ACCRA, 8 JANVIER (ASPAMNEWS)- Le prédécesseur de Nana Akufo-Addo est officiellement devenu son successeur, le 7 janvier 2025. Après l’alternance pacifique, la cérémonie d’investiture de John Dramani Mahama a été marquée par une main tendue en direction des pays de l’Alliance des États du Sahel.
« Ma réélection est un événement historique qui vaut la peine d’être répété », a déclaré le nouveau président de 66 ans lors de son investiture devant une large foule rassemblée sur la place de l’Indépendance arborant les couleurs verte, rouge, noire et blanche de son parti, le National Democratic Congress (NDC).
Après avoir été élu puis battu puis réélu, le Ghanéen, a choisi de jouer la carte de l’apaisement plutôt que celle de la rancœur. Cette nouvelle prestation de serment a aussi pu apparaître comme l’expression d’un apaisement sous-régional. Au milieu de 18 chefs d’État annoncés présents par le protocole, le Nigérian Bola Tinubu, a goûté son statut d’invité d’honneur, tout comme Ibrahima Traoré, a manifestement savouré un séjour ghanéen d’autant plus médiatisé qu’il ne quitte que rarement – et exclusivement pour rendre visite à des alliés du premier cercle – la terre du Burkina Faso.
Ces présences simultanées n’auront rien engendré qui ne soit que symbolique. Mais les symboles ne sont pas à négliger dans la guerre des nerfs à laquelle se livrent les souverainistes autoproclamés et ceux qualifiés de complices des réflexes impérialistes. Il n’est pas étonnant que le casting de l’événement ait été toléré par chacun, Accra ayant régulièrement fait figure de nation à fort potentiel médiateur.
Avant le grand divorce Cedeao-AES, c’est sous la présidence tournante de Nana Akufo-Addo qu’avaient été tentées des négociations avec le Mali d’Assimi Goïta. C’était en 2022, avant les derniers basculements politiques burkinabè et nigériens.
Si les marques de considération du Ghana offrent aux putschistes encore snobés des signes bienvenus de reconnaissance, le name dropping pratiqué à la cérémonie ghanéenne valorise aussi le nouveau locataire du palais présidentiel à Accra. Un crédit qui s’ajoute à celui d’un processus démocratique pacifique à nouveau démontré par l’alternance du 7 décembre et par le très faible niveau de violence lors de la campagne et du scrutin.
En sus de la bienveillance internationale, celui qui incarnait l’ancienne classe politique a su distiller un parfum de nouveauté en choisissant une colistière. Le 7 janvier, a aussi prêté serment la première femme à occuper la vice-présidence dans l’histoire du Ghana, Naana Jane Opoku Agyemang, sous le regard d’une autre représentante de la gent féminine, la présidente de la Cour suprême.
Pour le reste, c’est sans surprise que l’élu de 66 ans a déroulé, dans son discours inaugural, une kyrielle de promesses de développement, de lutte contre la corruption, de stabilité et de bien-être du peuple. Après des soubresauts économiques majeurs et des implications sociales douloureuses, Mahama va maintenant être confronté à la réalité.
Elu en décembre avec 56,6% des voix, John Mahama, qui avait déjà été président du pays entre 2012 et 2017, marque le retour au pouvoir du NDC après huit ans de domination du New Patriotic Party (NPP). Sa vice-présidente, Jane Naana Opoku-Agyemang, première femme à accéder à cette fonction au Ghana, a elle aussi prêté serment.
Une vingtaine de chefs d’Etats africains étaient présents pour l’investiture, dont Bola Ahmed Tinubu (Nigeria), Bassirou Diomaye Faye (Sénégal), Ibrahim Traoré (Burkina Faso), William Ruto (Kenya), Félix Tshisekedi (République démocratique du Congo), Brice Oligui Nguema (Gabon), Julius Maada Bio (Sierra Leone), Mamadi Doumbouya (Guinée), ainsi que plusieurs anciens présidents et chefs de gouvernements.
Premier producteur d’or en Afrique et deuxième exportateur mondial de cacao, le Ghana est depuis plusieurs années un exemple de démocratie stable, où les principaux partis politiques, le NPP et le NDC occupent la présidence successivement depuis le retour du pays au multipartisme en 1992.
La campagne électorale avait été dominée par les préoccupations économiques des 34 millions de Ghanéens confrontés à un coût de la vie élevé. Le Ghana commence juste à sortir la tête de la pire crise économique qu’a traversée le pays depuis des années, avec une inflation qui a culminé à 50% fin 2022, ce qui avait contraint les autorités à recourir à un prêt de trois milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI).
Bien que l’inflation ait été ramenée à environ 23% et que d’autres indicateurs macroéconomiques se soient stabilisés, les difficultés économiques sont restées pour beaucoup un enjeu électoral majeur. « Nous avons aujourd’hui l’opportunité de reconfigurer notre pays », a ajouté le président, vêtu d’une tenue traditionnelle du nord du pays appelée « fugu ».
« Je n’ai jamais été aussi fière d’être ghanéenne ! L’énergie qui règne ici est incroyable, et je peux sentir l’espoir et la détermination dans l’air. Je fais confiance au président Mahama pour investir dans l’éducation et offrir des opportunités aux jeunes comme moi. C’est l’aube d’une nouvelle ère ! », s’est enthousiasmée Akosua Nyarko, enseignante de 28 ans venue assister à l’investiture. « Son leadership me donne l’espoir que mes enfants auront un avenir meilleur », a confié Mohammed Abubakar, agriculteur de 50 ans. (SPG/2025)