NIAMEY, 7 AOÛT (ASPAMNEWS)- La situation sécuritaire prend une autre tournure au Niger. Les coups de bottes sont entendus sur les frontières du Bénin et du Nigeria. Pendant ce temps, le président déchu Mohamed Bazoum est toujours en résidence surveillée. Le pays fait face à des sanctions et ultimatum de la Cedeao, qui ont suscité des vives réactions à travers le monde et une véritable levée des boucliers doublée d’un soutien sans faille des quelques pays de la CEDEAO qui sont sous transition, à savoir le Mali, le Burkina Faso et la Guinée. La CEDEAO va-t-elle agir pour rétablir l’ordre constitutionnel et laver son honneur et établir sa crédibilité ?
Selon nos sources, le Niger a déployé des troupes supplémentaires le long de ses frontières avec le Nigeria et le Bénin pour répondre aux préoccupations croissantes en matière de sécurité dans la région. Le pays doit faire face à des menaces sécuritaires allant des activités criminelles transfrontalières aux effets de contagion des conflits dans les pays voisins.
La mesure vise donc, pour le pays, à renforcer ses capacités de défense et à assurer la protection de son intégrité territoriale. Aussi, cette décision servira sans aucun doute de puissant moyen de dissuasion contre toute atteinte potentielle à la sécurité, et elle démontre l’engagement du gouvernement à protéger ses frontières et ses citoyens à un moment où les pays de la CEDEAO envisagent d’attaquer le pays, avec le Bénin et le Nigéria parmi les plus partants pour cette option pour déloger les putschistes.
En décidant la suspension “immédiate” de “toutes les transactions commerciales et financières” avec le Niger et le gel des avoirs des militaires, la CEDEAO avait certainement décidé de monter sur ses grands chevaux pour sonner le glas de la série de coups d’Etat dont son espace est victime.
Ces sanctions, il faut le reconnaître, vont “aggraver la souffrance des populations et mettre en péril l’esprit du panafricanisme”, déplorent certains analystes. Pour d’autres c’est le prix à payer pour mettre fin aux cycles infernaux des coups d’Etat dans l’espace CEDEAO.
Quant à l’intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel, elle n’est certes pas sans conséquences sur le Niger et sur l’ensemble de la région du sahel en proie à l’insécurité et à la violence terroriste, mais c’est certainement la dernière astuce pour la CEDCEAO pour non seulement laver son honneur bafoué dans les crises du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée Conakry, mais aussi rétablir sa crédibilité et son autorité.
Quant au Mali et au Burkina Faso qui ont l’intention d’aider le Niger en cas d’intervention de la CEDEAO, ils gagneraient beaucoup plus à faire face à la guerre asymétrique qu’est celle du terrorisme et surtout conserver le peu d’armes dont ils disposent, car la guerre contre les terroristes sera à la fois longue et couteuse pour les pauvres pays sahéliens.
Selon des nombreux observateurs, la CEDEAO, dans sa configuration actuelle, est une source de préoccupation pour la région, car au lieu d’intervenir en amont des crises, elle joue au sapeur-pompier sans jamais éteindre véritablement les foyers. Ses décisions concernant le Niger sont autant nuisibles pour le peuple de ce pays qu’elle est pourtant censée défendre. D’autres pensent à priori qu’au lieu de s’attaquer au terrorisme, elle envisage d’envoyer des troupes contre leurs frères d’un État membre.
Une intervention militaire entraînerait, de la part de Bamako, d’Ouagadougou et Conakry, “l’adoption de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et au peuple du Niger”, extrait des communiqués.
Au moment où les jeunes populations de l’espace CEDEAO vivent un drame humain en Tunisie et dans la Méditerranée, la préoccupation des dirigeants de la sous-région devrait être plutôt orienté vers les enjeux stratégiques, socio-économiques pour l’atteinte de leurs aspirations que de se pencher sur le sort des Présidents déchus. Pouvait-on lire dans le communiqué de la Guinée.
En définitive, la CEDEAO joue véritablement son destin au Niger. Elle est désormais entre le marteau de l’avenir de l’organisation sous régionale et l’enclume de la pluie des critiques venant de ses détracteurs et des analystes. Agira ou n’agira pas par la force pour laver son honneur et établir sa crédibilité.
Rappelons que le 26 juillet dernier, le président nigérien Mohamed Bazoum a été évincé du pouvoir par des militaires et gardé en détention à la présidence du pays. Cette situation a mis en colère les dirigeants de la CEDEAO qui ont durement sanctionné le Niger et les putschistes et menacent d’une action militaire si l’ordre constitutionnelle n’est pas rétablit. Le délai de l’ultimatum d’une semaine est arrivé à terme et on attend la suite des événements. (SPM/2023)