N’DJAMENA, 9 JANVIER (ASPAMNEWS)-Des coups de feu ont été entendus mercredi soir près du palais présidentiel dans la capitale du Tchad. Un assaut mené par un commando de 25 membres qui fait 19 morts, dont 18 assaillants et 9 blessés, selon le ministre des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah.
Le ministre d’État, porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah, s’est exprimé en direct depuis la cour du Palais présidentiel, entouré de militaires de la garde présidentielle et arme à la main. Il a affirmé que la situation était sous contrôle et a qualifié l’incident de « petit événement » qui a été rapidement géré.
« Nous attendons la venue du procureur de la République pour vous montrer la réalité de ce qui s’est passé. La situation est sous contrôle. C’est un petit incident qui s’est passé. Les forces de défense et de sécurité ont été mobilisées, et tout a été éradiqué », a-t-il déclaré.
Des vidéos diffusées par des militaires de la garde présidentielle montrent les corps de plusieurs assaillants neutralisés dans l’enceinte du Palais. Ces images, bien que choquantes, confirment selon les autorités l’efficacité de la réponse sécuritaire.
Les échanges de tirs nourris ont eu lieu aux alentours de la Place de la Nation et de la Présidence, plongeant momentanément la capitale dans un climat de tension. Des blindés et des unités spéciales ont été déployés dans les rues de N’Djamena pour sécuriser la zone et rassurer la population.
L’état-major général des armées a tenu à rassurer les Tchadiens, affirmant qu’il n’y avait « aucune inquiétude » et que la situation était entièrement maîtrisée. Sur les réseaux sociaux, le ministre Aziz Mahamat Saleh a également appelé au calme, déclarant sur sa page Facebook : « Rien de grave, pas de panique, la situation est sous contrôle. »
Selon des sources des services de renseignement, les assaillants seraient liés au groupe terroriste Boko Haram. Les opérations sécuritaires menées ce soir visaient à neutraliser cette menace et à prévenir toute tentative de déstabilisation du pays.
Le Tchad, situé dans une région instable, fait régulièrement face à des attaques terroristes, notamment dans la zone du lac Tchad où Boko Haram est particulièrement actif. Cependant, une attaque directe contre le Palais présidentiel marque une escalade préoccupante.
L’apparition publique d’Abderaman Koulamallah, arme à la main et entouré de militaires, semble avoir pour objectif de montrer la détermination du gouvernement à faire face à toute menace. Cette communication vise à rassurer la population tout en envoyant un message clair aux groupes armés : le pouvoir en place reste ferme et prêt à réagir avec force.
Alors que la situation semble désormais calme, les autorités promettent des investigations approfondies pour identifier les responsables de cette attaque et prévenir de futurs incidents.
Que s’est-il alors passé, alors que la nuit tombait sur Ndjamena? Une attaque menée par la nébuleuse Boko-Haram qui fait la loi au Nigeria voisin où il endeuille constamment les populations quand il ne se livre pas à des enlèvements de masse? Une attaque de ces groupes rebelles qui rôdent constamment aux frontières du Tchad, et dont l’un serait à l’origine de de la mort, par balle, le 20 avril 2021, du père Deby, monté au front pour lutter contre eux, comme il en aurait l’habitude? Une tentative de déstabilisation «éradiquée» comme l’a dit le porte-parole du gouvernement du régime du fils Deby qui, après avoir été président du Conseil militaire de transition suite à la disparition du maréchal Idriss Deby Itno, a assumé la présidence de la Transition, avant de se donner une virginité par les urnes, mettant à profit l’élection présidentielle du 6 mai 2024?
Investi dans la foulée, soit le 23 mai, alors que l’opposition contestait encore sa victoire de 61% des suffrages, celui qui venait, à peine d’intégrer le cercle restreint des maréchaux, dont faisait partie papa, fait-il face à la première tentative de déstabilisation de son régime civil?
Toutes les hypothèses sont dans la balance, même si celles de tentative de coup d’Etat, d’attaque de rebelles, ou de terrorisme, auraient été, pour l’instant, balayées pas le même ministre qui parlait de coup de force manqué!
Avant même les enquêtes, c’est tout une autre version qu’il aurait fournie à la télévision nationale. Le ministre aurait révélé que les assaillant étaient au nombre de 24. Il a aussi parlé de 25, «une sorte de ramassis, qui sont venus armés des armes, de coupe-coupe et de couteaux. Ils étaient à bord d’un véhicule qu’on appelle communément Dina…»
En attendant que le procureur se prononce sur ces coups de feu d’un soir, les conjectures, dans les rues et les cours de Ndjamena, partent de partout, et vont dans tous les sens. Certains, sur les réseaux sociaux n’hésitent même pas à voir, derrière ce feu d’artifice de début d’année, une main invisible, celle de la France, pour ne pas la nommer.
Cette France d’Emmanuel Macron dont le Tchad du maréchal Mahamat Idriss Deby, dans un coup de tonnerre, a déclaré, non grata, le millier de soldats présents sur son sol. Du reste, de sans délai, le retrait des militaires français a, désormais, une date butoir, fixée par les autorités tchadiennes, au 31 janvier 2025. De quoi embarrasser Paris, car ça ne sera pas une mince affaire de désorganiser les camps militaires de leurs lourds équipements, avant de les rétrocéder aux anciens hôtes.
Que s’est-il donc réellement passé au palais présidentiel de Ndjamena ce mercredi en soirée? La question reste toujours posée, et les Tchadiens, coutumiers des guerres, rébellions, attaques de groupes armés, et tentatives de coup d’Etat ou coups d’Etat, vont certainement continuer à vaquer, en toute quiétude, à leurs occupations. Surtout qu’«il ne s’est rien passé de grave», et que «la situation est sous contrôle»!
Rappelons que les coups de feu ont été signalés environ une semaine après que la nation africaine a organisé des élections législatives censées restaurer la démocratie, mais que l’opposition principale a boycottées. Les résultats n’ont pas encore été annoncés, et des analystes estiment que ce scrutin devrait aider le président Mahamat Deby Itno à renforcer son emprise sur le pouvoir. Mahamat Deby Itno a pris le pouvoir en tant que dirigeant militaire après que son père, qui a régné pendant trois décennies, a été tué en 2021 lors de combats contre des rebelles. Deby Itno a remporté une élection présidentielle l’année dernière que les observateurs internationaux ont jugée peu crédible. (KGP/2025)