GEORGIE-LEGISLATIVES: le parti au pouvoir en tête, l’opposition pro-européenne dénonce

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TBLISSI, 27 OCTOBRE (ASPAMNEWS)- Après le comptage des bulletins de 70 % des bureaux de vote, le parti Rêve géorgien a remporté 53 % des voix contre 38,28 % à la coalition de quatre partis pro-européens, selon les résultats communiqués dans la soirée par la commission électorale centrale (CEC).

Les deux camps avaient pourtant revendiqué la victoire après la fermeture des bureaux de vote à 20 heures (18 heures à Paris). L’opposition pro-européenne était donnée en tête devant le parti au pouvoir dans un sondage réalisé pour une chaîne de télévision favorable à opposition par l’institut américain Edison Research. Les quatre partis pro-européens auraient remporté un total de 51,9 % des suffrages, contre 40,9 % pour Rêve Géorgien, d’après ce sondage.

Mais l’opposition a contesté ce résultat: «Nous ne reconnaissons pas les résultats faussés d’élections volées», a déclaré lors d’une conférence de presse Tina Bokoutchava, cheffe du Mouvement national uni (MNU), l’un des quatre partis de la coalition d’opposition.

«Usurpation de pouvoir»

Dénonçant «une usurpation de pouvoir et un coup d’Etat constitutionnel», Nika Gvaramia, leader du parti Akhali, a assuré que l’opposition avait «décrypté le schéma de falsification» du scrutin. «Le Rêve géorgien ne restera pas au pouvoir», a-t-il assuré.

Sur la foi d’un sondage de l’institut américain Edison Research réalisé pour une chaîne de télévision favorable à l’opposition, la présidente Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement du Rêve géorgien, avait auparavant annoncé la défaite de celui-ci et la victoire de la Géorgie européenne, «en dépit des tentatives pour truquer le scrutin».

Premier responsable étranger à réagir, le premier ministre hongrois Viktor Orban, unique dirigeant de l’UE resté proche de Moscou, a salué la victoire «écrasante» du parti au pouvoir. Bruxelles a averti que de l’issue de ces élections dépendraient les chances de la Géorgie d’entrer dans l’UE. Cette ancienne république soviétique du Caucase d’environ quatre millions d’habitants, a inscrit cette aspiration dans sa Constitution.

«S’accrocher au pouvoir»

Surveillé par des observateurs internationaux, le scrutin a été marqué par plusieurs incidents, largement relayés en ligne, comme cette vidéo d’une bagarre dans un bureau de vote à Tbilissi ou des échauffourées au siège du Mouvement national uni, un des quatre partis pro-occidentaux de la coalition.

Des images semblant montrer un bourrage d’urnes à Sadakhlo, un village de l’est, ont été très partagées par l’opposition. La commission électorale a annulé les bulletins dans ce bureau.

Le résultat de ces élections à la proportionnelle pour le renouvellement des 150 sièges du Parlement était difficilement prévisible. D’autant que le scrutin, surveillé par des observateurs internationaux, est déjà marqué par plusieurs incidents, largement relayés en ligne.

La commission électorale a annoncé dans l’après-midi avoir été saisie de 133 réclamations sur des violations du secret du vote, des incidents à l’extérieur de bureaux de vote, des obstacles au travail des observateurs.

«Incidents violents profondément préoccupants»

Des images semblant montrer un bourrage d’urnes à Sadakhlo, un village de l’est, ont été très partagées par l’opposition. La commission électorale a annulé les bulletins dans ce bureau. L’opposante Tina Bokoutchava a accusé les «voyous» du Rêve géorgien de «s’accrocher au pouvoir» et de «miner le processus électoral», des propos rejetés par ce parti.

Une vidéo sur une bagarre dans un bureau de vote à Tbilissi a poussé la présidente Salomé Zourabichvili à demander au ministre de l’Intérieur d’agir. Dans un message vidéo, elle s’est inquiétée des «incidents violents profondément préoccupants […] dans différents bureaux de vote». L’association des jeunes avocats, qui surveille ces législatives, a fait état de «violations électorales significatives».

Les experts sur la corruption parlent, en Géorgie, d’un système féodal. S’y attaquer fait partie des prérequis à l’adhésion à l’UE, si tant est que ce chemin soit plébiscité par les électeurs ce samedi. Levan regardera un autre combat. Le Géorgien Ilia Topuria, champion des poids plumes en MMA, remet son titre en jeu. « C’est ma star. Avec lui, on gagne à tous les coups. »

Tina Bokoutchava, cheffe du Mouvement national uni, l’un des quatre partis de la coalition d’opposition, a accusé dans la journée les «voyous» du Rêve géorgien de «s’accrocher au pouvoir» et de «miner le processus électoral», des propos rejetés par ce parti, dirigé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili. Le Mouvement national uni est le parti de l’ex-président emprisonné Mikheïl Saakachvili, ennemi juré de M. Ivanichvili.

À Tbilissi, Giga Abouladzé explique avoir choisi le Rêve géorgien parce qu’il travaille «pour le peuple» et qu’il faut être «ami» avec l’Europe mais aussi avec Moscou. «Bien sûr que j’ai voté pour l’Europe, parce que je veux vivre en Europe, pas en Russie. Donc j’ai voté pour le changement», a dit Alexandre Gouldani, un étudiant de 18 ans qui a fait le choix inverse.

L’alliance d’opposition, qui avait promis des réformes électorales, judiciaires et l’abrogation de lois décriées promulguées il y a peu, accuse le Rêve géorgien, de s’être engagé dans une spirale vers un régime autoritaire prorusse et d’éloigner la Géorgie de l’Union européenne et de l’Otan, à laquelle elle ambitionne également d’adhérer.

Crainte d’une «ukrainisation»

Certains de ses dirigeants sont très critiques envers l’Occident. Bidzina Ivanichvili l’a qualifié de «parti mondial de la guerre», qui traiterait la Géorgie, sa victime, comme de la «chair à canon». Ce pays riverain de la mer Noire reste très marqué par une brève guerre en 2008 avec l’armée russe.

À son issue, la Russie a installé des bases militaires dans deux régions séparatistes géorgiennes, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, dont elle a reconnu l’indépendance unilatéralement proclamée. Dans ce contexte, le Rêve géorgien a fait campagne en se présentant comme seul capable d’empêcher une supposée «ukrainisation» de la Géorgie.

Le gouvernement disait avant le scrutin vouloir obtenir les trois quarts des sièges du Parlement, ce qui le mettrait en position de modifier la Constitution et, en vertu de son projet, d’interdire les partis d’opposition pro-occidentaux.

Rappelons que la Géorgie a été secouée en mai par de grandes manifestations contre une loi sur «l’influence étrangère», inspirée d’une législation russe sur les «agents de l’étranger» utilisée pour écraser la société civile. Bruxelles a gelé dans la foulée le processus d’adhésion de la Géorgie à l’UE et les États-Unis ont pris des sanctions contre des responsables géorgiens.

Autre cause de tensions avec les Occidentaux : la récente promulgation d’une loi restreignant fortement les droits des personnes LGBT+ dans ce pays de tradition chrétienne orthodoxe où l’hostilité envers les minorités sexuelles demeure forte. (PHL/2024)

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