LOME, 13 JANVIER (ASPAMNEWS)- Que s’est-il passé dans la nuit du 12 au 13 janvier 1963 à Lomé ? A 7h15, trois coups de feu résonnaient devant l’ambassade des Etats-Unis. Le Président de la République, Sylvanus Olympio, a été assassiné. l’ombre de la françafrique plane. 62 ans plus tard, les circonstances de son assassinat restent floues.
Cette nuit du 12 au 13 janvier 1963, fut tragique pour la famille du président assassiné et pour le peuple togolais qui nourrissait des années fluctueuses pour le développement d’un pays nouvellement indépendant. Mais les soldats démobilisés de la guerre d’Algérie ne voulaient rien que la tête du président Sylvanus Olympio. L’attaque de sa résidence à Lomé a commencé le soir, à 23 heures, dans la nuit du 12 janvier 1963.
Sylvanus Olympio a été assassiné le lendemain matin, à 7 h 15, devant le portail de l’ambassade des États-Unis, d’où il venait d’être extrait. Le sous-officier d’alors, Eyadéma Gnassingbé, revendiquera l’assassinat avant de se rétracter quelques années plus tard.

Même si certains pensent à des causes lointaines de cet assassinat, force est de constater qu’il y a des causes immédiates, dont un complot des opposants au régime Sylvanus Olympio, des refugiés au Ghana, le rejet de la requête des militaires revenus des guerres d’Algérie, requête visant leur intégration dans l’armée togolaise et particulièrement son projet de création d’une monnaie nationale togolaise.
En Mai et Décembre 1961, des complots ont été fomentés, les comploteurs arrêtés et placés sous les verrous. Plus exactement, il y allait d’un même complot en cours de préparation depuis avril de cette année-là, date à laquelle le militaire Christian Abbey fut surpris, dans les alentours de la résidence présidentielle, avec un camion chargé d’armes.
Sylvanus Olympio montrait aussi trop d’indépendance à l’égard de l’ancienne puissance coloniale… Panafricaniste, très lié aux américains du Président John Fidgerald Kennedy, il venait notamment d’annoncer sa volonté de sortir le Togo de la zone du franc CFA. « Je vais faire mon possible pour que mon pays se passe de la France », avait-il déclaré. Et, pour mieux comprendre, Jacques Foccart, le conseiller de l’Elysée pour l’Afrique déclarera dans un entretien en 1995 que « Sylvanus Olympio n’était pas un de nos amis. Avec lui, nos relations n’ont jamais été cordiales ».
Naturellement pour de Gaulle et Foccart, son conseiller aux affaires africaines, Olympio était le prototype du chef d’État cruellement anti-Français. D’abord à cause de ses origines. Né à Lomé en 1902, sous la colonisation allemande, formé à la London School of Economics, l’homme était polyglotte (allemand, anglais, français, portugais, yorouba) et avait longtemps travaillé pour la compagnie anglo-néerlandaise Unilever. Il faut à tout prix l’éliminer pour que vive la France.
Même si tout reste flou concernant l’assassinat du président Sylvanus Olympio, une chose est certaine c’est que depuis 1963, l’histoire politique, pour ne pas dire l’avenir politique du Togo a changé de directoire. Le pays vit dans un marasme économique. Un pouvoir qui s’est transmis de père en fils, avec l’agrément de la France.
Les Togolais attendent toujours de savoir ce qui s’est réellement passé dans cette tragique nuit du 12 au 13 janvier 1963. Et, lorsque toutes les archives classifiées, civiles et militaires, y compris celles des services secrets, allemandes, américaines, britanniques, françaises, ainsi que celles du Vatican et des Nations Unies seront libérées du secret, alors des informations utiles à une meilleure compréhension des événements seront disponibles. Il serait aussi fort utile de pouvoir accéder aux archives du Bénin, du Ghana et de la Côte d’Ivoire. (SPG/2025)