LIBYE/INONDATIONS: des milliers de morts et de disparus, un appel à l’aide lancé

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TRIPOLI, 12 SEPTEMBRE (ASPAMNEWS)-Des inondations causées par des pluies diluviennes dans l’est de la Libye, frappée à son tour par la tempête Daniel, ont fait un nombre « énorme » de morts, a alerté mardi 12 septembre la Croix-Rouge. Les chiffres varient selon les deux gouvernements qui se disputent un pays encore fracturé, mais le nombre de victimes pourrait dépasser les 10 000 personnes.

La tempête Daniel a laissé derrière elle des dégâts apocalyptiques dans l’est de la Libye. Après des pluies diluviennes dimanche, le nombre de morts dans les inondations est «énorme», alerte la Croix Rouge ce mardi 12 septembre.

 «Nous n’avons pas de chiffres définitifs» pour le moment mais «le nombre de disparus est proche de 10 000», a déclaré un responsable de la Fédération internationale des sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge (FICR), Tamer Ramadan, lors du point de presse régulier de l’ONU à Genève.

«Je reviens de Derna. La situation est désastreuse. Les corps gisent partout, dans la mer, dans les vallées, sous les bâtiments», a déclaré par téléphone Hichem Chkiouat, ministre de l’Aviation civile et membre du Comité d’urgence. «Le nombre de corps retrouvés à Derna est supérieur à 1000», a-t-il déclaré.

Il s’attend à ce que le bilan final soit «très, très lourd». «Je n’exagère pas en disant que 25 % de la ville a disparu. De très nombreux bâtiments se sont effondrés» ajoute-t-il.

Un peu plus tôt dans la journée, une source médicale a dénombré auprès du Croissant Rouge libyen 2 800 morts et 9 000 disparus, d’après une gance de presse. C’est la ville de Derna, sur la côte nord-est du pays, qui serait la plus touchée, avec 2 000 morts.

« Il y a des corps partout »

Hichem Chkiouat, ministre de l’aviation civile et membre du comité d’urgence dans le gouvernement de l’est du pays, a déclaré à l’agence Reuters s’attendre à un bilan final « très, très lourd ». « Je reviens de Derna.

La situation est désastreuse, a-t-il témoigné. Il y a des corps partout – dans la mer, dans les vallées, sous les bâtiments. » « Le nombre de corps retrouvés à Derna est supérieur à 1 000, a-t-il ajouté. Je n’exagère pas en disant que 25 % de la ville a disparu. De très nombreux bâtiments se sont effondrés. »

Ce qu’il s’est passé

La tempête Daniel, qualifiée par les experts de phénomène « extrême en termes de quantité d’eau tombée », a frappé l’est de la Libye dimanche après-midi, notamment les villes côtières du Jabal al-Akhdar et de Derna mais également Benghazi où un couvre-feu a été décrété et les écoles fermées.

Des images tournées par les habitants des localités touchées montrent des pluies torrentielles mêlées de grêle, d’impressionnantes coulées de boue et des quartiers entiers sous l’eau, ainsi que des routes et bâtiments effondrés.

Quels dégâts ?

À Derna, au nord-est du pays, où vivent plus de 100 000 habitants, l’oued qui traverse la ville a débordé à cause de la tempête. Deux barrages se sont effondrés, causant d’énormes inondations et emportant quatre ponts principaux et plusieurs immeubles et maisons, selon des vidéos diffusées par les médias locaux.

Au moins 3 000 familles de la ville ont perdu leur maison. Selon le ministère de l’aviation, 25 % de Derna a été engloutie sous les eaux ou emportée dans la mer. Lundi, le chef de l’exécutif dans l’est de la Libye, Oussama Hamad a déclaré Derna « ville sinistrée ». « La ville n’est plus une ville », commente mardi le média local Derna Zoom.

La ville située à 900 km à l’est de Tripoli et 300 km à l’est de Benghazi a été partiellement détruite lors de violents affrontements en 2018 entre les forces du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est libyen, et des groupes islamistes radicaux qui contrôlaient la ville.

Depuis un an et demi, deux gouvernements se disputent le pouvoir en Libye, en proie au chaos depuis 2011 : celui d’Abdelhamid Dbeibah dans l’Ouest, reconnu par l’ONU, et celui nommé par le Parlement et soutenu par le maréchal Haftar.

Un bilan humain disputé

Intervenant sur la chaîne Almasar, le chef de l’exécutif dans l’est de la Libye, Oussama Hamad, a avancé lundi 11 septembre un bilan de « plus de 2 000 morts et de milliers de disparus » rien que dans la ville de Derna. Des chiffres repris par les médias de l’est libyen. Les autorités sanitaires ont annoncé avoir trouvé plus de 1 000 corps dans la ville.

Dès mardi matin, toutefois, le ministre de la santé du gouvernement nommé par le Parlement libyen, a déclaré sur Almasar que « 3 000 personnes avaient perdu la vie » et qu’il s’attendait à ce que « ce chiffre dépasse 10 000 ». « Le nombre de disparus se compte en milliers et pourrait atteindre 100 000 », a-t-il ajouté. « La situation est de plus en plus tragique. Il n’existe pas de statistiques définitives sur le nombre de victimes », a précisé Othman Abdul Jalil.

La Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a fait état pour sa part d’un nombre « énorme » de morts Le bilan reste incertain, a indiqué Tamer Ramadan, un responsable du FICR. « Nous n’avons pas de chiffres définitifs » pour le moment, a-t-il dit, soulignant que « le nombre de disparus est proche de 10 000 ».

Des appels à l’aide

« Les besoins humanitaires dépassent largement les capacités du Croissant-Rouge libyen et même les capacités du gouvernement », a expliqué Tamer Ramadan. « C’est la raison pour laquelle le gouvernement dans l’Est a lancé un appel à l’aide internationale et nous allons nous aussi incessamment lancer un appel d’urgence », a insisté le responsable de la Croix-Rouge.

Un écho aux propos d’un responsable du conseil municipal de Derna a qualifié la situation dans sa ville de « catastrophique », « hors de contrôle » et nécessitant une « intervention nationale et internationale ».

Le gouvernement internationalement reconnu de Tripoli ne contrôle pas les zones orientales mais a envoyé de l’aide à Derna, avec au moins un vol de secours partant de la ville occidentale de Misrata mardi.

L’avion de ravitaillement médical d’urgence transporte 14 tonnes de fournitures, de médicaments, d’équipements, de sacs mortuaires et 87 membres du personnel médical et paramédical, à destination de Benghazi, a déclaré le chef du gouvernement d’union nationale de la Libye, Abdulhamid al-Dbeibah, sur X.

«Les nouvelles concernant les graves inondations en Libye sont consternantes. On s’attend à de nombreux morts et blessés, en particulier dans l’est du pays», a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz sur le site X, précisant que son pays était prêt à apporter son aide.

L’Égypte, le Qatar, l’Iran et l’Italie figurent parmi les pays qui se sont déclarés prêts à envoyer de l’aide. Les États-Unis ont également indiqué qu’ils se coordonnaient avec leurs partenaires de l’ONU et les autorités libyennes pour déterminer comment participer aux opérations de secours.

L’ancienne envoyée intérimaire de l’ONU en Libye, Stephanie Williams, a appelé à une aide étrangère rapide, déclarant que la catastrophe «nécessite une augmentation urgente de l’aide internationale et régionale» dans un message sur X. (DPM/2023)

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