CAMBODGE/LÉGISLATIVES: l’autocrate Hun Sen revendique la victoire après avoir écarté les opposants

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PHNOM PENH, 24 JUILLET (ASPAMNEWS)-La victoire du Parti du peuple cambodgien du premier ministre Hun Sen sur une opposition disqualifiée d’avance doit entériner la passation des pouvoirs à son fils, Hun Manet, commandant des armées.

Après avoir écarté tous les opposants crédibles du régime, le Parti du peuple cambodgien affirme avoir remporté un «raz-de-marée» lors des élections législatives de ce dimanche 23 juillet.

Un «raz-de-marée» qui ne convainc personne. Dans l’attente des résultats officiels des élections législatives qui se sont tenues dimanche 23 juillet au Cambodge, le porte-parole du parti du Premier ministre, Hun Sen, en poste depuis 1985, a revendiqué un triomphe. 

«Nous avons remporté une victoire écrasante […], mais nous ne pouvons pas encore calculer le nombre de sièges», a-t-il déclaré. Et de se réjouir des chiffres officiels de la participation, estimée provisoirement à 84% alors que l’opposition avait appelé à boycotter le scrutin. «Le peuple cambodgien ne laissera pas les groupes de tricheurs détruire le pays», a commenté l’autocrate sur Telegram.

Les résultats préliminaires annoncés lundi matin donnaient 120 sièges au PPC et 5 au Funcinpec, le parti royaliste ressuscité après une longue absence et mené par le prince Norodom Chakravuth, le fils de l’ancien premier ministre Norodom Ranariddh, décédé en 2021, et petit-fils de l’ex-roi Norodom Sihanouk.

Pour Hun Sen, le pari semble déjà gagné. L’enjeu des élections était de valider par le meilleur score possible la transition du pouvoir à un héritier présomptif : Hun Manet, 45 ans, fils aîné du premier ministre et tête de liste du PPC à Phnom Penh, la capitale. Diplômé de prestigieuses universités américaines et britanniques, il dirige l’armée.

Tous les adversaires crédibles du régime avaient été écartés de l’élection, à laquelle participaient, en plus du Parti du peuple cambodgien (CPP) de Hun Sen, dix-sept formations dépourvues de poids politique. Le principal mouvement d’opposition, le Parti de la bougie, avait notamment été exclu pour ne pas s’être enregistré correctement auprès de la commission électorale. 

Son fondateur, Sam Rainsy, est en exil à Paris et visé par une interdiction de se présenter à des élections nationales pendant vingt-cinq ans ; un autre leader d’opposition purge en résidence surveillée une peine de vingt-sept ans de prison à laquelle il a été condamné au printemps.

Après avoir longtemps entretenu l’ambiguïté sur le calendrier de la passation des pouvoirs, le premier ministre sortant, 70 ans, a révélé, le 20 juillet, à la chaîne de Hongkong Phoenix TV que Hun Manet pourrait lui succéder dans quelques semaines – c’est-à-dire à l’annonce d’un nouveau gouvernement, fin août. Même si ce délai est respecté, le vieux dirigeant, premier ministre depuis trente-huit ans, a annoncé qu’il resterait président du PPC.

Selon certaines sources, il pourrait briguer la présidence du Sénat après les sénatoriales de février prochain – ce poste ferait de lui le chef d’Etat par intérim, après l’actuel souverain, le roi Norodom Sihamoni, un autre des fils de Norodom Sihanouk.

«L’élection de dimanche est une farce, une ruse pour tenter de faire croire aux membres crédules de la communauté internationale que le Cambodge est une démocratie», avait prévenu samedi 22 juillet Phil Robertson, porte-parole de l’ONG Human Rights Watch en Asie, dans Libération. Dans ce contexte, le CPP pourrait rafler l’ensemble des 125 sièges de l’Assemblée nationale, comme cela avait été le cas lors du précédent scrutin législatif, en 2018. (SPM/2023)

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