GUINEE: enlèvement de Foniké Menguè et Billo Bah, leurs avocats français s’inquiètent du « silence » de la CEDEAO

0 2 210

CONAKRY, 17 SEPTEMBRE (ASPAMNEWS)-Deux leaders du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), Oumar Sylla alias “Foniké Menguè” et Mamadou Billo Bah, enlevés le 9 juillet dernier à Conakry par un groupe de militaires, n’ont plus été retrouvés. Les avocats français des activistes du FNDC, ont exprimé leur inquiétude face à ce qu’ils appellent le « silence » des autorités de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la disparition mystérieuse de leurs clients.

Alors qu’ils disent avoir écrit à la CEDEAO le 13 septembre dernier, les avocats ont  dans leur communiqué exprimé leur indignation contre l’inaction et le silence de cette organisation sous-régionale. Ils ont exigent alors que des mesures urgentes soient prises pour la libération de leurs clients.

« Le 13 septembre 2024, les soussignés ont écrit solennellement au Président de la Commission de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest, le Dr Omar Touray, pour s’indigner de l’absence de toute réaction de l’organisation intergouvernementale, après l’enlèvement de Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, le 9 juillet 2024. Ils (les avocats, ndlr) ne parviennent absolument pas à comprendre le silence de la CEDEAO sur une situation aussi grave et demandent que des mesures soient prises de toute urgence », peut-on lire dans ledit communiqué.

La CEDEAO est très attendue sur ce fait brûlant de l’actualité guinéenne, car en plus des populations, les familles des deux militants du FNDC, par la voix de leurs épouses, rongées par le désespoir, ont demandé, pour l’instant en vain, des preuves de vie des leurs.  Que reproche, en réalité, le général Mamadi Doumbouya à ceux qui n’ont commis pour tout crime, que celui de défendre la démocratie en dénonçant, entre autres, une transition aux contours flous, mais dont l’élasticité ne semble inquiéter, outre mesure, les institutions régionales, encore moins l’ancienne puissance colonisatrice, la France?

“Le 13 septembre 2024, les soussignés (Me William BOURDON et Cie) ont écrit solennellement au Président de la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, le Dr Omar Touray, pour s’indigner de l’absence de toute réaction de l’organisation intergouvernementale, après l’enlèvement de Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah, le 9 juillet 2024. Ils ne parviennent absolument pas à comprendre le silence de la CEDEAO sur une situation aussi grave et demandent que des mesures soient prises de toute urgence. Personne ne peut plus faire semblant quant à l’absence de réelle volonté des autorités guinéennes de mener des investigations sur la disparition des activistes, précisément en raison de tous les éléments qui les accablent lourdement. C’est de la responsabilité de la CEDEAO, qui occupe un rôle de médiation déterminant, d’agir auprès de la junte. Il est au surplus évident qu’aucune perspective crédible de transition démocratique ne peut exister au regard de la situation totalement dégradée en Guinée. La disparition des deux activistes est symptomatique des attaques à l’endroit de la société civile pour intimider toute force d’opposition”, ont écrit ces avocats dans un communiqué de presse publié ce lundi, 16 septembre 2024.

Pourtant, en tant que président de la république, et donc garant de la vie et du bien-être de ses concitoyens, le général qui a arraché le pouvoir par les armes, est bien responsable de cette disparition des deux activistes, forfaiture dont les avocats accusent «les unités des forces spéciales du GIGN» de la Guinée. Sauf que Mamadi Doumbouya n’en n’est pas, malheureusement, à sa première dérive, ces coups de poignard aux droits humains, qui éloignent, chaque jour, un peu plus, la Guinée du retour à la constitution qui garantit les libertés fondamentales des citoyens.

Définir, aujourd’hui, la situation des droits de l’homme comme grave en Guinée, ne sera nullement osée, encore moins exagérée. Car la répression meurtrière des manifestations de rue, tout comme les morts étranges et inexpliquées comme celle de l’officier et diplomate Sadiba Koulibaly, et la contrainte à l’exil des véritables leaders de l’opposition, sont devenues le programme par excellence de gouvernants guinéens qui, visiblement, ne comptent pas quitter les affaires. En tout cas, pas de sitôt. T

Tout concourt à en rajouter aux souffrances du peuple qui subit, en plus de la chape de plomb, les coups durs de de la vie chère. Et tout cela, au nez et à la barbe de la CEDEAO, qui, visiblement, refuse de se muer pour de bon, en «CEDEAO des peuples», préférant ce statut de «syndicat de chefs de l’Etat» qui lui colle à la peau. Ce faisant, elle vendange tous ses acquis au titre desquels la libre circulation des personnes et de leurs biens, sans oublier des avancées économiques bien réelles.

Mais, comme l’adage énonce qu’«il n’est jamais tard pour bien faire», l’institution d’Abuja doit restaurer l’espoir assassiné en Guinée, en commençant par contraindre le chef de la transition à donner des nouvelles de Mamadou Billo Bah et de Foniké Menguè. Et en facilitant le retour à la maison, de tous ces Guinéens qui se sont vus imposer l’exil forcé, alors qu’ils peuvent contribuer à la construction d’une Guinée dont les populations ne demandent que justice et répartition équitable des produits d’un riche sous-sol. (SJP/2024)

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.