COTONOU, 16 juin (ASPAMNEWS)- Le président béninois, Patrice Talon, au cours d’une rencontre sur la décentralisation, a fait ses adieux aux élus municipaux et locaux avant de quitter le pouvoir. « Le peu de chemin que nous avons parcouru ensemble depuis bientôt 9 ans nous a montré combien il est facile de se développer. Je dis bien facile », déclare Patrice Talon.
« Mesdames et Messieurs, je crois que je n’aurai plus l’occasion d’avoir une telle rencontre avant de passer la main. Je voudrais que mes propos soient perçus dans leur sincérité, dans leur solennité. Je vous dis combien je crois au destin du Bénin. Je crois à notre capacité de développement, à notre capacité de création de richesse. Et je n’ai qu’une prière, vivre un peu longtemps pour constater cela de mes yeux », a-t-il déclaré.
Ce n’est pas nouveau, car il l’avait déjà dit en mars. Il compte donc éviter de tomber sous le charme, pourtant irrésistible de ce troisième mandat, auquel ont succombé certains de ses anciens homologues qui sont finalement sortis par un soupirail du palais présidentiel.
Patrice Talon s’est réjoui du fait que ‘’la mentalité des gouvernants a changé, soit en train de changer au Bénin’’. Le président estime que les gouvernants béninois sont ‘’de plus en plus de bonnes totalités les uns les autres’’ et leurs travers du passé ne les caractérisent plus.
Ce qui clos tout débat! Le président Talon va partir avec à l’idée de devoir accompli. Pas comme un Mamadou Tandja du Niger, qui a essayé sans succès le Tazartché, a foncé droit dans le mur, comme le lui avait prédit son voisin du Burkina Faso, Blaise Compaoré.
Ironie du sort, le même Blaise Compaoré, a, également tenté en vain la modification de l’article 37 de la Loi fondamentale pour garder les clés du palais de Kossyam. Il a dû prendre la clé des champs pour trouver, depuis lors, refuge en Côte d’Ivoire, emporté en 2014, par une insurrection populaire.
Alpha Condé de la Guinée, lui, a été balayé par un coup d’Etat après avoir tenté de s’ouvrir un boulevard de président ad vitam aeternam. L’homme au sabre de Banjul, Yahya Jammeh de la Gambie, a également été chassé, après avoir voulu garder par la force, un trône qu’il a perdu aux urnes.
Pour ne citer que ceux-ci, ces anciens dirigeants ont tous été frappés par le sceau de la malédiction de ce sport très prisé par des chefs d’Etat africains qui ne veulent, pour rien au monde, lâcher le pouvoir. Comme s’il n’y avait pas une vie après la présidence. Pourtant, le Ghana, avec ses anciens présidents, qui se rendent visite où sont présents lors de cérémonies officielles montre bien l’exemple!
En attendant de faire le constat pour la présidentielle béninoise prévue pour avril 2026, Patrice Talon, lui, a fait le choix de dire non à cette pratique anticonstitutionnelle qui a, rarement, sinon n’a jamais porté bonheur à ceux qui en avait fait leur évangile. Le président béninois respectera-t-il sa parole donnée?
Il est plus que jamais nécessaire d’accorder la bonne foi à M. Talon, surtout qu’il aurait même un dauphin non officiellement désigné, mais dont le nom circule dans les rues de Cotonou. Un ministre, fidèle parmi les fidèles, dit-on. Certes, il ne succèdera à son mentor, qu’après le verdict des urnes.
Question: les opposants du régime Talon, dont le plus célèbre, Sébastien Ajavon, actuellement en exil, auront-ils la possibilité de prendre place dans les starting-blocks de cette compétition au sommet annoncée sous haute tension? Ça c’est une autre paire de manches! Il faut juste espérer que Patrice Talon aille jusqu’au bout de sa logique, de faire rayonner la démocratie en organisant des élections ouvertes. Et transparentes! (WKT/2025)