MAPUTO, 25 DECEMBRE (ASPAMNEWS)-Alors que la Cour suprême du Mozambique a confirmé le candidat du parti au pouvoir Frelimo, Daniel Chapo, vainqueur de l’élection présidentielle largement contestée du 9 octobre, des violences ont éclaté dans le pays, faisant au moins 21 morts.
Au moins 21 personnes ont trouvé la mort dans les violences entre manifestants et policiers qui alimentent les tensions au Mozambique, au lendemain de la confirmation de la victoire électorale contestée du parti Frelimo, au pouvoir depuis 1975.
Le gouvernement mozambicain a annoncé mardi soir ce bilan de 21 morts, dont deux policiers, en 24 heures dans ces violences post-électorales. Après une nuit de violences et plus de deux mois de manifestations depuis le scrutin présidentiel du 9 octobre, la capitale Maputo est restée figée dans un climat de peur à la veille de Noël.
« Au total, 236 actes de violence grave ont été signalés dans tout le pays, qui ont fait jusqu’à présent 25 blessés et environ 21 morts », a déclaré Pascoal Ronda, le ministre de l’Intérieur du Mozambique, aux journalistes. Selon un rapport de l’Agence Anadolu, ce dernier bilan de morts, porte à 151, le nombre total de morts depuis le début des manifestations le 21 octobre.
Les violences ont commencé lorsque des manifestants ont envahi les rues du pays après que l’organisme électoral a déclaré Chapo vainqueur des élections, selon Plataforma Decide, un groupe de surveillance des élections.
Dès que le Conseil constitutionnel du pays, qui détient l’autorité suprême en matière d’élections dans la nation d’Afrique australe, a confirmé la victoire d’El Chapo, des centaines de partisans du leader de l’opposition en exil Venancio Miondlane sont descendus dans la rue pour protester contre les résultats. Les manifestants ont été accusés d’avoir vandalisé des postes de police et d’autres institutions publiques.
Des dizaines de manifestants se sont groupés vers l’entrée principale de l’aéroport international et ont mis le feu à des containers à proximité. Aucun vol n’a cependant été annulé. La police, en véhicules blindés, a patrouillé le centre-ville, où des centaines de manifestants, répartis en petits groupes épars, sont revenus dans l’après-midi autour des barrages sur les grands axes, faits de rondins et de blocs de pierre.
De nombreux commerces – boutiques, banques, supermarchés, stations-service… – et bâtiments publics avaient été mis à sac la veille, leurs vitrines brisées et leurs contenus pillés, ou incendiés. « L’hôpital central de Maputo fonctionne dans des conditions critiques, plus de 200 salariés n’ont pas pu se rendre » au travail, a affirmé Mouzinho Saide, son directeur, précisant avoir reçu près de 90 blessés, « dont 40 par armes à feu et quatre à l’arme blanche ».
La plupart des riverains sont restés terrés chez eux, les transports publics paralysés. Seuls les véhicules funéraires et les ambulances ont circulé. L’Union européenne a fait part mardi de son « extrême inquiétude » face aux violences, appelant « toutes les parties à la retenue ».
Lundi, un banc de sept juges du Conseil constitutionnel a confirmé une annonce antérieure de l’organisme électoral du pays déclarant que Chapo avait remporté les élections du 9 octobre, mais a réduit sa marge de victoire de 71% du total des voix à 65%. Quelques jours avant que la Cour suprême ne rende sa décision, Miondlane, qui est en exil volontaire, a mis en garde les citoyens contre « des jours difficiles à venir ». (SPJ/2024)