DAKAR, 4 FEVRIER (ASPAMNEWS)-Les candidats à la présidentielle du 25 février prochain, accompagnés de certains militants ont manifesté, ce dimanche, contre la décision du président Macky Sall de reporter sine die l’élection présidentielle à juste quelques heures du lancement officiel de la campagne. Des heurts ont éclaté entre les forces de sécurité et manifestants, suivis d’interpellation des opposants.
Les gendarmes ont déclenché un tir nourri de grenades lacrymogènes contre des centaines d’hommes et de femmes de tous âges qui, drapeau du Sénégal à la main ou maillot de l’équipe nationale de foot sur le dos, convergeaient sur l’un des principaux axes routiers de la capitale vers un rond-point où plusieurs candidats d’opposition leur avaient donné rendez-vous.
Les gendarmes, déployés en grand nombre, se sont enfoncés à pied ou en pickups dans les quartiers adjacents à la poursuite des manifestants en fuite. Ils ont alors essuyé des jets de pierres. Des jeunes scandant « Macky Sall dictateur ! » ont dressé des barrages avec des moyens de fortune et incendié des pneus.
Les forces de sécurité ont aussi tiré des grenades lacrymogènes sur les nombreux partisans de Khalifa Sall qui s’étaient rassemblés près du quartier général de leur candidat. Plusieurs femmes se sont trouvées mal sous l’effet des gaz.
L’opposante et ancienne Première ministre Aminata Touré, autre farouche adversaire de l’ajournement, a été arrêtée lors d’un des rassemblements. Anta Babacar Ngom était également détenue. Des images publiées sur les réseaux sociaux la montrent aux prises avec des membres des forces de sécurité.
Un autre candidat, Daouda Ndiaye, a posté sur les réseaux sociaux un message où il assure avoir été « brutalisé » par les forces de l’ordre, et rapporte que certains de ses collaborateurs ont été « arrêtés ».
« Macky Sall veut faire de nous des esclaves. Il ose nous servir des motifs aussi fallacieux pour reporter l’élection, en plus à quelques heures seulement du début de la campagne », s’est indigné un protestataire, Ousmane Biteye, commerçant de 44 ans.
Ce sont les premiers troubles consécutifs à l’annonce par le président Sall du report de la présidentielle du 25 février. « Nous sommes sortis pour dire non à cette forfaiture, non à ce coup d’Etat constitutionnel », a déclaré un manifestant, Demba Ba, 36 ans.
Le Capitaine Seydina OumarTouré, a interpellé le Chef d’Etat major des Armées à prendre le pouvoir, pour le bien de la population sénégalaise. « Aujourd’hui, il n’existe l’ombre d’un doute que le Président de la République du Sénégal outrepasse ses prérogatives et compte sur les forces de l’ordre pour réprimer les sénégalais qui se dresseront contre cette volonté manifestement anticonstitutionnelle. Et de votre belle carrière, l’histoire ne doit pas se rappeler que vous avez épaulé le premier Président de l’histoire du Sénégal indépendant à reporter illégalement une élection présidentielle c’est-à-dire commettre un coup d’état constitutionnel au vue et au sue de la communauté nationale et internationale. Votre devoir et votre serment de protéger la République et l’intérêt général vous oblige à rappeler le Président de la République du Sénégal à l’ordre. Le cas contraire, il vous mettra dans les jours à venir, dans un embarras et dans une posture qui vous placeront du mauvais côté de l’histoire, parce que nous Sénégalais, nous nous battrons pour restaurer la démocratie de ce pays qui nous a tous donné. », a-t-il écrit.
Rappelons que le discours annonçant le report de la présidentielle du 25 février prochain à une date ultérieure a suscité des inquiétudes, même hors du Sénégal. C’est la première fois depuis 1963 qu’une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal.
Le président Sall a invoqué le conflit qui a éclaté entre le Conseil constitutionnel et l’Assemblée nationale après la validation définitive par la juridiction de vingt candidatures et l’élimination de plusieurs dizaines d’autres.Les députés doivent se réunir lundi pour examiner une proposition de loi pour le report de la présidentielle de six mois. Le texte doit être approuvé par les 3/5 des 165 députés pour être validé. (DTH/2024)