GUINNE: arrestations des d’acteurs de la société civile et de journalistes, le régime Doumbouya à la dérive

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CONAKRY, 13 DECEMBRE (ASPAMNEWS)- La Guinée du président Doumbouya vit une crise politique incarnée par des arrestations tout azimut des responsables politiques, des hommes de la société civile et même des journalistes. Une dictature qui ne dit pas son nom, depuis le que le premier responsable du pays est pressenti pour être candidat à l’élection présidentielle prochaine. Des hommes politiques envoyés en exil forcé et d’autres exactions sur toute personne qui ne voit la même direction.

Le journaliste Habib Marouane Camara,  administrateur général du site d’information lerevelateur224.com, a été enlevé avec violence dans la soirée du mardi 3 décembre par des gendarmes près du domicile de l’homme d’affaires Kerfalla Person Camara, dit « KPC », à Lambanyi, dans la banlieue de Conakry, en République de Guinée. Un communiqué de sa rédaction informe que les «gendarmes auraient cassé le pare-brise de devant, avant de l’extraire de force de son véhicule ».

Lors d’un point presse qu’il a tenu le lendemain, l’avocat du journaliste, maître Salifou Beavogui, a dénoncé une «arrestation arbitraire» et réclame la «remise en liberté immédiate» de son client.

Les autorités guinéennes affirment ne pas être informées de l’enlèvement du journaliste. Quant aux avocats de KPC, ils ont déclaré que leur client n’a «joué aucun rôle dans les faits liés à la situation actuelle de Monsieur Habib Marouane Camara». 

Le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) dénonce également l’arrestation d’Habib Marouane Camara et demande sa libération. Le secrétaire général du SPPG,  Sékou Jamal Pendessa, a été reçu par le Premier ministre de la République de Guinée, Bah Oury, mercredi 4 décembre pour évoquer le sort de son confrère.

AfricTivistes, en tant qu’organisation attachée à la défense des droits humains et aux libertés fondamentales condamne avec véhémence cet enlèvement qui constitue une violation de l’article 8 de la Charte de la Transition de la République de Guinée, qui stipule qu’« aucune situation d’exception ne doit justifier les violations des droits humains », ainsi que des dispositions de la loi L002 relative à la liberté de la presse en Guinée. Nous demandons aux autorités de la transition de localiser immédiatement le journaliste et de garantir son accès à un avocat dans les meilleurs délais.

Nous soulignons également que l’interpellation de M. Habib Marouane, réalisée en dehors de toute procédure judiciaire légale, contrevient aux articles 9, 10, 11 et 12 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples (CADHP). Nous appelons le médiateur de la CEDEAO et ex président du Bénin, Dr. Thomas Boni Yayi, à se saisir des répressions généralisées contre toutes les voix dissidentes et de la menace constante qui pèse sur les journalistes et les militants des droits humains en Guinée. 

Ce kidnapping d’un journaliste critique envers la junte militaire au pouvoir en Guinée suscite non seulement une grande inquiétude de sa famille, de ses proches et des défenseurs des droits humains, mais constitue une nouvelle violation des libertés fondamentales en Guinée depuis l’avènement de la junte en septembre 2021. 

Pour rappel, dans la nuit du 9 au 10 juillet 2024, Oumar Sylla « Foninké Mengué », coordonnateur national du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), et Mamadou Billo Bah, responsable des antennes et de la mobilisation du FNDC, ont été arrêtés et détenus en Guinée par des militaires encagoulés. Depuis, aucune autorité n’a justifié ces arrestations sur le plan légal. Selon le FNDC, ils seraient détenus dans un camp militaire des forces spéciales, où ils risqueraient des traitements inhumains. Au moment de leur arrestation, AfricTivistes et d’autres organisations de la société civile et de défense des droits humains avaient dénoncé fermement ces actes et exigé leur libération immédiate et inconditionnelle. 

S’agissant de la liberté d’expression, en mai 2023, débute la restriction sur les réseaux sociaux et certains services de messagerie notamment lors d’une manifestation organisée par les Forces Vives de Guinée. L’Association des Blogueurs de Guinée (Ablogui), par la voix de son président Alfa Diallo, avait vivement condamné cette censure. 

Cette violation des libertés numériques a été accentuée de novembre 2023 à février 2024 dans la capitale Conakry et ses environs. Pendant cette période, les utilisateurs devaient recourir à des réseaux privés virtuels (VPN) pour accéder à des applications comme WhatsApp, Messenger, Facebook, Telegram, YouTube et Twitter. De nombreux médias avaient également vu l’accès à leurs sites web fortement perturbé. 

Nous encourageons de ce fait les autorités compétentes et toutes les parties prenantes à clarifier les raisons de ces restrictions, qui ont des conséquences lourdes sur la vie quotidienne et les activités professionnelles des Guinéens. 

Dans un autre registre, la liberté de la presse a aussi été malmenée. En mai 2024, les autorités ont ordonné en toute illégalité le retrait des agréments d’exploitation de quatre radios et de deux télévisions privées.  Le mouvement avait débuté plus tôt en novembre 2023, plusieurs médias guinéens, tels que Fim FM et Djoma Media, ont vu leurs signaux brouillés. A l’époque, la Direction générale de Fim FM avait protesté contre cette mesure qu’elle considère comme « illégale et liberticide », soulignant qu’elle porte atteinte à la liberté de la presse et viole le droit du public à l’information.

C’est ainsi qu’en octobre dernier, la junte au pouvoir a dissous plus d’une cinquantaine de partis politiques. Cette décision constitue une atteinte à la liberté d’association en Guinée. La Charte de la Transition, adoptée, réaffirme l’engagement de la République de Guinée envers les valeurs démocratiques inscrites dans la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l’homme. 

AfricTivistes, en tant qu’organisation engagée pour la défense des libertés fondamentales déplore cette situation condamnable, qui perturbe la vie quotidienne des Guinéens. 

À définitive, nous appelons les autorités doivent mettre un terme à ces dérives liberticides et respecter les libertés fondamentales, notamment la liberté d’expression, la liberté de presse, la liberté d’association et le droit d’accès à l’information. Ces dernières constituent des messages inquiétants aux acteurs de la société civile, aux journalistes et à toutes les voix dissidentes en Guinée. (CPH/2024)

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