Liberté de la presse: l’Afrique de l’ouest indexée

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3 MAI (ASPAMNEWS)-Dans son rapport au titre du dernier trimestre 2022, la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) note une baisse de 55% du nombre de violations de la liberté d’expression, par rapport à la période Juillet-Septembre 2022, qui avait enregistré 46 cas.

Cependant, le tableau de la liberté d’expression à travers la région demeure sombre. En effet, la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest recense « 21 violations de la liberté d’expression » au cours du quatrième trimestre 2022 (Octobre-Décembre).

La situation se caractérise par des attaques physiques; des arrestations/détentions; des suspensions de journaux, des amendes, des condamnations, des fermetures, des menaces. Des mesures répressives « renforcées par la surveillance numérique, les analyses médicolégales numériques et le piratge des appareils numériques des journalistes et des militants », s’ouligne l’ONG internationale basée à Accra.

Selon cette organisation qui milite contre les violations et les attaques contre la liberté de la presse en Afrique de l’Ouest, les agents de sécurité sont responsables de 40% des violations au cours du dernier trimestre 2022. Alors que 15% des violations sont commises par les agents de l’Etat/de la fonction publique et les individus. Viennent ensuite les instances de régulations des médias et les partisans de partis politiques, qui sont responsables de 10% des cas de violations recensées.

« La menace qui pèse sur les droits de l’homme en général et sur la liberté de la presse en particulier s’est accentuée ces dernières années. Les rébellions armées et les attaques terroristes dans la zone sahélienne du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du nord du Nigeria ont conduit à l’adoption d’une série de lois qui restreignent l’espace civique et inhibent la liberté de la presse. Les gouvernements civils du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso ont également été renversés par les militaires. Ces évènements ont créé un environnement étouffant qui restreint la liberté de la presse », souligne le rapport publié en prélude à la Journée internationale de la liberté de la presse observée ce mercredi 3 Mai.

Message de l’Ambassade des USA au Togo

L’Ambassade des Etats-Unis au Togo a adressé “une pensée spéciale” aux professionnels des médias togolais qui subissent des persécutions dans l’exercice de leur fonction de journaliste.

Dans une publication ce mercredi 03 mai 2023, l’Ambassade a cité le Secrétaire d’État Américain Antony Blinken : “la liberté de presse est indispensable pour informer le public, responsabiliser les gouvernants et raconter les histoires qui autrement, seraient cachées”.

Les USA rassurent qu’ils continueront à “défendre le travail courageux et nécessaire des journalistes dans le monde entier.” L’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré le 3 mai Journée mondiale de la liberté de la presse, afin de rappeler aux gouvernements la nécessité de respecter leur engagement en faveur de la liberté de la presse. Elle constitue également une journée de réflexion pour les professionnels des médias sur les questions relatives à la liberté de la presse et à l’éthique professionnelle.

Tout aussi importante, la Journée mondiale de la liberté de la presse est une journée de soutien aux médias qui sont des cibles pour la restriction ou l’abolition de la liberté de la presse.

Malheureusement, la liberté de la presse rampe encore au Togo où plusieurs de nos confrères sont contraints à l’exil pour avoir critiqué des officiels qui sont pourtant censés rendre compte du service qui leur est confié.

Le Sénégal dégringole en perdant 31 places

Comme chaque année, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai, l’ONG Reporters sans frontières dévoile son Classement mondial. Le Sénégal est dans la dégringolade. Classé 73e dans le rapport en 2022, le pays se retrouve à la 104e position en 2023, synonyme d’une perte de 31 places.

Selon le rapport, les baisses les plus importantes de l’édition 2023 se trouvent notamment en Afrique. En effet, modèle régional jusqu’à il y a peu, le Sénégal (104e) perd 31 places, notamment du fait des poursuites dont ont fait l’objet les journalistes Pape Alé Niang et Pape Ndiaye et de la forte dégradation des conditions sécuritaires des journalistes.

