LOME, 11 JUILLET (ASPAMNEWS)- Une conférence-débat sur l’état des lieux de la lutte contre la corruption au Togo, s’est ouverte ce jeudi à Lomé, en présence du la Haute Autorité de Prévention et de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HAPLUCIA), Kimelabalou Aba, des représentants des organisations de la société civile, des partenaires économiques et du ministre des Droits de l’Homme, de la Formation à la citoyenneté, des Relations avec les Institutions de la République, Me Pacôme Adjourouvi.
Cette rencontre qui a pour thème: « Mécanismes efficaces de protection des lanceurs d’alerte : un outil essentiel dans la lutte contre la corruption », se tient dans le cadre de la 8e Journée africaine de lutte contre la corruption.
En ouvrant les travaux, le ministre Pacôme Adjourouvi a indiqué qu’aucun pays n’est épargné par ce fléau qui a infesté presque tous les domaines de la vie. Il a ajouté qu’en les spécialistes estiment à 20% du PIB le manque à gagner du fait de la corruption.
« Il urge donc de prendre conscience de l’existence de ce vice viscéral afin de rechercher ensemble les voies et moyens pour s’en prémunir, le contenir ou le traiter, tant le risque encouru est incommensurable », a-t-il déclaré avant d’indiquer que les efforts déployés par le gouvernement depuis plus d’une décennie pour endiguer le fléau et le rôle déterminant des acteurs de la société civile et des médias pour leurs efforts de sensibilisation, de vulgarisation et d’alertes citoyennes visent à rompre la chaîne de la corruption.
« Il nous faut poursuivre en amont cette lutte et déployer les dispositifs indispensables à la complète éradication du phénomène », a-t-il déclaré, tout en conviant toutes les parties prenantes à intensifier leurs actions de prévention et de lutte contre la corruption en sensibilisant davantage les populations et en promouvant les valeurs d’éthique dans toutes leurs activités.
« Dans un environnement mondial empreint de compétitivité, la crédibilité et l’attractivité de notre pays en sont fortement tributaires. Parmi les actions de l’Etat pour renforcer la lutte contre le fléau et pour la bonne gouvernance, figure la création, par la Constitution du 6 mai 2024, de la Haute autorité pour la transparence, l’intégrité de la vie et la lutte contre la corruption, en remplacement de la HAPLUCIA », a-t-il précisé.
Selon le Président de la HAPLUCIA, la corruption est un acte occulte qui peut se conclure parfois par des signes, des gestes ou par le silence, voire par des mots de passe que seules les personnes initiées comprennent.
« Sans dénonciation, la corruption va continuer par prospérer et ses auteurs bénéficier de l’impunité. Il est important de lever le voile, révéler les faits de ce crime afin de poursuivre et châtier les auteurs et enfin recouvrer les fonds générés. Les citoyens activistes, les journalistes et les lanceurs d’alerte jouent un rôle crucial dans cette lutte contre la corruption », a souligné Kimélabalo Aba, vantant à l’occasion les mérites de la Convention de l’Union Africaine contre la corruption signée à Maputo en Afrique du Sud en 2003.
« Personne avisée de la lutte contre cette gangrène au Togo, il n’a pas occulté ses méfaits : obstacle important à la gouvernance démocratique, à la protection des droits de l’Homme et au développement durable en Afrique, érosion de la confiance des citoyens en l’administration publique, projection d’une image négative du pays à l’extérieur, développement de bien d’autres maux dont le terrorisme, l’extrémisme violent, le trafic des migrants, de drogue, d’armes, de faux médicaments », a-t-il ajouté.
A l’en croire, entre autres actions déployées par les instances compétentes pour lutter contre la corruption au Togo, ce sont quatre-vingt-treize (93) plaintes et dénonciations qui ont été enregistrées de 2018 à ce jour dont certaines instruites…
Au cours de la cérémonie de lancement de la conférence débat, un protocole d’accord a été symboliquement signé, sur requête de la GIZ, le partenaire principal du gouvernement togolais dans la lutte contre la corruption, entre la HAPLUCIA et des organisations de la société civile parmi lesquelles le Partenariat pour le développement de la gouvernance (PDG), le Forum togolais de la société civile pour le développement (FTSCD) et le Centre pyramide pour la paix et la gouvernance (CPPG).
« Avec la signature de ce protocole d’accord avec la HAPLUCIA, nous pensions que nous allons contribuer plus efficacement (à la lutte contre la corruption), parce qu’il y aura renforcement des capacités des acteurs de la société civile. Nous allons agir d’une manière plus professionnelle et encourager les bonnes pratiques, dénoncer les (mauvaises) pratiques qui portent entorse au développement du pays. Notre rôle principal, c’est de faire de l’éducation citoyenne au niveau de la population « , par » le contrôle citoyen de l’action publique. Ce qui peut permettre de réduire considérablement le phénomène de corruption », a confié l’ancien ministre Ouro-Bossi Tchacondoh, patron de PDG, sur le rôle de la société civile.
Rappelons que toute personne qui peut faire la dénonciation des faits de corruption est de ce fait, un lanceur d’alerte. La HAPLUCIA n’a pas pouvoir à arrêter toute personne suspectée des faits de corruption. Mais elle reçoit les faits ou plaintes sur les actes de corruption, fait une pré-enquête puis collabore avec le parquet qui a à sa disposition la police judiciaire à saisir pour l’enquête préliminaire proprement dite.
Les faiblesses dans la lutte contre la corruption restent encore l’impunité, la faible sanction ou alors l’inapplication de la loi. A cela s’ajoute l’absence d’une juridiction spécialisée chargée de connaître des affaires liées aux actes de corruption.
En prélude à la 8e Journée africaine de lutte contre la corruption observée ce jeudi 11 juillet, la HAPLUCIA a organisé, hier mercredi dans les rues de Lomé, une caravane. Objectif, sensibiliser les populations sur les méfaits de la corruption et les encourager à dénoncer, sans crainte de représailles, des faits (de corruption) dont elles ont connaissance.
Célébrée depuis 2017, la Journée africaine de lutte contre la corruption offre l’occasion de faire le point, non seulement sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Convention de l’UA contre la corruption signée à Maputo en Afrique du Sud en 2003, mais aussi la disséminer davantage.
Elle se veut aussi une opportunité de prise de conscience collecte, de nouveaux engagements et de résolutions fortes pour passer de la parole actes dans cette croisade africaine contre le fléau.
Le choix du thème de cette année vise à souligner l’importance de la dénonciation dans la lutte contre la corruption et la nécessité de prendre des mesures efficaces pour protéger les personnes qui le font. Au Togo, des textes seraient en cours d’élaboration pour protéger les lanceurs d’alerte, à en croire le Président de la HAPLUCIA. (DPK/2024)