CONAKRY, 19 JANVIER (ASPAMNEWS)- Neuf journalistes ont été arrêtés et plusieurs autres ont été séquestrés jeudi 18 janvier 2024, par des gendarmes massivement déployés à la maison de la presse pour empêcher une manifestation du SPPG (syndicat des professionnels de la presse de Guinée) contre la restriction d’accès à internet et le musellement des médias en Guinée.
Les neuf journalistes qui avaient été arrêtés le jeudi 18 janvier 2024 par la gendarmerie ont été libérés dans la soirée. Ils ont été conduits à la gendarmerie régionale de Conakry sise à Dixinn et à la brigade de recherche de Kipé où ils ont été interrogés.
Selon Sekou Jamal Pendessa, le secrétaire général du syndicat des professionnels de la presse privée de Guinée (SPPG), leur audition par les OPJ se poursuit ce vendredi.
Quant au 29 journalistes confinés à la maison de la presse durant 9 heures par un impressionnant dispositif sécuritaire, ils ont pu regagner leur domicile.
Il faut souligner que les autorités ont imposé aux médias Espace FM et FIM FM une synchronisation de leur antenne pour diffuser la musique essentiellement militaire alors que SPPG avait appelé les Guinéens à un déferlement humain dans les rues de la capitale Conakry pour dénoncer la censure et le musellement de la presse.
La répression de cette manifestation des professionnels des médias a été vivement condamnée par de nombreux acteurs politiques et sociaux du pays. Dans un entretien ce vendredi, 19 janvier 2024, Mamadou Kaly Diallo, activiste de droit de l’homme, a dénoncé « un grave recul de la liberté » d’opinion et d’expression en Guinée.
» J’ai une réaction d’indignation. Ça, c’est en violation de l’article 19 de la déclaration universelle de droits de l’homme qui stipule la liberté d’opinion. Tout individu a droit à la liberté d’opinion, à la liberté d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions. Nous savons que les médias privés guinéens sont face à des restrictions, et vous étiez en train de protester contre ces restrictions-là, et c’est dans ce cadre que vous êtes victimes de cette séquestration-là. La manifestation est consacrée par l’article 20 de la déclaration universelle », a-til déclaré.
Donc, c’est en violation de cet article de déclaration universelle que vous avez été séquestrés pendant toute cette journée. Il est à noter que ça, c’est un recule grave. Parce que la Guinée était très avancée en matière de liberté d’opinion, de liberté d’expression. Et d’ailleurs, dans ce sens-là on était parti jusqu’à avoir une loi qui dépénalise les délits de presse.
« Donc, quand nous voyons ce qui se passe aujourd’hui, la restriction des médias, le retrait de certains du bouquet canal+, ça c’est un recul grave en termes de libertés publiques que nous sommes en train d’observer. Donc, en tant que défenseur des droits de l’homme, nous condamnons fermement ces restrictions-là. Et j’ose espérer que des enquêtes sérieuses seront menées pour non seulement identifier ceux qui sont à l’origine de ces séquestrations, mais que le gouvernement prendra toutes les mesures idoines afin que ces restrictions soient levées. D’autant plus que vous avez vu la fois dernière, ce sont les corps diplomatiques accrédités en Guinée qui ont marqué leur indignation vis-à-vis de ces restrictions. Donc, aujourd’hui les populations subissent vraiment les conséquences de ces restrictions », a déploré l’activiste de droit de l’homme Mamadou Kaly Diallo.
Reporters Sans Frontières (RSF) a condamné l’arrestation des neuf journalistes à Conakry. Une arrestation qui a eu lieu ce 18 janvier 2024, lors d’une manifestation contre la restriction de certains médias dans le pays et de l’Internet.
» L’escalade sans fin des attaques contre la presse en Guinée doit cesser : les 9 journalistes interpellés ce jeudi 18 janvier 2024, jour de manifestation contre la vague de restrictions des médias dans le pays, doivent être libérés et les issues de la Maison de la presse doivent être débloquées » , lit-on dans la publication de RSF. (SHG/2024)