CÔTE D'IVOIRE-PRÉSIDENTIELLE : Nouveau système de parrainage, une autre paire de manche pour les candidats, Ouattara possible candidat

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(ASPAMNEWS)- La période de dépôt des candidatures officielles pour l’élection présidentielle ivoirienne s’est ouverte le 16 juillet dernier, elle s’achèvera le 31 août. Chaque candidat doit fournir un dossier complet, enrichi de milliers de parrainages, selon un nouveau mode opératoire qui vise officiellement à « éviter les candidats fantaisistes ». Les formations comme le RHDP ou le FPI, qui n’ont toujours pas de candidat déclaré ou disponible, risquent de prendre du retard. Pendant se temps, les partis au pouvoir, chamboulés par la mort subite du candidat désigné, Gon Coulibaly et des démissions en cascades, risquent de voir pour une troisième fois le président Ouattara candidat à sa propre succession.

Le nouveau système de parrainage parait au premier abord assez complexe : chaque candidat doit obtenir les signatures d’au moins 1% des électeurs dans la moitié des régions. Le candidat doit alors choisir 17 régions, sur les 31 que comptent le pays et doit recueillir les signatures d’1% du corps électoral dans chacune d’entre elles.

Pour Ibrahim Coulibaly, le président de la CEI, les candidats devront « battre campagne » pour obtenir ces sésames. Le PDCI s’apprête à entamer la démarche de collecte des signatures pour le dossier de l’ancien président Henri Konan Bédié. Le parti est bien implanté dans le pays, surtout dans les régions centrales. « Nous n’aurons aucune difficulté à obtenir ces parrainages citoyen », assure un cadre du PDCI.

Le RHDP, même sans candidat déclaré à ce jour, peut compter sur un vaste réseau d’élus locaux, à même de favoriser le processus.

Le FPI se retrouve face aussi un dilemme : quel candidat indiquer sur la fiche de parrainage, alors que une grande inconnu plane sur une candidature de Laurent Gbagbo, qui n’a toujours pas obtenu l’autorisation des autorités ivoiriennes de rentrer en Côte d’Ivoire, selon un porte-parole du Front populaire. Lundi, Pascal Affi N’Guessan à la tête d’une des branches du FPI, a lancé un appel à candidature interne, mais le candidat retenu ne devrait pas être connu avant début août.

Déchu de ses droits civiques par la justice ivoirienne et candidat exil, Guillaume Soro a quasiment aucune chance de voir son dossier retenu. Enfin, le maire d’Azaguié, et candidat du petit parti Lider, Mamadou Koulibaly, estime, lui, que ce système est « une invention pour éliminer des candidats ».

Une possible candidature d’Alassane Ouattara à la présidentielle

« Pétition » de militants, appels de personnalités de son parti, « confidences » à un journal : une candidature du président Alassane Ouattara à sa propre succession pour un troisième mandat se dessine en Côte d’Ivoire après le brusque décès de son dauphin.

En mars, M. Ouattara, qui termine à 76 ans son deuxième mandat, avait déclaré vouloir « laisser la place aux jeunes » lors du prochain scrutin présidentiel du 31 octobre. Avant d’introniser son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly comme candidat du parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).

Mais la mort inattendue de ce dernier à 61 ans d’un infarctus, le 8 juillet, a bouleversé ce scénario qui apparaissait bien huilé, le RHDP devant désormais se trouver un nouveau candidat, à trois mois du scrutin.

A peine les funérailles du Premier ministre achevées, deux dirigeants du RHDP ont pris position publiquement en faveur d’une candidature d’Alassane Ouattara pour un troisième mandat.

« Le seul choix qui vaille, c’est que le président Ouattara reprenne le flambeau », a déclaré dimanche sur TV5 le directeur exécutif du RHDP et ancien ministre, Adama Bictogo.

« Dès que le drame est arrivé (la mort d’Amadou Gon Coulibaly), la majorité des militants s’est retournée vers le président Ouattara ». « A trois mois de la présidentielle, il nous est difficile de sortir du chapeau un nouveau leader. Le président Ouattara reste le grand rassembleur », a estimé M. Bictogo sur RFI lundi.

Dans une lettre publique au président Ouattara dimanche, le porte-parole du RHDP, Kobenan Kouassi Adjoumani, l’a imploré « d’accepter le sacrifice d’être candidat ».

« Le regard des militants se tourne inexorablement vers vous et vous seul », pour « redonner (aux militants) l’espoir que la disparition d’Amadou Gon leur a arraché ». « Il n’y a que votre candidature qui puisse à nouveau rassembler toute la grande famille du RHDP », et « garantir la sécurité, la stabilité et la paix si chères à la Côte d’Ivoire et aux Ivoiriens », écrit M. Adjoumani.

– « Confidence » –

Autre signal, les organisateurs non identifiés d’une « pétition » pour une candidature de M. Outtara, lancée sur les réseaux sociaux, qui seraient « des jeunes proches du RHDP », affirment avoir obtenu plus de 700.000 signatures en sept jours. Un chiffre évidemment invérifiable.

Enfin, le chef de l’Etat a fait le 15 juillet une « confidence » au journal Jeune Afrique, indiquant devoir se présenter « pour préserver la stabilité du pays ».

« À l’heure actuelle, compte tenu des délais, je ne vois hélas pas d’autre solution pour préserver la stabilité du pays », a déclaré M. Ouattara, tout en précisant poursuivre sa réflexion, selon l’article de Jeune Afrique publié samedi.

« La personnalité d’Amadou Gon Coulibaly s’était tellement imposée qu’il n’y avait pas de plan B, et on ne fabrique pas un nouveau candidat en trois mois », analyse le politologue Jean Alabro.

« Alassane Ouattara reste le liant du parti, mais il est embarrassé », estime cependant le politologue, d’une part car il avait promis de ne pas se représenter pour un troisième mandat, « ce qui relancerait les disputes constitutionnelles » sur son droit à le faire, d’autre part parce que son parti est affaibli.

L’analyste politique Sylvain N’Guessan souligne « les dissensions au sein du RHDP nées de la désignation d’Amadou Gon Coulibaly » comme dauphin, qui ont entraîné le départ de deux fidèles du président, a qui l’on prêtait des ambitions présidentielles, le ministre des Affaires étrangères Marcel Amon Tanoh, puis le vice-président Daniel Kablan Duncan.

« Il sera difficile pour le RHDP de trouver un candidat consensuel en dehors du président Ouattara », note M. N’Guessan. De plus, le président « a toujours laissé une fenêtre ouverte, en disant que si ceux de sa génération étaient candidats, il pourrait se représenter ».

C’est le cas, puisque l’ex-président Henri Konan Bédié, 85 ans, défendra les couleurs du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principale formation d’opposition. Le Front populaire ivoirien (FPI) espère de son côté une candidature de l’ex-président Laurent Gbagbo, 75 ans, toutefois hypothéquée par la procédure toujours en cours contre lui à la Cour pénale internationale de La Haye. (LBF/2020)

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