31 MAI (ASPAMNEWS)-Après le Nigeria, Ghana, la Côte d’Ivoire, Guinée, Mauritanie ou encore la Gambie, le chef d’État sénégalais, Dimaye Faye, s’est rendu à Bamako, le 30 mai, où il a déclaré que le président de transition du Mali, Assimi Goita, était prêt à discuter du maintien du pays du Sahel au sein de la CEDEAO. « J’ai passé beaucoup de temps à discuter de cette question avec le colonel Goita et j’ai compris la position du Mali qui, tout en étant ferme, n’est pas totalement inflexible », a déclaré M. Faye.
Le président sénégalais a aussi indiqué que toutes les parties devaient travailler ensemble pour trouver des moyens positifs de renforcer l’intégration, « en essayant de corriger les erreurs de la coopération multilatérale ». « Mais nous ne pouvons pas accepter qu’un instrument d’intégration qui était un exemple, impressionnant dans sa conception et ses résultats, se désintègre et que rien ne soit fait pour remédier à cette situation », s’est convaincu M. Faye.
En effet, lors de ses visites au Nigeria et au Ghana, Bola Tinubu Président de la République du Nigeria et de la CEDEAO et le chef de l’Etat Ghanéen, Nana Akufo-Addo, ont tous deux fait appel au président Bassirou Diomaye Faye pour conduire une médiation en vue réconcilier les relations entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger avec l’organisation sous-régionale.
Bassirou Diomaye Faye réussira-t-il dans sa mission, certainement pas impossible, mais bien titanesque? Seul le temps, mais surtout l’esprit d’intégration qu’entend raviver le président sénégalais le diront. En attendant, ces visites de travail et d’amitié, peuvent bien constituer des embryons de la tentative engagée par le nouveau chef de l’Etat sénégalais pour rabibocher des pays que tout rassemble et que peu divise.
A preuve, les populations séparées par des frontières artificielles tracées par la colonisation, gardent des liens forts, souvent cultuels et culturels, même si elles se retrouvent éparpillées, par la force des choses, entre deux ou plusieurs pays.
Du reste, pour ces familles qui partagent sel, tomate et piment, pour la cuisine quotidienne, ces bornes ne sont valables que pour l’administration qui fait la différence entre nationalités et collecte des impôts et droits de douane lors des passages de marchandises. Ou encore des frais de visa pour renflouer les caisses de l’Etat.
La tâche de Bassitrou Diomaye Faye aurait donc été des plus faciles, si seul l’avis des populations comptait! Mais les intérêts politiques et les égos des dirigeants de l’AES et de la CEDEAO, attisés par des discours dits panafricanistes, dont les auteurs ignorent souvent la portée sont passés par là.
Sans oublier les décisions malheureuses de la CEDEAO qui, voulant faire respecter par tous les moyens les textes contre les coups d’Etat militaires, a fini par se mettre en porte-à-faux avec des populations qui sont les seules à, réellement, souffrir des embargos et autres mesures économiques drastiques.
Au lieu d’être une CEDEAO des peuples, et même bien avant les prises de pouvoir par la force au Mali, en Guinée, au Burkina et au Niger, la CEDEAO s’est muée, tout comme d’autres organisations du continent, en «syndicat de chefs d’Etat», fermant les yeux sur les dérives de ses membres.
Les charcutages de constitutions, la mal gouvernance, les atteintes aux droits de l’homme, etc., sont devenus les sports les mieux pratiqués par des dirigeants pourtant «démocratiquement élus», mais pour qui le bien-être de leurs peuples n’a de place qu’à la tribune des meetings électoraux.
Il urge de mettre en place une CEDEAO nouvelle, débarrassée de ses tares qui ont fini par vendanger tous les acquis d’intégration, dont la libre circulation des biens et des personnes, que lui ont toujours enviés ces organisations sœurs des autres parties du continent.
C’est l’offre que doit faire Bassirou Diomaye Faye aux pays qui ont quitté la Communauté et ceux qui y sont restés. Mais comment fermer ces interstices, pour ne pas dire ces crevasses par lesquelles le bateau prend l’eau de toutes parts, avec cette guéguerre Russie-Occident qui s’est déportée vers une Afrique où bien des intérêts politiques et économiques mondiaux se jouent désormais?
La donne est loin d’être négligeable! Et s’il est greffé à cette réalité, le fait que nombre des «nouveaux partenaires» ne se soucient guère des enjeux de la démocratie et font peu cas du respect des droits de l’homme, option dont sont friands bien des dirigeants africains, Bassirou Diomaye Faye, le constructeur de pont entre la CEDEAO et l’AES aura fort à faire dans sa mission possible mais difficile!
L’intégration du Sénégal à l’AES, pas à l’ordre du jour
Le chef d’Etat sénégalais a, ainsi fait part de sa position. Pour le Président Bassirou Diomaye Faye, « cela n’est pas à l’ordre du jour« . « Comme je vous l’ai dit, je ne désespère pas de voir la CEDEAO repartir sur de nouvelles bases qui nous éviteraient la situation que nous traversons aujourd’hui. Tant que nous sommes dans cet élan, je considère qu’il nous faut travailler au sein de la CEDEAO avec les différentes parties prenantes pour voir comment réconcilier les positions. Mais, le Sénégal n’est pas à l’étude pour rejoindre un ensemble quel qu’il soit« , a fait savoir le Président Bassirou Diomaye Faye.
Chez le président Traoré au Burkina Faso, le président Bassirou Diomaye Faye a indiqué dans son discours qu’il est venu dire merci au président TRAORE et au peuple burkinabè pour avoir dépêché une délégation à Dakar lors de sa prestation de serment. « Je suis surtout venu lui réaffirmer mon engagement, l’engagement du Sénégal aux côtés du peuple frère du Burkina Faso ». Les deux homologues ont
» réaffirmé, au cours de cette rencontre, leur détermination à travailler dans le sens de raffermir les relations entre les deux pays sur le plan commercial, de la libre circulation des personnes et des biens en vue d’une meilleure intégration africaine », a-t-il indiqué.
» Je suis venu aussi lui dire toute ma solidarité et ma fraternité avec le peuple burkinabè frère dans la période difficile qu’il traverse et lui dire aussi mon admiration pour la vaillance de ce peuple, sa combativité et sa résilience », a soutenu le Président FAYE. Avant d’insister sur la solidarité agissante de certains pays comme le Sénégal et d’autres pays africains, de triompher face aux défis sécuritaires »,’a-t-il ajouté.
» Nous avons aussi abordé le sujet de la CEDEAO ; je comprends aujourd’hui que les positions soient quelque peu figées, mais je perçois dans chacune de ces positions une fenêtre d’ouverture qui permet de nouer un fil de dialogue », a-t-il ajouté.
Rappelons que la troïka sahélienne a créé l’Alliance des États du Sahel (AES) et aborde conjointement les questions militaires et autres, en coopérant avec la Russie, la Turquie, la Chine et les Émirats arabes unis au lieu de la France et des États-Unis. En revanche, le premier ministre du Niger, Ali Mahaman Lamine Zain ,a appelé les États membres de la CEDEAO à rejoindre l’AES. (SNK/2024)