TUNIS, 19 JUILLET (ASPAMNEWS)- L’ONG Human Rights Watch accuse les forces de sécurité tunisiennes d’avoir commis de “graves abus” contre des migrants noirs africains. Elle appelle l’Union européenne à suspendre le soutien à ce pays dans la lutte contre l’immigration irrégulière.
Selon HRW, lors de son enquête qu’il a entamée depuis mars de cette année, plus de 20 migrants et demandeurs d’asile ont été interrogés. Sept figuraient parmi plus de 1 000 Africains noirs expulsés ou transférés de force par les autorités tunisiennes vers les régions désertiques frontalières du pays avec la Libye et l’Algérie ce mois-ci.
L’organisation a accusé les forces de sécurité de mettre en danger la vie des migrants et de les maltraiter. Les abus documentés comprennent les passages à tabac, le recours à une force excessive, certains cas de torture, les arrestations et détentions arbitraires, les expulsions collectives, les actions dangereuses en mer, les expulsions forcées et le vol d’argent et de biens.
«La police, l’armée et la garde nationale tunisiennes, y compris les garde-côtes, ont commis de graves abus à l’encontre de migrants, de réfugiés et de demandeurs d’asile africains noirs», a déclaré Human Rights Watch.
Selon l’ONG, parmi les abus documentés figurent «des passages à tabac, le recours à une force excessive, certains cas de torture, des arrestations et détentions arbitraires, des expulsions collectives, des actions dangereuses en mer, des évictions forcées, ainsi que des vols d’argent et d’effets personnels.»
Dans sa publication faite ce mercredi, l’ONG estime que ces “graves abus” commis ces derniers mois contre les migrants africains noirs, devraient inciter l’Union européenne à «cesser son soutien» à ce pays dans la lutte contre l’immigration irrégulière.
HRW précise avoir recueilli plus de 20 témoignages de «victimes de violations des droits humains aux mains des autorités tunisiennes», a-t-elle mentionné dans un communiqué dans lequel elle dénonce les agissements “de la police, des militaires, des garde-côtes”.
Parmi les migrants interrogés par HRW, il y a des demandeurs d’asile et réfugiés. Neuf d’entre eux étaient rentrés dans leur pays à bord de vols de rapatriement d’urgence en mars, tandis que huit étaient restés à Tunis, la capitale tunisienne, ou à Sfax, une ville portuaire située au sud-est de Tunis. Sept d’entre eux faisaient partie des quelques «1 200 Africains noirs expulsés ou transférés de force par les forces de sécurité tunisiennes aux frontières terrestres avec la Libye et l’Algérie au début du mois de juillet.»
Ce rapport intervient après que l’Union européenne a accordé un financement d’environ un milliard d’euro pour “ gestion des frontières, … recherche et sauvetage, lutte contre la contrebande et retour.” Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, a souligné que le partenariat mettrait l’accent sur « le renforcement des efforts pour arrêter la migration irrégulière ».
Selon Lauren Seibert, chercheur sur les droits des migrants à Human Rights Watch, « les autorités tunisiennes ont abusé des étrangers noirs africains, alimenté des attitudes racistes et xénophobes et renvoyé de force des personnes fuyant par bateau et risquant de graves préjudices en Tunisie ».
Il a soutenu qu’ »en finançant les forces de sécurité qui commettent des abus lors du contrôle des migrations, l’UE partage la responsabilité de la souffrance des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile en Tunisie. » HRW souhaite que l’Union européenne retienne les fonds qui devaient être utilisés pour renvoyer les migrants chez eux. (SPM/2023)