BENIN-PROCES: 18 mois de prison avec sursis pour trois Nigériens accusés d’usurpation

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COTONOU, 18 JUIN (ASPAMNEWS)-Pendant que l’exploitation du pétrole via le pipeline est suspendue en raison des tensions diplomatiques entre le Niger et le Bénin, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a condamné la Directrice générale adjointe de Wapco Niger et ses deux compatriotes à 18 mois d’emprisonnement avec sursis, pour infraction d’« usurpation de titre et usage de données informatiques falsifiées ».

La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a donc condamné Hadiza Moumouni, Directrice générale adjointe de Wapco Niger, et ses deux collègues à 18 mois de prison avec sursis pour usurpation de titre et usage de données informatiques falsifiées, aboutissant ainsi à leur libération immédiate.

La Cour a suivi les réquisitions du ministère public. En revanche, elle a requalifié les faits et retient « usurpation de titre et usage de données informatiques falsifiées », alors que Mario Mètonou, procureur spécial, les poursuivait, jeudi 13 juin, pour « fausse attestation et usage de fausse attestation ». 

L’audience a duré 5 heures. Les prévenus ont tous plaidé non coupables. Pendant sa déposition, la directrice adjointe de Wapco Niger a craqué et coulé des larmes. La salle a vécu un autre moment d’émotion quand Me Olory Togbé révèle qu’elle est mère d’un bébé de quatre mois.

Mais la sorte de «happy-end» de cet épisode du feuilleton de la «guerre du pétrole» entre le Niger et le Bénin, permet à Dame Hadiza Moumouni, deuxième personnalité de Wapco Niger, de retourner à l’allaitement du bébé dont elle est mère depuis seulement quatre mois.

Il faut rappeler que ces trois personnes qui respirent, à nouveau, l’air vivifiant de la liberté, faisaient partie d’un groupe de cinq à avoir été interpellés, le 5 juin dernier, sur la plate-forme de Sèmè-Kpodji, théâtre du bras-de-fer qui oppose le Bénin et le Niger autour de l’oléoduc qui doit acheminer le pétrole du Niger, pays enclavé sans littoral maritime.

Certes, «la guerre du pétrole» qui est née du refus du Niger d’ouvrir sa frontière avec le Bénin, n’est peut-être pas terminée, mais ce procès, montre à souhait que les dirigeants des deux pays voisins, dans l’intérêt de leurs peuples respectifs, doivent mettre balle à terre. Car, la co-existence harmonieuse séculaire entre Nigériens et Béninois, qui transcende des frontières artificielles nées de la colonisation, doit pouvoir être préservée.

Malheureusement, le putsch militaire du 28 juillet 2023 est passée par là et a mis à mal les relations pacifiques entre le Niger et le Bénin, le deuxième pays étant considéré par le premier comme l’un des tenants de la ligne dure dans la mise en application des mesures drastiques prises par la CEDEAO après le coup d’Etat.

Le Niger du général Abderahamane Tiani, se basant en partie sur un reportage qui s’est révélé travesti, accuse même le Bénin d’abriter des forces françaises dont le but serait de déstabiliser le régime de la transition.

Des arguments, ou alibis, c’est selon, rejetés avec force par le Bénin. Mais pour l’instant, la position des autorités nigériennes reste figée, empêchant toute réouverture officielle de sa frontière avec le Bénin, pour le plus grand malheur des populations des deux pays qui ont toujours commercé en étroite intelligence et en bonne entente.

Sans jeter la pierre à l’une ou l’autre des parties en conflit, on ne peut que réitérer l’appel de Me Mounkaïla Yayé du Barreau du Niger, pour un retour au calme de la situation délétère entre les deux pays.

«Nigériens et Béninois sont des frères. Ces trois personnes que vous jugez, n’ont même pas besoin de badge pour venir chez elles au Bénin. Le pétrole ne doit pas nous diviser». Paroles du conseil de clients qui étaient bien heureux, à la fin de ce jugement, un procès qui, en réalité, était celui de la pulvérisation de la solidarité légendaire tant enviée à l’Afrique par d’autres continents minés par l’individualisme froid.

Notons une fois encore que les accusés, arrêtés le 5 juin et inculpés le 13 juin, avaient plaidé non coupables lors de l’audience qui a duré cinq heures. Hadiza Moumouni a suscité une vive émotion en fondant en larmes pendant sa déposition, son avocat, Me Olory Togbé, ayant révélé qu’elle était mère d’un bébé de quatre mois.

La Cour a ordonné à la police judiciaire de restituer les effets personnels des accusés. Selon Me Léopold Olory Togbé, tout s’est bien passé et les accusés rentrent chez eux ce soir, comme il l’a exprimé en disant : « Je suis bien content, ils rentrent ce soir, tout s’est bien passé ».

Le procureur spécial doit signer rapidement l’ordre de mise en liberté des accusés, leur permettant de retourner au Niger. À l’extérieur du tribunal, le frère et l’époux de Hadiza Moumouni savouraient ce moment, multipliant les conversations téléphoniques.

Le ministère public a relevé que les badges des accusés portaient des mentions inexactes, mais il a conclu sur une note d’apaisement et de fraternité. Me Moukaila Yayé, avocat nigérien, a souligné que Nigériens et Béninois sont des frères. Il a ajouté que ces personnes n’ont même pas besoin de badge pour venir au Bénin, insistant que le pétrole ne doit pas nous diviser.

Malgré les tensions initiales entre le Bénin et le Niger causées par ces arrestations, le verdict clément et les discours conciliants pourraient contribuer à ramener le calme et à détendre les relations entre Cotonou et Niamey. (SPM/2024)

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