PORT-AU-PRINCE, 29 MARS (ASPAMNEWS)-Un groupe de 243 personnes, dont 163 ressortissants français, a pu quitter Haïti, où ils étaient bloqués par de violentes manifestations antigouvernementales. Ils sont attendus ce vendredi en Martinique, a indiqué le préfet de ce département français des Caraïbes. Pendant ce temps, Le Haut-Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme appelle à une action immédiate pour faire face à la crise qui prévaut en Haïti.
Ils étaient bloqués par de violentes manifestations antigouvernementales. Un groupe de près de 250 personnes, parmi lesquelles figurent 163 ressortissants français, a pu quitter Haïti et est attendu vendredi 29 mars en Martinique, a fait savoir le préfet de ce département français des Caraïbes. Trois bâtiments de la marine nationale sont attendus à Fort-de-France, ont déclaré jeudi, durant une conférence de presse, le préfet de la Martinique et le commandant supérieur des forces armées aux Antilles.
A bord se trouvent 243 personnes – 163 Français et 80 étrangers –, dont la moitié sont des ressortissants de pays de l’Union européenne, selon le préfet de la Martinique, Jean-Christophe Bouvier. « Il sera proposé aux ressortissants français un retour immédiat sur l’Hexagone », a assuré le préfet, ajoutant qu’ils « pourraient profiter le jour même d’un vol affrété par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères », a ajouté M. Bouvier.
Haïti, déjà victime d’une très grave crise politique et sécuritaire, est en proie à un regain de violences depuis le début de mars, plusieurs gangs ayant uni leurs forces pour attaquer des lieux stratégiques de Port-au-Prince. Dimanche soir, le ministère des affaires étrangères français avait annoncé la mise en place de « vols spéciaux ».
« Les ressortissants français qui ont souhaité bénéficier des vols spéciaux (…) ont pu embarquer sur des hélicoptères français pour rejoindre un bâtiment de la marine nationale qui les transportera à Fort-de-France prochainement », avait expliqué une source diplomatique.
« Deux cent six transferts ont été effectués en hélicoptère vers le Tonnerre [un porte-hélicoptères amphibie] (…) entre le 24 et le 26 mars [au départ de] (…)Port-au-Prince », a détaillé jeudi Nicolas Lambropoulos, commandant supérieur des forces armées aux Antilles. Quelque 1 100 Français, parmi lesquels un grand nombre de binationaux, vivent en Haïti, selon les chiffres du Quai d’Orsay.
Dans un rapport en date du 28 mars 2024, le Haut-Commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme a appelé à une action immédiate et audacieuse pour faire face à la situation alarmante qui prévaut depuis des mois en Haïti.
Une action immédiate pour faire face à la crise haïtienne
À travers ce rapport, il a souligné que la corruption, l’impunité et la mauvaise gouvernance, aggravées par les niveaux croissants de violence des gangs, ont érodé l’État de droit et amené les institutions de l’État au bord de l’effondrement, et l’impact de l’insécurité généralisée sur la population est désastreux et la population est gravement privée de la jouissance de ses droits humains.
Le Haut-Commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme, Volker Türk dans ses déclarations à précisé que la lutte contre l’insécurité doit être une priorité absolue pour protéger la population haïtienne et prévenir de nouvelles souffrances humaines.
Toujours selon le rapport, le nombre de personnes tuées et blessées en raison de la violence des gangs en Haïti a considérablement augmenté en 2023 avec 4 451 tués et 1 668 blessés, et le nombre de victimes a grimpé en flèche au cours des trois premiers mois de 2024, soit 1 554 tués et 826 blessés au 22 mars.
Lit-on dans ce rapport qui souligne également que certaines femmes sont contraintes d’avoir des relations sexuelles avec des membres de gangs et le viol des otages continue d’être utilisé pour contraindre les familles à payer des rançons.
Face à cette situation où les gangs continuent de recruter et d’abuser d’enfants garçons et filles qui ne peuvent pas quitter leurs rangs par crainte de représailles, ce qui, dans certains cas, a conduit à la mort de jeunes membres de gangs qui tentaient de s’échapper, le Haut-Commissaire, Volker Türk a déclaré que toutes ces pratiques sont scandaleuses et doivent cesser immédiatement.
En outre, le rapport souligne que, malgré un embargo sur les armes, il existe un approvisionnement fiable en armes et en munitions pour les gangs qui traversent des frontières poreuses, ce qui leur permet souvent de disposer d’une puissance de feu supérieure à celle de la Police nationale haïtienne. Volker Türk par conséquent appelle à une mise en œuvre plus efficace de l’embargo sur les armes.
Par ailleurs, le rapport réitère la nécessité de déployer d’urgence une mission multinationale de soutien à la sécurité pour aider la police nationale à mettre fin à la violence, à protéger efficacement la population et à rétablir l’État de droit dans le pays, position soutenue par le Haut-Commissaire qui souligne qu’il est essentiel que la mission intègre efficacement les droits de l’homme dans la conduite de ses opérations et établisse un mécanisme de conformité pour atténuer et minimiser les dommages.
En ce qui concerne la crise politique, le Haut-Commissaire, Volker Türk a appelé toutes les parties prenantes nationales haïtiennes à engager un dialogue constructif pour faciliter un accord politique permettant une transition démocratique conduisant à des élections législatives et présidentielles libres et équitables. (DKM/2024)