ABIDJAN, 23 juin (ASPAMNEWS)- Le silence d’Alassane Ouattara sur sa candidature crée la polémique. Pour l’opposition, ce recul cache une stratégie. Elle affirme désormais qu’il est forclos et appelle la CEI à faire respecter la loi.
Face à l’appel insistant des militants du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), le président Alassane Ouattara a laissé planer le suspense sur sa candidature à la présidentielle d’octobre 2025. « Je prendrai, dans les jours à venir, après mûre réflexion, à mon âme et conscience, une décision », a-t-il déclaré ce dimanche 22 juin 2025 au stade olympique Alassane Ouattara d’Ebimpé, devant une foule de militants en liesse.
Le chef de l’État, visiblement ému par l’enthousiasme de sa base, a tenu à les rassurer. « Je vous ai entendus. Je veux donc vous dire aujourd’hui ceci : je vous ai compris. Merci pour votre confiance. », dit-il
« Je vous ai entendu, je vous ai compris… Je prendrai une décision dans les jours qui viennent après mûres réflexions », a-t-il déclaré devant des milliers de militants. Une déclaration perçue comme un recul stratégique par plusieurs observateurs, mais aussi comme un aveu d’hésitation au sein même de l’opposition politique.
Revenant sur les enjeux à venir, le président Ouattara a affirmé que son parti ira aux élections présidentielles d’octobre 2025 pour défendre son bilan et ses valeurs. « Lors de l’élection présidentielle, nous irons défendre notre bilan et les idéaux qui ont guidé notre action toutes ces années. », a indiqué Alassane Ouattara.
Dans un ton rassurant, le président ivoirien a tenu à apaiser les craintes, aussi bien à l’intérieur du pays qu’au sein de la communauté internationale. « Je voudrais à nouveau vous rassurer : ces élections seront apaisées, démocratiques et transparentes. Oui, tout se passera bien, dans la paix et le calme. La sécurité des populations continuera d’être assurée. Faites-moi confiance, oui, faites-moi confiance. »
Concernant la résolution du congrès du RHDP appelant à sa reconduction à la tête du parti, Alassane Ouattara a répondu sans détour. « J’ai écouté avec attention la résolution relative à ma reconduction comme président du RHDP. Je l’ai reçue dans un esprit de responsabilité, mais aussi avec tout l’amour que je porte à cette famille politique que nous avons construite ensemble. J’accepte de demeurer le président du RHDP. », a lancé M. Ouattara
Toutefois, selon le cadre du parti de Laurent Gbagbo, “ce recul” du président Alassane Ouattara “ne doit pas faire baisser notre vigilance et notre détermination qui doivent demeurer en éveil de façon constante et permanente”.
« En effet les informations dont nous disposons font état de ce que ce recul pourra être circonstanciel dans le but de distraire notre vigilance afin de mieux sauter et de nous prendre de cours et à défaut », a expliqué Damana Pickass, appelant les opposants à demeurer “extrêmement mobilisés et déterminés contre le quatrième mandat qui viole une énième fois notre constitution”.
Au-delà de l’analyse politique, l’opposition avance également un argument juridique. Pour le mouvement Trop c’est Trop, en se donnant un temps de réflexion, le président Alassane Ouattara s’est exclu définitivement du processus électoral de la présidentielle de 2025.
« Aujourd’hui, dimanche 22 juin, Alassane Ouattara n’est pas candidat et il ne peut plus être candidat. Il est forclos. Il ne peut donc pas participer à la formation des collecteurs représentants les candidats à l’élection présidentielle », a-t-il soutenu lors de la conférence de presse.
Cette lecture, si elle venait à être confirmée par la CEI, signifierait que le président sortant ne pourra pas participer à l’opération de parrainage, l’une des étapes clés du processus d’éligibilité à la présidentielle. Ce qui n’est pas le cas de Laurent Gbagbo selon Damana Pickass, qui a précisé que le candidat du PPA-CI, avait, lui, transmis sa liste dans les délais impartis. Ses collecteurs sont ainsi attendus à la formation prévue par la CEI dès le lundi 23 juin.
« Nous serons extrêmement attentifs et très regardant sur l’attitude de la CEI sur cette question », a prévenu le cadre du PPA-CI. « En tout état de cause, nous restons attachés à l’organisation d’élections transparentes, apaisées et inclusives où toutes les sensibilités politiques participent », a-t-il conclu.
Pour l’heure, ni la CEI, ni le RHDP n’ont encore pris position publiquement sur l’état du dossier du président Ouattara. (DPG/2025)