RDC: Assassinat de l’opposant Chérubin Okende, révolte des parlementaires de l’opposition

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KINSHASA, 14 JUILLET (ASPAMNEWS)- Le matin de jeudi, l’opinion tant nationale qu’internationale est sous le choc. Pour cause, le corps criblé de balles et ensanglanté d’un opposant à Félix Tshisekedi, Chérubin Okende, porte-parole de l’opposant Katumbi et candidat à la présidentielle prochaine, a été découvert. Les députés et sénateurs de l’opposition se sont rendus aussitôt à la morgue de l’hôpital du cinquantenaire où se trouve son corps, pour crier leur ras-le-bol et ont exhorté les Congolais à se lever contre l’injustice dans le pays.

« Nous, les députés et sénateurs de l’opposition, nous nous sommes retrouvés ici à la morgue de l’hôpital du cinquantenaire pour cette triste nouvelle de la mort de notre collègue Chérubin qui a été assassiné. C’est inadmissible dans un pays qui se dit démocratique qu’un député soit assassiné à cause de ses convictions », a dit le député Ados Ndombasi parlant au nom de ses collègues parlementaires de l’opposition.

Ils en appellent à une mobilisation tous azimuts: « C’est pourquoi nous demandons au peuple de se lever et de ne pas accepter ou cautionner qu’un représentant du peuple soit aussi lâchement abattu ». Il prévient que l’opposition politique organisera des activités pour protester contre cet assassinat.

La mort du porte-parole, laisse inconsolable une autre personnalité d’envergure de l’opposition congolaise, Moïse Katumbi Chapwe. Chérubin était un des proches des proches du président du parti Ensemble pour la République, et aussi du célèbre club de football, le TP Mazembé.

D’ailleurs, c’est sous sa casquette de dirigeant sportif qu’il se trouvait à Abidjan, pour l’Assemblée générale de la Confédération africaine de football (CAF) que le puissant homme d’affaires congolais a été informé de ce qu’il a aussitôt qualifié d’«assassinat politique», écourtant dans la lancée, son séjour ivoirien.

Que s’est-il donc passé pour que de disparition mystérieuse dans l’après-midi du mercredi, on parle de la mort de Chérubin Okende ce jeudi? En tout cas, à l’instar de Moïse Katumbi, qui a comparé cette mort à celle de Floribert Chebeya, militant congolais des droits de l’Homme, assassiné le 2 juin 2010, des membres de l’opposition, entre larmes, colère et inquiétudes, ont crié à «l’assassinat d’un opposant qui gêne». Même le pouvoir s’est dit consterné par le triste évènement.

Le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi et son gouvernement, condamnant un «acte odieux» ont instruit la justice et la police afin que la lumière soit faite sur ce crime. Car l’acte criminel ne souffre pas du moindre doute, une balle ayant traversé la tête de l’ancien vice-président de la société civile du Congo (Socico).

Du candidat malheureux à la présidentielle de 2018, Martin Fayulu à l’ancien Premier ministre de Joseph Kabila, Matata Ponyo Mapong, en passant par le président de l’Association africaine des droits de l’Homme, Jean Claude Katende, tout comme les ambassadeurs de la Belgique, des Etats-Unis d’Amérique et de l’Union européenne, tous ont élevé la voix contre cette mort horrifiante.

Un assassinat visiblement de trop, dans une RD Congo où le président Félix Tschisekedi, opposant et fils d’opposant historique, avant de prendre le pouvoir dans la contestation de son principal challenger, Martin Fayulu donné vainqueur des élections par l’Eglise catholique congolaise à l’époque, est vivement critiqué par ses opposants, sa société civile et une bonne partie du peuple.

En tout cas, cet assassinat risque d’être l’étincelle qui pourrait mettre le feu aux poudres, si ça se trouve, dans un contexte socio-politique hautement inflammable en RD Congo. C’est sans mettre de gants que Bienvenu Matumo de la Lucha évoque «un crime d’Etat» dans «une dictature sanguinaire qui tue et assassine toute voix opposante et dissidente».

Si la vérité est encore loin d’être connue sur cette mort dont les mobiles restent également inconnus, il faut juste espérer qu’elle ne reste impunie comme l’ont été des crimes du genre, en RD Congo et dans d’autres pays sous les tropiques.

Le Chebeya bis

Le contexte de ce meurtre corrobore avec celui de l’activiste de droits de l’homme, Floribert Chebeya et de son chauffeur, en 2010. Bien avant son assassinat, Chebeya – qui gênait l’administration Kabila – était convoqué au commissariat de la Police Nationale congolaise. Quelques jours après, son corps a été retrouvé sans vie dans son propre véhicule.

Plus d’une décennie plus tard, ce double assassinat continue à hanter les esprits et fait objet d’un procès avec sur le banc des accusés, plusieurs hauts gradés de l’armée sous Kabila. Ce que beaucoup continuent à qualifier de « crime d’État », reste calqué sur le règne de Kabila.

Le cas Okende, intervenant sur fond d’une crise politique très prononcée, vient salir un Tshisekedi présenté par ses opposants comme « dictateur » et un régime reproché « d’imposer la pensée unique » dans un Congo non encore guéri des années Kabila.

Rappelons que le député national Chérubin a été assassiné après son enlèvement la veille par des hommes armés. Son corps a été retrouvé ce jeudi 13 juillet à bord de sa Jeep Lexus Super Sport immatriculée 8953AF/19 devant le garage de Kinshasa, en diagonale de la Direction Générale de la Société Pétrolière du Congo (SEP CONGO).

Chérubin Okende était haut cadre et porte-parole du parti de Moïse Katumbi qui, lui, s’est déclaré candidat à la présidentielle de décembre prochain. C’est un climat de terreur qui règne dans la capitale et dans certaines villes du pays à moins de six mois des élections.

Plusieurs opposants dont Salomon Kalonda, le conseiller spécial de M. Katumbi, le député Mike Mukebayi, aussi membre du parti Ensemble pour la République, l’ancien député et proche de Katumbi, Franck Diongo  sont aux arrêts. (CDO/2023)

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