NIAMEY, 27 JUILLET (ASPAMNEWS)-Le coup d’État qui a renversé le régime du président Mohamed Bazoum semble désormais consommé avec le ralliement de l’État-major des armées à la cause des putschistes. Pour la France, bien que contrariée, l’important au Niger c’est l’uranium.
Après la déclaration lue, mercredi 26 juillet 2023, dans la soirée, actant la mise sur pied d’un Conseil National de Sauvegarde de la Patrie (CNSP), les choses sont allées très vite avec le communiqué du chef d’État-major des Armées annonçant un ralliement aux auteurs du coup d’État.
Ce jeudi en début d’après-midi, des manifestations favorables aux auteurs du coup d’État se sont multipliées à Niamey. Des centaines de personnes ont même pris d’assaut le siège du parti qui était jusqu’alors au pouvoir, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, ou PNDS-Tarayya.
Le bâtiment abritant le siège du parti a été saccagé et des scènes de pillage se sont multipliés. Plusieurs véhicules ont été par ailleurs incendiés par les manifestants.
Les manifestations « spontanées » à Niamey ont laissé également apparaître des drapeaux de la Fédération de Russie, agités dans divers endroits de la capitale.
Ce jeudi, dans un communiqué lu à la télévision, le porte-parole du Conseil national du salut de la patrie (CNSP) a accusé la France d’avoir fait atterrir sur le territoire nigérien un avion militaire de type A400M à l’aéroport de Niamey ce matin à 6 heures en dépit de la fermeture des frontières.
Le porte-parole des mutins nigériens rappellent la nécessité de respecter de façon stricte des dispositions du communiqué numéro 3, qui ordonnait la fermeture des frontières aériennes et terrestres.
L’uranium du Niger
Cette collaboration militaire se double d’un volet humanitaire, l’Agence française de développement ayant augmenté en 2022 la somme destinée au pays de 100 à 150 millions d’euros.
L’importance stratégique du pays pour la France réside aussi dans ses réserves d’uranium, capitales pour faire tourner les centrales nucléaires de la métropole. Si Paris a diversifié ses fournisseurs au cours des dernières années, le poids du Niger ne peut pas être négligé dans un contexte de crise énergétique créé par la guerre en Ukraine.
Cette relation étroite est illustrée par les visites répétées de dirigeants français, d’Emmanuel Macron en 2017 et 2019 à Cathérine Colonna, ministre des affaires étrangères, et Sébastien Lecornu, ministre des armées, en 2022.
Face au coup d’État, Paris est aujourd’hui dans l’incertitude quant à la pérennité de ce partenariat stratégique. Catherine Colonna a condamné sur Twitter, rebaptisé X, « toute tentative de prise de pouvoir par la force ». La position du gouvernement est d’autant plus précaire que les opinions publiques ouest-africaines n’ont pas oublié l’histoire coloniale brutale de la France dans la région. (SON/2023)