IRAN: la répression comme mot d’ordre

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TEHERAN, 3 JANVIER (ASPAMNEWS)-Selon des médias locaux, la police iranienne a recommencé à surveiller le port du voile dans les voitures. Malgré ce raidissement, les opposants en exil rêvent, eux, d’une «victoire» de la contestation en 2023.

La diaspora iranienne veut y croire : «2023 sera l’année de la victoire pour la nation iranienne. L’année de la liberté et de la justice» dans un pays secoué depuis septembre par une vague de contestation inédite. Dans un message commun posté simultanément sur les réseaux sociaux à l’occasion du nouvel an, des opposants iraniens en exil ont exhorté à la «solidarité» entre Iraniens et appelé de leurs vœux la chute du régime de Téhéran. Parmi les personnalités ayant relayé ce message figurent Reza Pahlavi, le fils du chah déchu, et l’actrice Zar Amir Ebrahimi.

Depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, jeune femme de 22 ans décédée après son arrestation par la police des mœurs pour avoir enfreint le code vestimentaire islamique, l’Iran est bousculé par des manifestations d’ampleur. Trois mois et demi plus tard, la mobilisation pour les droits des femmes et plus largement contre le régime persiste sans réel essoufflement. Mais si l’ampleur et la durée inédites de l’insurrection nourrissent un certain optimisme, la répression perdure également. Celle-ci semble même, ces jours-ci, gagner en intensité.

Plusieurs médias locaux ont ainsi rapporté lundi que la police iranienne avait recommencé à surveiller le port du voile islamique dans les voitures, en déclenchant une nouvelle étape du programme Nazer-1 («surveillance» en persan). Selon l’agence de presse officielle Fars, les contrevenants reçoivent le SMS suivant de la police sur leur téléphone portable : «L’absence du voile a été observée dans votre voiture. Il est nécessaire de respecter les normes de la société et de veiller à ne pas répéter cet acte.»

Arme de dissuasion

Après la contestation déclenchée par la mort de Mahsa Amini, la redoutée police des mœurs avait cessé d’arrêter les femmes qui ne portaient pas de hijab dans la rue. De ce point de vue, le renforcement du programme Nazer, lancé en 2020, semble à l’inverse marquer un nouveau raidissement du régime. L’incertitude demeure d’ailleurs sur l’avenir de la police des mœurs, créée sous l’ancien président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. Début décembre, le procureur général iranien Mohammad Jafar Montazeri avait annoncé qu’elle avait été abolie, mais les opposants et militants n’ont pas caché leur scepticisme.

En parallèle, la répression des protestataires se poursuit. D’après Iran Human Rights, une ONG basée à Oslo, plus de 100 Iraniens arrêtés depuis le début des manifestations risquent d’être condamnés à mort. Douze l’ont déjà été, dont deux, âgés de 23 ans, exécutés en fin d’année lors de pendaisons publiques utilisées par le régime comme arme de dissuasion. Sur ce point, la réussite apparaît limitée puisque ces exécutions semblent davantage gonfler la colère des manifestants que leur peur.

Depuis mi-septembre, des milliers d’Iraniens en lien avec la contestation ont été arrêtés, dont près de 40 journalistes et photojournalistes, selon une liste publiée le mois dernier par le quotidien réformateur Shargh. La reporter Elaheh Mohammadi et la photographe de Shargh Niloofar Hamedi sont détenues depuis septembre, inculpées de «propagande contre le système» et de «complot contre la sécurité nationale» pour avoir été parmi les premières à relayer l’affaire Mahsa Amini. Leur avocat, qui représente également d’autres militants et journalistes, a quant à lui été arrêté mi-décembre. (SSP/2023)

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