SENEGAL-MANIFESTATION-VIOLENCE: un étudiant tué suite aux heurts entre manifestants et Forces de l’ordre

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DAKAR, 10 FEVRIER (ASPAMNEWS)- Plusieurs localités du Sénégal ont été émaillées d’incidents vendredi, lors des manifestations, à l’appel de la société civile et des partis de l’opposition contre le report de la Présidentielle, par le président de la république, au 15 décembre prochain. Bilan: un étudiant a succombé à ses blessures, confirment plusieurs sources. La victime aurait été touchée par une balle au niveau des côtes. D’autres manifestants ont été arrêtés.

Les heurts entre policiers et manifestants se sont poursuivis jusque dans la soirée à Mbacké. Même si les policiers ont réussi à sécuriser le supermarché ainsi que les stations-service, à Touba, les Baye Faal ont prêté main forte aux forces de l’ordre pour empêcher toute manifestation.

Un vendredi pas comme les autres. C’est ce qu’a connu Dakar hier, à la suite de violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants. Des pneus brûlés, des voitures et étales incendiés ont fait le décor de certaines artères de la capitale.

Niary Taly, rond point Colobane, Médina, Liberté 6 et même dans la banlieue, les manifestations étaient visibles. Par endroit, les combats ont été très violents. L’opposition décidée à faire plier Macky Sall n’en démordait pas dans sa lutte. Après avoir déposé le recours contre le décret reportant l’élection présidentielle au Conseil constitutionnel, les leaders de l’opposition se sont donné rendez-vous à la place de la Nation pour faire entendre leur voix. Et ce, après la grande prière du vendredi.

La Police nationale, elle, avait déployé les grands moyens à la Place de la nation (ex-Obélisque) où l’opposition et la société voulait tenir leur rassemblement. À 14 heures déjà, tous les mouvements de foule ont été dispersés par les forces de l’ordre.

Même les fidèles musulmans qui ont assisté à la prière du Jummah à la Grande mosquée Massalikoul Djinane n’ont pas été épargnés par les jets dissuasifs de projectiles des éléments de la Police. La mythique place a été barricadée par un impressionnant dispositif sécuritaire.

Dans les ruelles adjacentes des heurts violents, aux allures de guérilla urbaine ont été notés entre manifestants et policiers aussi bien à Colobane que dans le quartier des HLM 6 angle Mousse où un taxi a été incendié non loin du marché de Colobane.

De même qu’à Dahra Djolof où des heurts ont été enregistrés. Des manifestants ont brûlé des pneus sur la route nationale et dans des ruelles de la ville, pour protester contre le report de la Présidentielle du 25 février 2024. A Dakar, précisément à Khar Yalla, les manifestants ont saccagé des commerces et on nous signale que trois arrestations ont été enregistrées dans les rangs des manifestants.

Plusieurs écoles de Dakar ont aussi suivi le mot d’ordre des syndicats d’enseignants. Dès 10 heures, les cours ont cessé dans plusieurs établissements, notamment ceux trouvant dans la périphérie de Sicap Mbao. C’est le cas également à Kolda où les élèves de la commune ont décrété quatre jours de grève pour protester contre le report de l’élection présidentielle. A Saint-Louis, au-delà d’un mort signalé à l’UGB, les manifestants ont atteint le centre-ville et même barré le pont Faidherbe.  A Ziguinchor, des bus ont été brûlés par les manifestants.

Macky Défend sa décision du report de la présidentielle

Pendant que Dakar et les autres localités du pays sont à feu et à sang, le président de la République, Macky Sall a préféré sortir de son mutisme. Il a en effet, défendu sa décision de reporter l’élection présidentielle alors que des protestations ont éclaté à travers le pays vendredi et occasionné un mort à Saint-Louis.

Dans sa première interview depuis l’annonce du report, M. Sall a balayé les allégations selon lesquelles la décision était anticonstitutionnelle et qu’il avait créé une crise constitutionnelle, affirmant que le pays avait besoin de plus de temps pour résoudre les controverses concernant la disqualification de certains candidats et un conflit entre les pouvoirs judiciaire et législatif.

Le chef de l’État a nié vouloir  s’accrocher au pouvoir. «Je ne cherche absolument rien sauf à laisser un pays en paix et en stabilité», a-t-il déclaré. «Je suis complètement prêt à passer le relais. J’ai toujours été programmé pour cela.»

«Je ne veux pas laisser derrière moi un pays qui plongera immédiatement dans de grandes difficultés», a indiqué le Président. «Je dis maintenant que je vais travailler pour l’apaisement, pour des conditions qui permettront au pays d’être paisible… Tenons tous des discussions inclusives avant d’aller aux élections», a-t-il dit.

Le parlement sénégalais a voté lundi une loi pour l’élection jusqu’au 15 décembre lors d’une séance chaotique.

Le Conseil Constitutionnel devrait statuer dans environ une semaine pour savoir s’il est d’accord avec la conclusion du parlement. Cependant, Macky Sall n’a pas voulu dire s’il accepterait la décision de la cour si elle rejetait le report.

«Il est trop tôt pour moi de considérer cette perspective… Quand la décision sera prise, je pourrai dire ce que je ferai», a-t-il dit.

Macky  Sall a, enfin, appelé la communauté internationale à faire preuve de retenue et de compréhension alors que le Sénégal traverse une période difficile. 

«Pendant les périodes de fragilité, nous devons être prudents… Le pays doit naviguer cette étape de transition électorale avec une lucidité et tranquillité complètes, afin que le pays continue d’avancer», observe-t-il. (APH/2024)

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