La méditerranée, fausse commune des migrants

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27 DECEMBRE (ASPAMNEWS)- Selon les chiffres de l’association espagnole de défense des droits des migrants, en 2024, plus de 10 457 migrants sont morts en mer, alors qu’ils étaient en route vers l’Espagne. Et, l’année 2024 est la plus meurtrière avec 58% de candidats à l’immigration décédés par rapport à 2023. Pour preuve le 19 décembre dernier, plusieurs dizaines de migrants, dont des ressortissants maliens, sont morts au large du royaume du Maroc, après que leur embarcation a fait naufrage.

Phénomène ahurissant! Parmi les dizaines de milliers de clandestins qui quittent les côtes de l’Afrique de l’ouest, comme la Mauritanie, une bonne partie est issue de pays africains qui s’installent dans des embarcations précaires pour essayer de rallier les îles Canaries, cet archipel étant devenu, de par sa proximité avec le continent, une porte d’entrée vers l’Europe continentale. Entre 2014 et 2024, malgré les difficultés d’un recensement fiable, la comptabilité établie, fait ressortir que plus de 16 400 migrants sont morts ou ont disparu en Afrique.

Pour l’agence de l’ONU pour les migrations (OIM), ce chiffre macabre inclut les décès durant la traversée vers les Canaries, mais également dans le désert du Sahara. Ils sont, en effet bien nombreux à succomber également dans les vastes étendues sableuses, qu’ils essaient d’emprunter, de jour comme de nuit, pour atteindre l’eldorado européen!

Mais y-a-t-il, seulement encore un eldorado européen? Rien n’est moins sûr! Avec les mesures rigoureuses, souvent inhumaines, brandies contre l’immigration clandestine et l’accueil hostile qui est réservé aux migrants, pour ceux qui arrivent à échapper à la faim, à la fournaise, et à la traite humaine, pratiquée par des individus sans foi ni loi, surtout dans ce pays de non droit qu’est devenue la Libye, au bout de leur voyage, c’est l’enfer.

Le paradis escompté se trouve finalement derrière eux, dans leurs différents pays qu’ils ont fuis, grâce à leurs propres économies où l’argent cotisé par toute une famille, voir tout un village, pour faire partir le fils censé les sauver de la misère, par le biais de gros transferts d’argent.

Les lois drastiques contre le travail au noir, et l’obtention de plus en plus impossible de papiers, transforment ces migrants en «sauterelles indésirables» qui envahissent les bords de la Seine ou de La Tamise.

Vivant en voisinage serré avec les cafards et les rats dans des HLM où ils s’entassent dans une seule pièce, comme des sardines dans une boîte, nombre de migrants qui ont pu franchir les barbelés de la citadelle Europe, se contentent de petits boulots que leurs hôtes qui les acceptent de moins en moins veulent bien leur laisser. A défaut, il faut embrasser le système D et être guetté constamment par la police, la prison et le renvoi dans le premier aéroport africain.

Selon le rapport du groupe Caminando Fronteras, les causes de la hausse des naufrages de pirogues et des décès de migrants tentant d’atteindre les côtes espagnoles, sont liées à l’omission du devoir de sauvetage. ce qui a fait triplé le chiffre de décès durant ces trois dernières années en passant à 10. 457 personnes. 

« L’absence d’activation en temps utile des protocoles de sauvetage et la pénurie de ressources dans les opérations de sauvetage ont augmenté le nombre de décès ». L’organisation met également en garde contre la priorité donnée au contrôle des migrations sur le droit à la vie, les politiques migratoires étant axées sur la prévention de l’arrivée des migrants, « même au prix de vies humaines », ce qui accroît le nombre de naufrages et de disparitions ».

« De nombreux sauvetages n’ont pas été activés à temps même lorsque l’emplacement des navires en danger était connu »

Le rapport souligne également que l’externalisation des frontières est une autre cause de cette augmentation. « La responsabilité du sauvetage est transférée à des pays disposant de ressources limitées, ce qui aggrave la capacité à répondre à ces situations d’urgence », indique le rapport.

