KENYA: le gouvernement limogé, le président Ruto promet le dialogue

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NAIROBI, 12 JUILLET (ASPAMNEWS)-Le président kényan William Ruto a limogé la quasi-totalité des membres de son gouvernement, jeudi 11 juillet, deux semaines après les violentes émeutes qui ont fait une quarantaine de morts au Kenya. Une concession aux protestataires qui, après avoir obtenu le retrait de la loi de finances fin juin, demandaient la démission du chef de l’Etat.

En limogeant la presque totalité de son gouvernement ce jeudi, William Ruto n’a-t-il cassé que le thermomètre alors qu’il doit chercher à arrêter la fièvre? Saura-t-il, ainsi, ramener le calme sous le mont Kenya? Rien n’est moins sûr, au vu de la détermination des manifestants qui sont convaincus que le chef de l’Etat a trahi son peuple.

En effet, durant la campagne pour son élection, le président kényan avait affiché et affirmé sa volonté d’améliorer la condition de vie des Kényans. Ce n’était donc que promesse électorale? En tout cas, moins de deux ans après être venu aux affaires, c’est le même qui se présentait en sauveur qui, pour satisfaire les désidératas du Fond monétaire international (FMI), a fait le choix de faire serrer la ceinture à son peuple, pour que les dirigeants, eux, portent leurs bretelles.

« Les événements récents qui ont nécessité le retrait du projet de loi de finances, et qui nécessiteront une révision et une réorganisation de notre budget (…), nous ont amenés à un point de bascule », a déclaré M. Ruto, le visage fermé, lors d’une conférence de presse à la présidence kényane, à Nairobi, pour expliquer sa décision de congédier l’ensemble des membres du gouvernement à l’exception de Musalia Mudavadi, qui détient le portefeuille des affaires étrangères, et du vice-président Rigathi Gachagua.

C’est alors que ses concitoyens ployaient sous le fardeau insupportable de la vie chère, que le président kényan a failli leur porter l’estocade par le biais d’un projet de loi de finances qui avait pour but, de faire grimper les taxes sur les produits de première nécessité, comme le pain et les œufs, pour ne citer que ça.

Mais trois semaines de violentes manifestations, durement réprimées et soldées par 39 morts, ont contraint William Ruto à procéder au retrait de ce texte qui était sur le point d’être voté par l’Assemblée nationale. Mais le ver de la radicalité était déjà, visiblement, dans le fruit. Malgré les négociations qui devaient être engagées avec une opposition qui s’est dite toujours ouverte au dialogue, et les mesures de réduction du train de vie qualifié de démentiel de l’Etat, les frondeurs n’ont plus qu’une revendication, la tête de William Ruto.

Comme garantie d’un nouveau départ, le chef de l’Etat a promis qu’il allait former un gouvernement d’union nationale pour « mettre fin au fardeau de la dette, trouver de nouveaux moyens de lever des recettes nationales, éliminer les dépenses inutiles et tuer le dragon de la corruption ».

Des mots qui ne trompent personne au Kenya : William Ruto était considéré, dans un sondage de 2019, comme l’homme politique le plus corrompu du pays – une réputation qui ne l’a jamais quitté.

La rue finira-t-elle par obtenir le limogeage du président kényan? En attendant, c’est un gouvernement fragilisé par des manifestations itératives qui vient de subir une cure d’amaigrissement drastique, pour ne pas dire qu’il a été décimé. Sauf que cette décision prise par Ruto, «après réflexion» et «écoute des Kényans» ne l’a pas encore sorti d’affaire.

Et l’on peut bien se demander ce qui pourra arrêter l’ire des contestataires enflammés et que rien ne semble pouvoir refroidir. Le Kenya est donc sur les braises. Pourtant, ce pays séduisant de safari, qui attire des touristes venant de toutes les parties du monde, présentait comme une stabilité socio-politique à toute épreuve, doublée d’une santé économique relativement reluisante.

Malheureusement, en plus de la maigreur, de jour en jour, inquiétante du panier de la ménagère, les relations entre le président et son opposition ne sont pas loin de ressembler au volcan qui dort avant éruption.

De toute façon, la leçon n’aura pas changé, ni pour William Ruto, ni pour d’autres dirigeants en Afrique et ailleurs dans le monde: c’est le même peuple qui a chanté «vive le président» qui reprend en chœur, «à bas le président». Qui donc sauvera le soldat Ruto? (SPK/2024

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