MAGDEBOURG, 21 DECEMBRE (ASPAMNEWS)- Une attaque a eu lieu hier vendredi au soir sur le marché de Noël de Magdebourg, dans le nord de l’Allemagne. Un SUV de couleur noire a foncé dans la foule au milieu des chalets. Au moins 5 personnes dont un jeune enfant, ont été tuées, d’après le dernier bilan officiel, et plus de 200 ont été blessées. Un suspect, « un homme originaire d’Arabie saoudite qui exerce comme médecin » dans la région, a été interpellé et placé en garde à vue, a annoncé la police. Les autorités locales précisent ne pas pouvoir encore « catégoriser ce qui s’est passé ».
Au lendemain de l’attaque à la voiture dans la ville allemande de Magdebourg (Saxe-Anhalt) sur le marché de Noël, qui est survenue dans la soirée du vendredi 20 décembre, le bilan a été rehaussé à cinq morts et plus de 200 blessés, a fait savoir Reiner Haseloff, ministre président du Land de Saxe-Anhalt. Le précédent bilan faisait état de deux morts – un enfant et un adulte.
« Cet événement est effroyable. Magdebourg restera un lieu de commémoration dans l’histoire de notre pays », a déclaré M. Haseloff, avec le chancelier allemand, Olaf Scholz, à ses côtés. Ce dernier, venu se recueillir sur les lieux de l’attaque, a « apporté sa solidarité et sa compassion » après « un acte terrible » et « fou ».
« Il n’y a pas de lieu plus paisible et plus agréable qu’un marché de Noël. Quel événement épouvantable que de voir une telle brutalité s’exercer contre autant de personnes », a-t-il ajouté, précisant que près de quarante personnes sont « grièvement blessées ». « Il est très important que la haine ne nuise pas à notre vivre-ensemble. Il ne faut pas que la haine s’ajoute à l’horreur, afin que nous restions soudés », a ajouté M. Scholz.
Peu de temps après l’attaque, vendredi soir, les autorités locales ont évoqué un « attentat », mais ont précisé ne pas pouvoir encore « catégoriser ce qui s’est passé ». Les motivations du suspect, un médecin de 50 ans originaire d’Arabie saoudite, qui a été arrêté, ne sont pas connues pour l’instant.
Un homme originaire d’Arabie Saoudite et âgé de 50 ans a été interpellé. «Nous avons arrêté l’auteur» de l’attentat et «il s’agit d’un homme originaire d’Arabie Saoudite qui exerce comme médecin ici» dans la région de Saxe-Anhalt, a indiqué le chef du gouvernement régional, Reiner Haseloff, précisant qu’il avait «agi seul».
Il résiderait en Allemagne depuis 2006 et aurait loué le véhicule avec lequel il a foncé dans la foule. Il n’était pas connu pour radicalisation islamiste par les services de sécurité. «En l’état actuel de l’enquête il n’est pas encore possible de catégoriser ce qui s’est passé sur le marché de Noël», a indiqué la police locale. «Les motivations restent mystérieuses, un arrière-plan islamiste semble exclu», juge l’hebdomadaire Der Spiegel.
Selon M. Haseloff, il ne s’agit en rien d’une coïncidence mais d’une « synchronisation temporelle » voulue pour des raisons « politiques ». L’attaque survient en pleine campagne électorale en Allemagne, placée en état d’alerte contre le risque d’attentats. Les marchés de Noël sont une « cible idéologiquement appropriée pour les personnes motivées par l’islamisme », avaient mis en garde les services de renseignement allemands avant la période des fêtes.
L’attaque intervient par ailleurs huit ans presque jour pour jour après celle survenue à Berlin contre un marché de Noël : revendiqué par l’organisation Etat islamique (EI), l’attentat avait fait treize morts et plus de 60 blessés.
Mais le profil de l’auteur présumé intrigue les autorités allemandes. Il n’était pas connu des services de police pour des sympathies avec la mouvance djihadiste. Au contraire même, ses prises de position fréquentes sur les réseaux sociaux dressent le portrait d’un homme se sentant persécuté, ayant rompu avec l’islam et dénonçant les « dangers » d’une islamisation de l’Allemagne. Il était connu dans la communauté des émigrés saoudiens en Allemagne et aidait des demandeurs d’asile, des femmes notamment.
Le responsable du Parti social-démocrate, Dirk Wiese, a mis en garde, samedi, contre toute conclusion hâtive. « Il semble que les choses soient ici différentes de ce que l’on supposait au départ », a-t-il déclaré au quotidien Rheinische Post, soulignant que le profil du suspect le désigne plutôt comme un sympathisant du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) ou d’Elon Musk.
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Le chancelier, Olaf Scholz, a prévu de se rendre samedi sur place. La ministre de l’intérieur, Nancy Faeser, a assuré que les services de sécurité allaient « faire toute la lumière sur le contexte » de cette attaque. Le chef de l’Etat allemand, Frank-Walter Steinmeier, a parlé d’un attentat dans un communiqué. « La joie d’un Noël paisible à venir a été brutalement interrompue », a-t-il réagi.
Friedrich Merz, candidat à la chancellerie pour les conservateurs aux élections législatives du 23 février 2025, a aussi réagi sur le réseau social X : « Mes pensées vont aux victimes et à leurs proches. Je remercie toutes les forces d’intervention qui s’occupent des blessés sur place. »
L’extrême droite a rapidement réagi, en Allemagne et à l’étranger, où le débat est vif sur la sécurité et l’accueil de personnes immigrées. « Quand cette folie prendra-t-elle fin ? », a écrit sur X la coprésidente de l’AfD, Alice Weidel, dont le parti est crédité de la seconde place aux élections législatives.
L’Arabie saoudite a « condamné », tôt samedi, cette attaque, affirmant son « rejet de la violence ». Le royaume du Golfe a exprimé « sa solidarité avec le peuple allemand et les familles des victimes », dans un communiqué du ministère des affaires étrangères diffusé sur X.
« La France partage la douleur du peuple allemand et exprime toute sa solidarité », a déclaré le président français, Emmanuel Macron, sur X également, se disant « profondément choqué ». « Les Français revivent l’effroi des attaques terroristes qui nous ont touchés. Notre solidarité est totale, ce deuil est le nôtre et notre volonté de combattre est absolue », a abondé le premier ministre, François Bayrou, sur le même réseau social.
Toujours sur X, la dirigeante nationaliste et conservatrice italienne Giorgia Meloni a aussi dit être « choquée » par « l’attaque brutale contre la foule sans défense du marché de Noël de Magdebourg ». « La violence n’a pas sa place dans nos démocraties », a-t-elle ajouté. Le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, s’est lui dit « choqué » par la « terrible attaque » en Allemagne
Plusieurs attentats ou projets d’attentat à motivation islamiste, et impliquant des ressortissants étrangers, ont ébranlé le pays ces derniers mois. Fin août, une attaque au couteau commise par un Syrien et revendiquée par l’EI a fait trois morts et plusieurs blessés lors d’une fête à Solingen, dans l’ouest du pays. (SHP/2024)