Il ajoute que de nombreux sauvetages « n’ont pas été activés à temps », même lorsque l’emplacement des navires en danger était connu. « Le manque de coordination internationale et les retards dans l’assistance ont été des facteurs clés dans les chiffres dévastateurs », indique le rapport et estime également que la « criminalisation et la stigmatisation » des organisations sociales et des membres de la famille qui signalent des personnes en danger nuisent à l’efficacité des opérations de sauvetage.

Helena Maleno dénonce  la « profonde défaillance » des systèmes de sauvetage et de protection. 

La dernière cause est : les conditions d’extrême vulnérabilité qui entraînent l’utilisation d’embarcations précaires, la pénurie d’eau, de nourriture et de matériel de navigation, et les conditions météorologiques défavorables qui rendent le voyage difficile.

Face à tout cela, Helena Maleno, coordinatrice de la recherche, met en garde contre la « profonde défaillance » des systèmes de sauvetage et de protection, et demande que « la priorité soit donnée à la protection du droit à la vie, au renforcement des opérations de recherche et de sauvetage, et à la garantie de la justice pour les victimes et leurs familles ».

Le sort des femmes et enfants à la frontière

Le rapport souligne la présence de femmes sur les routes migratoires, le pourcentage le plus élevé se trouvant sur les traversées de l’Atlantique, en particulier sur les canots pneumatiques entre Agadir et Dakhla (Maroc).

Ces femmes, pour la plupart en transit, « sont confrontées à la violence, à la discrimination, au racisme, à l’expulsion et à la violence sexuelle », indique le rapport, qui précise que nombre d’entre elles voyagent avec des enfants nés sur la route et survivent dans des conditions extrêmes grâce à la mendicité, à la prostitution et à des emplois précaires, ce qui les rend plus vulnérables au recrutement par les réseaux de trafiquants d’êtres humains.

Hausse du nombre de femmes prenant les  pirogues du Sénégal, de la Gambie et la Mauritanie 

L’autre élément relevé dans le rapport de l’ong est le nombre de femmes voyageant dans des pirogues depuis le Sénégal, la Gambie et la Mauritanie. Ayant  augmenté, beaucoup d’entre elles fuient la guerre et l’impact du changement climatique.

La présence de femmes sur la route des Baléares depuis l’Afrique centrale et occidentale, via la Libye et la Tunisie, s’est également accrue. Caminando Fronteras a également constaté une augmentation de la présence d’enfants et d’adolescents sur les routes migratoires de l’Atlantique, du détroit de Gibraltar et vers les îles Baléares, et dénonce « le manque de protection et de garanties de la part des autorités ». 

Les mineurs sont traités comme une « monnaie d’échange politique, exposés à des discours de haine et à la vulnérabilité ».

Le cas des mineurs. Le sort de ces migrants n’ayant pas encore atteint la majorité est au cœur d’un débat politique en Espagne tout au long de l’année. Selon toujours le rapport, les mineurs sont souvent traités comme des migrants plutôt que comme des enfants. Ils sont utilisés  en  « monnaie d’échange politique, exposés à des discours de haine et à la vulnérabilité ». 

Il souligne également la situation à Ceuta, où la traversée à la nage reste l’une des principales routes migratoires, en particulier pour les enfants et les adolescents en provenance du Maroc et de l’Algérie. « Le résultat de ce contexte politique et social a été la disparition de nombreux mineurs, laissant de nombreuses victimes hors de portée de la protection publique, et faisant face à de sérieux risques pour leur santé physique et mentale »conclut-il.

Malheureusement, la mauvaise gouvernance érigée en sport national par les dirigeants africains qui ne se soucient que de leur seul bonheur, au détriment de l’intérêt du peuple, ne font qu’encourager, ces départs massifs des Africains vers des horizons qu’ils jugent plus cléments.

Et même face à la désillusion, l’idée de rentrer à la maison, n’effleure même pas l’esprit des migrants, pour ne pas devenir la risée du quartier, voire la honte des parents et proches. Et c’est ainsi que la Méditerranée continue d’être ce monstre insatiable qui avale, au quotidien, des migrants clandestins qui préfèrent les vagues tueuses de la mer aux larmes chaudes de la mère! (SLP/2024)

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