exemples ghanéen, sénégalais et libérien inspireront des processus démocratiques crédibles et compétitifs. Le défi est de transformer les élections en véritables opportunités de choix pour les populations, loin des scénarios frustrants de scrutins tronqués.

Pour que cela devienne une réalité, il est essentiel que les dirigeants, guidés par une vision inspirée et démocratique, créent les conditions nécessaires pour des élections inclusives et transparentes. Cela implique le renforcement des institutions, la garantie des libertés fondamentales et l’ouverture des espaces politiques.

L’ancien président Jerry Rawlings a joué un rôle crucial dans cette évolution. En tant que leader charismatique, il a non seulement initié des réformes démocratiques, mais a également encouragé une culture de responsabilité et de transparence au sein des institutions ghanéennes. Son héritage perdure, et son influence se fait encore sentir dans la politique actuelle, où le respect des règles du jeu démocratique est devenu une valeur fondamentale.

La maturité du peuple ghanéen, qui se manifeste par sa capacité à voter de manière éclairée et à accepter les résultats des élections, est également le reflet d’un niveau intellectuel élevé et d’un patriotisme ancré. Les Ghanéens, conscients des défis économiques auxquels leur pays est confronté, ont su faire preuve de discernement en plaçant leurs préoccupations au cœur de leur choix électoral. Les difficultés économiques, telles que l’inflation et l’endettement, ont été des facteurs déterminants dans cette élection, mais elles n’ont pas altéré la volonté des citoyens de faire entendre leur voix de manière pacifique et constructive.

En conclusion, le Ghana se positionne comme une école de démocratie en Afrique de l’Ouest. Son engagement envers le respect de la loi, la bonne gouvernance et la solidité démocratique est un exemple à suivre pour d’autres nations du continent. Alors que les peuples voisins continuent de lutter contre des régimes autoritaires, le Ghana démontre qu’une démocratie solide est non seulement possible en Afrique, mais qu’elle peut également prospérer grâce à l’intelligence et au patriotisme de son élite et de sa population.

Rappelons que le retour au multipartisme en 1992, le Ghana s’est distingué par son engagement envers des élections libres et équitables. L’attitude exemplaire de Mahamudu Bawumia, qui a reconnu sa défaite avant même la proclamation officielle des résultats, illustre cette maturité politique. En félicitant son adversaire et en appelant à préserver la paix, il a démontré que la démocratie peut être un jeu où la compétition se conjugue avec le respect des institutions et de la volonté populaire. La commission électorale indépendante, les médias libres et la société civile vigilante ont joué un rôle déterminant pour assurer un processus inclusif et crédible. (MDP/2024)

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