DACCA, 21 JUILLET (ASPAMNEWS)-Des manifestations étudiantes contre les quotas dans la fonction publique, jusque-là relativement pacifiques, se sont transformées lundi 15 juillet en de violents affrontements généralisés avec le pouvoir. Les heurts opposent depuis plusieurs jours les étudiants aux forces de l’ordre et aux contre-manifestants de Bangladesh Chhatra League (BCL), l’aile étudiante de la ligue Awami, le parti de la première ministre Sheikh Hasina.
Le système de quotas pour les candidats aux postes de la fonction publique au Bangladesh a été revu à la baisse ce dimanche 21 juillet par la justice – sans toutefois l’abolir. Selon le procureur général A.M. Amin Uddin de la Cour suprême, 5 % des emplois de la fonction publique resteraient réservés aux enfants des vétérans de la guerre d’indépendance et 2 % aux autres catégories.
Ces quotas réintroduits le mois dernier réservaient 30 % des postes aux enfants des anciens combattants de la guerre de libération du Bangladesh contre le Pakistan, catégorie réputée proche du pouvoir en place. De nombreuses voix assurent que le programme bénéficie aux enfants issus des cercles soutenant Sheikh Hasina, 76 ans, qui dirige son pays depuis 2009 et a remporté sa quatrième élection consécutive en janvier après un vote largement joué d’avance.
Le bilan reste incertain. Au moins 110 personnes sont mortes depuis le début de la semaine, 62 rien qu’au cours de la journée de vendredi. Des milliers de personnes ont également été blessées. « L’augmentation du nombre de morts met en lumière l’intolérance absolue dont font preuve les autorités bangladaises à l’égard des manifestations et de la dissidence », a accusé Babu Ram Pant, directeur régional adjoint pour l’Asie du Sud d’Amnesty international. Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les droits humains a également condamné la répression parlant d’attaques « particulièrement choquantes et inacceptables ».
Ce qui a commencé comme une protestation contre des quotas de recrutement aux très prisés emplois publics, accusés de favoriser les proches du pouvoir, a conduit cette semaine aux pires violences sous le mandat de la Première ministre Sheikh Hasina, au pouvoir depuis quinze ans.
La dirigeante, dont le gouvernement est accusé par ses opposants de faire plier le pouvoir judiciaire, a laissé entendre, en début de semaine, que le système auquel s’opposent les manifestants serait supprimé. Mais après la répression croissante de ces derniers jours et l’augmentation du nombre de morts, il n’est pas certain qu’une décision favorable apaise la colère de la population.
Dans la foulée de la décision de la Cour suprême, le principal groupe d’étudiants qui a lancé les manifestations a d’ailleurs affiché son intention de poursuivre le mouvement. «Nous n’arrêterons pas nos manifestations tant que le gouvernement n’aura pas pris une décision prenant en compte nos demandes», a martelé un porte-parole de l’association «Students Against Discrimination». (SBP/2024)