KIEV, 22 MAI (ASPAMNEWS)-La centrale nucléaire de Zaporijjia a été à nouveau coupée du réseau électrique ukrainien, a affirmé lundi 22 mai l’administration d’occupation russe. Pendant ce temps, Vladimir Poutine, a déclaré que la ville de Bakhmout était tombée. Le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Syrsky, a reconnu que son armée ne contrôlait plus qu’une partie «insignifiante» de la cité ravagée, tout en assurant qu’elle progressait sur ses flancs et pouvait prétendre l’encercler.
L’opérateur ukrainien Energoatom a affirmé que cette coupure avait été causée par une « attaque » nocturne des forces russes ayant coupé la liaison avec la dernière ligne électrique à haute tension reliant la centrale au réseau ukrainien.
« En raison de la coupure de la ligne à haute tension Dnieprovskaïa (connectée à une centrale dans la région de Dnipro, NDLR),la centrale nucléaire de Zaporijjia a perdu son alimentation extérieure en électricité », a indiqué l’administration russe. Elle a précisé que les générateurs diesel de secours du site avaient été enclenchés pour assurer temporairement son fonctionnement minimal. Ces générateurs ont normalement du carburant pour fonctionner plusieurs jours.
La ville de Dnipro, dans le centre-est de l’Ukraine, a été visée dans la nuit de dimanche à lundi par 16 missiles et 20 drones explosifs russes, a annoncé l’armée ukrainienne.
Au cours de cette « attaque nocturne », « quatre missiles de croisière Kh-101/Kh-555 et 20 drones d’attaque Shahed ont été détruits par la défense antiaérienne », a indiqué l’armée dans un communiqué publié sur Facebook.
L’armée ukrainienne affirme mener des contre-attaques dans la ville dévastée de Bakhmout, dont le président Volodymyr Zelensky a démenti la capture revendiquée par la Russie.
Le chef du groupe paramilitaire Wagner, Evguéni Prigojine, puis le ministère russe de la défense avaient assuré samedi avoir « totalement libéré » Bakhmout. Mais Volodymyr Zelensky, a assuré dimanche que la ville « n’est pas occupée » par les troupes russes, après une série de déclarations ambiguës sur la situation sur place.
« Il n’y a rien dans cet endroit (…) juste des ruines et beaucoup de Russes morts », a assuré le président ukrainien. Il a comparé les destructions sur place à celles causées par le bombardement à l’arme atomique par les États-Unis de Hiroshima en 1945.
La ville du Donbass de 70 000 habitants avant guerre, connue pour son vin pétillant, est donc en passe d’être prise par les forces russes, essentiellement des miliciens du groupe Wagner, si ce n’est déjà fait.
Épuisés par des combats dantesques, une guerre d’artillerie et de tranchées qui n’est pas sans rappeler certaines batailles de la Première Guerre mondiale, les soldats ukrainiens restent présents autour de la ville, surtout au nord et au sud où ils ont enregistré des progrès ces dernières semaines. Ils ont aussi lancé des contre-attaques sur le flanc ouest.
«L’importance de la défense [de la ville] reste d’actualité. Cela nous donne la possibilité d’y entrer en cas de changement de situation, ce qui se produira certainement, a affirmé sur Telegram Oleksandre Syrsky. Nous continuons à avancer sur les flancs dans la banlieue, nous nous approchons de la prise de la ville dans un encerclement tactique.» Autrement dit, la victoire russe n’en est pas une, et les combattants de Moscou seront bientôt piégés.
Le patron de Wagner, Eygueni Prigojine, a déclaré dès samedi que ses hommes n’attendront pas et qu’ils seront relevés par des soldats de l’armée régulière. «D’ici au 25 mai, nous allons fouiller complètement la ville, créer des positions défensives et la transférerons aux militaires pour qu’ils s’en occupent. De notre côté, nous retournerons dans les bases», a-t-il affirmé.
Il a une nouvelle fois accusé l’état-major de l’armée russe de ne pas le soutenir. «Nous ne nous sommes pas uniquement battus avec l’armée ukrainienne à Bakhmout, nous nous sommes [aussi] battus avec la bureaucratie russe, qui nous mettait des bâtons dans les roues.»
Boucherie
L’Institute for the Study of War (ISW), qui publie un bulletin quotidien des mouvements de troupes, doute de la faisabilité du plan de Wagner. «Se retirer alors que les troupes sont toujours en contact avec l’ennemi est une tâche extrêmement compliquée que les forces de Wagner ne pourront vraisemblablement pas assurer dans les cinq jours», indique sa note du 20 mai. Les soldats ukrainiens, présents dans les faubourgs de Khromove et d’Ivanivske, restent capables de viser avec leur artillerie les combattants russes déployés à Bakhmout. Une éventuelle relève par l’armée régulière semble elle aussi compromise tant les relations sont mauvaises avec les mercenaires de Wagner. «Il est plus probable que les redéploiements de bataillons russes servent à sécuriser les flancs de Bakhmout menacés», note l’ISW.
Moscou doit aussi compter avec la contre-offensive globale annoncée par Kiev, alors que l’obsession de s’emparer d’une ville surnommée «le hachoir à viande» a considérablement affaibli ses forces. Le 1er mai, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a affirmé que plus de 100 000 Russes avaient été tués ou blessés depuis décembre, principalement à Bakhmout. Un prix à payer exorbitant pour une ville qui n’a pourtant rien de stratégique. (SPM/2023)