DAKAR, 4 FEVRIER (ASPAMNEWS)-La décision prise par le président de la république, Macky Sall d’abroger le décret portant convocation du corps électoral a provoqué des réactions de désapprobation De plusieurs acteurs politiques. Mais la CEDEAO, l’organisation régionale prend acte.
Dans un communiqué, l’organisation sous-régionale déclare prendre note de la décision du président sénégalais d’arrêter le processus électoral.
La Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest prend note de la décision prise par les autorités sénégalaises de reporter les élections présidentielles prévues le 25 février 2024. « La Commission exhorte en outre l’ensemble de la classe politique à donner la priorité au dialogue et à la collaboration pour des élections transparentes, inclusives et crédibles », indique la CEDEAO.
Et d’ajouter que : « La Commission de la CEDEAO exprime sa préoccupation face aux circonstances qui ont conduit au report des élections et appelle les autorités compétentes à accélérer les différents processus en vue de fixer une nouvelle date pour les élections. La Commission exhorte en outre l’ensemble de la classe politique à donner la priorité au dialogue et à la collaboration pour des élections transparentes, inclusives et crédibles. »
Et de conclure que, « La Commission de la CEDEAO salue le président Macky Sall pour avoir maintenu sa décision antérieure de ne pas briguer un autre mandat, et l’encourage à continuer de défendre et de protéger la longue tradition démocratique du Sénégal. La Commission restera saisie de la situation. »
Les candidats à la présidentielle du 25 février prochain, parmi lesquels le professeur Daouda Ndiaye, n’ont pas caché leur désapprobation quant au report de la présidentielle.
« Par rapport au report de l’élection, ce que je regrette, c’est que nous ne soyons pas impliqués dans ce débat. Tous ceux qui sont impliqués ou interpellés ne sont pas nous qui sommes les acteurs clés, qui se sont engagés et qui avons validé nos parrainages », a avancé Daouda Ndiaye.
Il estime qu’il serait « judicieux » que les candidats directement concernés soient impliqués dans ce débat, d’autant que « jusqu’à présent », il n’existe pas, à ses yeux, « d’éléments factuels, solides, sur lesquels on peut se baser pour reporter des élections », même si, en définitive, « l’intérêt du Sénégal est plus important que chacun d’entre nous ».
« S’il faut laisser notre vie pour le Sénégal, moi je le ferais », assure le professeur Daouda Ndiaye, ajoutant : « Si les enjeux sont réels et que le report de l’élection sauverait le Sénégal, nous serions les premiers à le faire, mais jusqu’à présent, nous n’avons pas vu des menaces ou quelque chose d’autre pour qu’on puisse reporter les élections ».
Une position que partage le candidat Serigne Mboup, maire de Kaolack (centre). « C’est honteux et dommage qu’on pose ce débat. Le Sénégal n’a jamais reporté une élection présidentielle. On ne doit pas jouer avec nos institutions », a dit l’homme d’affaires.
Anta Babacar Ngom, elle aussi opposée à tout report, dit réitérer une position qu’elle avait déjà exprimée à ce sujet. « Je pense que j’ai été claire sur ce sujet, nous devons respecter le calendrier électoral, pas un jour de plus. Non au report ».
« Nous sommes prêts à démarrer la campagne et tenir une élection présidentielle le 25 février », ajoute cette candidate. Il s’agit d’un « engagement » et d’une « promesse » faite aux Sénégalais, selon Mme Ngom.
Selon Déthie Fall, «Le Sénégal est connu pour sa tradition démocratique responsable qui nous a amené à toujours tenir à date échue les élections présidentielles et donc, au grand respect du calendrier républicain. Cette décision unilatérale du Président de la République Macky Sall est une entorse insupportable contre la démocratie, les droits et les libertés», regrette Déthié Fall. A cet effet, la Coalition DéthiéFall2024 demande aux Sénégalais épris de justice de s’opposer contre ce «simulacre» de trop.
Le leader de Taxawu Sénégal, Khalifa Ababacar Sall s’oppose au report de l’élection présidentielle, le qualifiant de « coup d’État constitutionnel perpétré par le président de la République ».
« En décidant unilatéralement de stopper « subitement » le processus électoral, sans aucune base légale, le président de la République vient de perpétrer un coup d’Etat constitutionnel », dénonce-t-il.
Qui ajoute : « Dans un discours sans aucune profondeur, évitant toute référence juridique, le président a porté un coup violent à notre démocratie en abrogeant le décret convoquant le collège électoral. Ce faisant, il acte de fait le report de l’élection présidentielle prévue le 25 février ».
Selon Khalifa Sall, « depuis son accession au pouvoir, M. Macky Sall s’est armé d’un bélier pour défoncer les remparts de notre démocratie pour donner corps à son rêve d’éternité au pouvoir ».
« Nous lançons un appel à toutes les forces vives de notre nation à faire face à cette forfaiture. Nous demandons à toutes les forces vives de dresser des barricades contre la monarchisation de notre pays. Nous devons remettre la République à l’endroit. Allons tous dans la même direction pour mettre fin aux multiples dérives du pouvoir et replacer « notre pays sur sa trajectoire démocratique qu’il ne doit jamais quitter », peut-on lire dans le communiqué. (SHG/2024)