SÉNÉGAL: Dakar en feu, les journalistes molestés

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DAKAR, 30 MAI (ASPAMNEWS)-De violentes manifestations ont repris, à Dakar, avec comme étincelle la cité Keur Gorgui où tout accès à son domicile est rendu impossible par une forte présence des forces de l’ordre. Mais la terreur s’est poursuivie jusque dans la soirée avec des véhicules de responsables du régime incendiés.Les journalistes couvrant le blocus de la maison d’Ousmane Sonko à la Cité Keur Gorgui ce lundi ont été encore malmenés par les forces de défense et de sécurité lors de l’éclatement des manifestations.

Erigés en forteresse imprenable depuis son arrestation suivie de son transfert dans la capitale, les alentours de la maison de Sonko ont été, ce lundi, le théâtre d’affrontements sporadiques entre forces de l’ordre et militants du Pastef.

Le mot d’ordre lancé quelques heures plus tôt, à savoir le ralliement sur les lieux, entre autres, des maires et conseillers de son parti, des membres de la coalition Yewwi et ceux du F24, a rallumé la furie des jeunes acquis à sa cause. Avec, cette fois ci, comme slogan de combat « la levée immédiate des barricades » policières installées aux allures d’une assignation en résidence surveillée infligée au principal opposant du pouvoir. L’activiste Aliou Sané du mouvement Y’en à marre et le député Guy Marius, venus répondre l’appel, se sont frottés en premier avec les policiers avant d’être arrêtés.

D’autres leaders de l’opposition comme Déthié Fall bloqués à plusieurs mètres du domicile de Sonko se sont résolus à une déclaration de presse. Qui, dans la foulée de ce bras de fer, a fini par être dispersée sous les tirs de gaz lacrymogène.

A supporter of opposition leader Ousmane Sonko, who was arrested following sexual assault accusations, shouts as others hide behind a makeshift barricade during clashes with security forces, in Dakar, Senegal March 4, 2021. REUTERS/Zohra Bensemra

Au terme de cette scène mouvementée, une demi-heure ne s’est pas écoulée lorsque des groupes de jeunes ont pris d’assaut la Vdn, non loin de là. Cette voie si empruntée n’a pas encore échappé à la règle des manifestants. Entre pneus en flammes, dépôts de gros cailloux sur certaines parties de cet axe, de violentes échauffourées ont opposé gendarmes et jeunes en rage.

Les villas des ministres Mbaye Thiam et Matar Ba incendiées

Non loin de Sacré-Cœur, c’est la station Total de Liberté 6 qui a fait l’objet de saccage après que, quelques minutes plus tôt, deux bus de la société Dakar Dem Dik ont été pulvérisés. Cible d’une attaque lors des dernières manifestations à Dakar, le ministre Serigne Mbaye Thiam a vu une nouvelle fois son domicile attaqué. Sur les images qui se sont propagées juste après le forfait, une bonne partie de la maison du ministre en charge de l’assainissement est restée invisible du fait de la fumée, et des véhicules garés sur la devanture ont été emportés.

Son camarade du pouvoir, le ministre Matar Ba a, lui aussi, reçu la visite enflammée des jeunes alors qu’il se trouvait en famille. A leur départ des lieux, plusieurs véhicules des voisins de l’ancien ministre des Sports sont partis en fumée. « Je sais que le Sénégal ne mérite pas cela. Et ce n’est pas le parti au pouvoir qui le fait. C’est l’opposition qui attaque les domiciles des responsables.

Ça ne restera pas impuni. Nous sommes avec le Président Macky Sall. Nous avons une mission pour gérer ce pays et nous allons continuer à le gérer comme il se doit dans un Etat de droit. Ce n’est pas en brûlant les maisons, en cassant les véhicules qu’ils vont semer la terreur dans ce pays », a-t-il accusé, noire de colère.

Dans les parages, des installations du Brt presque en finition ont fait les frais de la manifestation. La mosquée de Sacré-Cœur 3 aussi a été une victime collatérale. Même si elle n’a pas été touchée, le corbillard qui s’y trouvait n’a pu être épargné.

Les journalistes ont été gazés. Dans une vidéo qui a fait le tour de la toile, on voit un reporter sur le sol après avoir pris un coup de grenade lacrymogène. L’Association des professionnels de la presse en ligne et le SYNPICS ont dénoncé cette attitude des FDS dans des communiqués..

« Les FDS montent toujours d’un cran. Elles ont eu le toupet d’arrêter le véhicule de Senegal7 pour sommer les journalistes de descendre. Ils ont pris leur téléphone. Les journalistes se sont présentés mais elles ont demandé à l’un d’eux de déverrouiller son téléphone et à un autre de ne pas mettre son tel dans sa poche. Le live de Senegal7 a été coupé », fustige Ibrahima lissa Faye.

Le SYNPICS souligne qu’un cameraman de SENEGO a été touché par un projectile tiré par les FDS presque à bout portant.

Ces professionnels des médias dénoncent ces violations flagrantes de la liberté d’informer et en appellent au respect par les FDS des droits des journalistes sur le terrain de la collecte

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Le SYNPICS et APPEL encouragent les journalistes et techniciens sur le terrain à privilégier les déplacements en groupe, leurs cartes de presse bien visibles et les gilets-presse en évidence. Ils interpellent les autorités à assurer la sécurité des journalistes lors des affrontements comme promis  par le ministre de l’intérieur Antoine Felix Diome.
Au cas contraire pour ces professionnels des médias; on risque un jour de ramasser un cadavre sur le terrain. (SPM/2023)

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