JAPON/G7: de nouvelles sanctions contre la Russie et une ombre chinoise

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HIROSHIMA, 19 MAI (ASPAMNEWS)-Les États-Unis et leurs alliés du G7 ont annoncé vendredi 19 mai de nouvelles sanctions pour enrayer la capacité de la Russie à poursuivre sa guerre en Ukraine, visant le très lucratif commerce des diamants russes, juste avant le début de leur sommet à Hiroshima.

Les dirigeants des pays du G7, réunis en sommet à Hiroshima, au Japon, ont annoncé de nouvelles sanctions visant à « priver la Russie des technologies, des équipements industriels et des services du G7 qui soutiennent son entreprise guerrière ».

Ces mesures incluent des restrictions sur les exportations de biens « essentiels pour la Russie sur le champ de bataille », ainsi que le ciblage d’entités accusées d’acheminer du matériel vers le front pour le compte de Moscou, selon un communiqué consulté par l’Agence France-Presse.

Le Royaume-Uni et l’Union européenne avaient auparavant décidé de restrictions de leurs importations de diamants russes, une industrie qui rapporte chaque année plusieurs milliards de dollars à Moscou. « Les diamants russes ne sont pas éternels », avait alors déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel, cette nuit. Ces sanctions montrent que « le G7 reste uni face à la menace de la Russie et ferme dans son soutien à l’Ukraine », a déclaré de son côté le premier ministre britannique, Rishi Sunak.

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est attendu à Hiroshima. « Des choses très importantes seront décidées sur place, et donc la présence, la présence en personne de notre président est absolument essentielle pour défendre nos intérêts », a déclaré le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien, Oleksi Danilov. Au Japon, le chef d’Etat ukrainien pourrait réitérer sa demande d’avions de combat pour mieux s’opposer aux troupes russes à l’approche de la contre-offensive annoncée de Kiev.

Il pourrait aussi tenter de convaincre les dirigeants de puissances-clés invitées par le G7, comme le premier ministre indien, Narendra Modi, de jouer un rôle accru en faveur d’une résolution politique. L’Inde entretient des liens militaires étroits avec la Russie et a refusé de condamner l’invasion russe de l’Ukraine.

En effet, la guerre en Ukraine sera abordée dès ce vendredi à Hiroshima où se tiendra le G7 jusqu’à dimanche. Après l’annonce, mardi, par le Royaume-Uni et les Pays-Bas, visant à «bâtir une coalition internationale pour fournir à l’Ukraine des capacités aériennes de combat […], en allant de la formation à la livraison d’avions F16», le G7 va tenter de trouver un point d’équilibre entre des partenaires occidentaux divisés sur cette question. A Berlin, mercredi, les ministres britannique et allemand de la Défense ont estimé qu’il revenait «à la Maison Blanche» de décider d’une éventuelle livraison de F16.

Suspense autour de Zelensky

Les Émirats arabes unis, l’Inde et la Belgique, qui est membre de l’UE, figurent parmi les principaux importateurs de diamants russes, et un responsable européen avait estimé jeudi que l’adhésion de New Delhi serait cruciale.

Les dirigeants du G7 pourront présenter leurs arguments directement au premier ministre indien, Narendra Modi, dont le pays entretient des liens militaires étroits avec la Russie, et qui a refusé de condamner l’invasion russe de l’Ukraine.

Japan’s Prime Minister Fumio Kishida greets US President Joe Biden before a bilateral meeting in Hiroshima on May 18, 2023, ahead of the G7 Leaders’ Summit. (Photo by Brendan Smialowski / AFP)

L’Inde fait partie des huit pays tiers dont les dirigeants ont été conviés à Hiroshima : un moyen pour le G7 de tenter de rallier certains États réticents à condamner Moscou et à s’opposer aux ambitions militaires croissantes de Pékin.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky devrait s’exprimer par vidéoconférence au cours du week-end. Le gouvernement japonais a écarté l’hypothèse de sa venue en personne, mais les spéculations persistent.

Rêve japonais de désarmement

« J’espère qu’ici, à Hiroshima, le G7 et les dirigeants d’autres pays montreront leur engagement en faveur de la paix, ce dont l’histoire se souviendra », a déclaré jeudi le premier ministre japonais Fumio Kishida, qui a ses racines familiales et politiques à Hiroshima et qui aimerait inscrire le désarmement nucléaire à l’ordre du jour.

Ce moment de recueillement devrait cependant rester symbolique, étant donné que les États-Unis, le Royaume-Uni et la France possèdent des milliers d’ogives nucléaires, et que les autres membres du G7, dont le Japon, sont couverts par le « parapluie nucléaire » américain.

Joe Biden deviendra seulement le deuxième président américain en exercice à visiter Hiroshima, mais comme Barack Obama en 2016 il ne devrait pas présenter d’excuses au Japon.

Outre l’Ukraine, l’agenda sera aussi dominé par la Chine et la diversification des chaînes d’approvisionnement des pays du G7 pour se prémunir contre le risque de « coercition économique » de Pékin.

« Nous voulons organiser les relations d’approvisionnement, de commerce et d’investissement à l’échelle mondiale de telle manière que les risques ne soient pas accrus par la dépendance à l’égard de certains pays », a déclaré jeudi le chancelier Olaf Scholz, sans citer la Chine. La France a toutefois assuré que ce ne serait « pas un G7 de la confrontation » mais « un G7 de la coopération et de l’exigence à l’égard de la Chine ».

L’Élysée a indiqué que les membres du G7 feraient dimanche une déclaration sur le désarmement nucléaire. Les chefs d’État tiennent à rappeler qu’une guerre nucléaire ne pouvait pas être gagnée, dans la mesure où elle aboutirait à l’anéantissement mutuel des belligérants.

Ils devraient également rappeler leur engagement à l’égard du traité de non-prolifération nucléaire, signé par 191 pays en 1968. Cette déclaration aura une portée particulière en raison de la tenue du sommet à Hiroshima, victime de l’arme atomique en 1945, de la reprise du programme nucléaire de l’Iran et des menaces russes répétées en Ukraine. (SPM/2023)

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