Cette 21e édition du Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF) révèle des évolutions majeures et parfois radicales, liées à une instabilité politique, sociale et technologique.

Il apparait que la situation est « très grave » dans 31 pays, « difficile » dans 42 et « problématique » dans 55, alors qu’elle est « bonne » ou « plutôt bonne » dans 52 pays. Autrement dit, les conditions d’exercice du journalisme sont mauvaises dans 7 pays sur 10 et satisfaisantes dans seulement 3 pays sur 10.

Le Burkina perd 17 places et est classé 58e sur 180 pays (RSF)

Le Burkina Faso qui occupait la 41e place en matière de liberté de presse en 2022, a perdu 17 places est classé 58e sur 180 pays cette année 2023, selon Reporters Sans Frontières (RSF).

« Alors que le Burkina Faso était considéré jusqu’à récemment comme l’une des réussites du continent africain pour la liberté de la presse, la montée de l’insécurité et l’instabilité politique, liée aux deux coups d’État survenus en janvier et en septembre 2022, ont considérablement dégradé la sécurité et l’accès à l’information des journalistes », affirme RSF qui déclare que « la dégradation du contexte politique et sécuritaire entraîne une augmentation de l’autocensure et des pressions ».

Selon RSF, « bien que le libre exercice de la profession de journaliste soit une réalité » dans ce pays, « les autorités ont tendance à privilégier la lutte contre l’insécurité aux dépens de la liberté d’information ».

Il ressort également que « la sécurité des journalistes s’est considérablement dégradée au Burkina Faso ces dernières années ». « En avril 2021, pour la première fois depuis plus de 20 ans, deux journalistes, de nationalité espagnole, David Beriain et Roberto Fraile, ont été tués alors qu’ils étaient en reportage dans l’est du pays. En mars 2022, une radio au nord du pays a fait l’objet d’une attaque terroriste. Les zones classées comme dangereuses sont très difficiles d’accès. Les violences envers les journalistes se sont également multipliées, qu’elles proviennent des groupes armés ou des autorités. En février 2023, un leader d’un collectif pro-junte a été condamné à deux ans de prison avec sursis pour avoir proféré des menaces de mort contre deux journalistes. Enfin, il n’est pas rare que les professionnels des médias soient violemment menacés et violentés lors de manifestations », rappelle Reporters Sans Frontières.

Egalement des médias comme les chaînes de télévision d’information RFI et France 24 ont été suspendues jusqu’à nouvel ordre, des journalistes, tels que les correspondantes du Monde et de Libération ont été expulsées en avril 2023.

Le Cameroun est l’un des pays les plus dangereux du continent pour les journalistes (RSF)

Selon Reporters Sans Frontières, le Cameroun est l’un des pays les plus dangereux du continent pour les journalistes. Le Cameroun se classe au 24e rang mondial en matière de liberté de la presse, selon une étude publiée mercredi 3 mai 2023 par Reporters sans frontières (RSF). En effet, ce classement établi chaque année par RSF compare le degré de liberté dont jouissent les journalistes et les médias dans 180 pays et se fonde sur cinq indicateurs : contexte politique, cadre légal, contexte économique, contexte socioculturel et sécurité.

Dans son descriptif sur le Cameroun, l’organisation de la défense de la liberté de la presse estime que « bien que le Cameroun possède l’un des paysages médiatiques les plus riches d’Afrique, c’est l’un des pays les plus dangereux du continent pour les journalistes, qui évoluent dans un environnement hostile et précaire« . RSF assure également que trois journalistes croupissent dans les prisons camerounaises.

Pour étayer son argumentaire, Reporters sans frontières se brandit l’affaire Martinez Zogo. Le directeur d’Amplitude FM a été kidnappé et assassiné en janvier 2023. Plusieurs suspects ont été arrêtés dont le richissime homme d’affaire Jean Pierre Amougou Belinga et deux cadres patrons des renseignements. t(RSF/2023)

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