MADAGASCAR:campagne électorale à sens unique, l’unité nationale en danger

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ANTANANARIVO, 16 OCTOBRE (ASPAMNEWS)-La campagne électorale se poursuit et Andry Rajoelina reste le seul maître à bord. Le président se lance avec enthousiasme dans sa campagne, sûr de gagner les élections. Le collectif des 11 candidats restent encore dans leur revendication, l’organisation d’une élection dans la transparence et la neutralité totale, les marges de négociations restent toutefois réduites.

Samedi dernier, lors de leur manifestations pacifiques, les sympathisants des 11 candidats étaient surpris de se retrouver face à la vague orange qui a déferlé dans les différents point de ralliement annoncés. Les partisans de Andry Rajoelina ont une fois de plus provoqué et intimidé les manifestants pro-collectif des 11 candidats.

Andry Rajoelina a tenu un grand meeting au stade Malacam à Antanimena après un carnaval à travers la ville. Plein comme un œuf, le stade a été mué en couleur orange. Par ailleurs, le Collectif dénonce les deux poids et deux mesures au sujet de la délivrance des autorisations de la Préfecture d’Antananarivo.

Le Général Angelo Ravelonarivo a en effet interdit l’accès à Analakely et les environs d’Antanimena, samedi dernier au Collectif. Le lendemain, il a donné au candidat N°3 l’autorisation de tenir sa campagne électorale à Antanimena.

Les partisans du collectif des 11 candidats, à l’instar de l’artiste Dama du groupe Mahaleo, persistent à dire que les dirigeants actuels et les partisans d’Andry Rajoelina se servent de la « bancalité » des textes à Madagascar pour réprimer le peuple et les autres opinions dans le seul objectif de défendre l’intérêt du président sortant et de ses entourages et non pour l’intérêt de la population, malgache, majoritaire et appauvrie.

Le spectre de la division menace plus que jamais la société malgache. Les événements de ce samedi laissent présager que le pire reste à venir. Outre les accrochages isolés entre les partisans du président sortant et ceux du Collectif des candidats, à Ankorondrano, les tensions étaient palpables dans les différentes rues de la capitale.

En effet, les « oranges » ont attendu les partisans du collectif des 11 candidats sur les points de ralliement annoncés, pour se livrer ensuite à la provocation. La situation était au bord de l’explosion qu’une petite étincelle et tout part à la dérive.

En tout cas, à Behoririka, à Mahamasina et à Ankazomanga, les « oranges » et les « choux-fleurs » se donnaient à une joute verbale sans dérapage.  A Ampasika, le cortège mené par Jean Jacques Ratsietison et Tahina Razafinjoelina se heurtait à quelques dizaines de partisans d’Andry Rajoelina qui prolifèrent des insultes. 

Guerre civile

A qui profite cette situation ? C’est la question que les observateurs commencent à poser. Sans consonner la manifestation menée par le collectif des candidats durant déjà deux semaines, beaucoup s’accordent à dire que les partisans du président sortant jouent à un jeu dangereux.

Depuis ce lundi 9 octobre, à chaque marche organisée par le Collectif des candidats, leurs partisans voient des partisans d’Andry Rajoelina déchaînés contre eux. Tanora Miandrandra ny Hoaviny (TMH), à Anosibe, Tanora malaGasy Vonona (TGV) à Antohomadinika, ou encore Naivo Raholdina et ses bandes à Ampasapito, les contres manifestations passent à l’offensive.

Le samedi dernier, un pas qui nous rapproche de la guerre civile était franchi. Les deux parties en sont même venues aux mains à Ankorondrano aux alentours de midi. Tout laisse croire que la situation est en train de partir vrille, appelant ainsi aux prises de conscience de tout le monde.

D’autant plus qu’au niveau de la société, la dualité, voire même la rivalité, entre les « oranges », constitués en général par la couche la plus démunies de la population, et les « choux-fleurs », constitués par la classe moyenne, est de plus en plus ressentie. Une situation qui appelle tout le monde à ses responsabilités en cette période électorale durant laquelle le respect de l’unité nationale est exigée.

Fauteur de troubles

Chacun à ses « gros bras ». Si les durant la première semaine de la manif il n’y avait de heurts qu’entre les manifestants et les forces de l’ordre, la deuxième semaine est surtout marquée par l’entrée en scène des pro-Rajoelina et ce samedi par l’arrivée des « gros bras ». Des Taxi-motos fouteurs de troubles ont semé provocations et insultes sur leurs passages.

En se mettant en double montée, ils ont eu une mission spéciale, c’est d’intimider et de provoquer les manifestants. « Au départ, on nous a contacté afin de faire de la propagande pour un candidat. Mais, une fois arrivée sur place, on nous a donné une autre consigne. Il s’agit de contrer la manifestation du Collectif des candidats », a confié l’un d’entre eux qui a indiqué qu’ « ils étaient payés 30 000 ar pour 3 heures ». Avec les quelque 200 taxi-motos mobilisés, le camp du président sortant a dépensé au moins 6 000 000 ar, ce samedi.

En tout cas, les taxi-motos ont pour rôle de conduire avec eux les « gros bras ». A Antanimena, des éléments dirigés par le député Feno Ralambomanana ont été près à passer à la riposte mais cela s’est terminé par de simples intimidations avant qu’ils se font refouler vers  le rond-point Ankorondrano. 

Le Noyau des Privilégiés

L’un des piliers du soutien continu à Andry Rajoelina est constitué de privilégiés proches du régime. Ces individus ont bénéficié d’une augmentation significative de leur richesse, en partie due à des postes politiques et des opportunités économiques accordés par le président.

Leur intérêt évident à maintenir le statu quo les pousse à soutenir un deuxième mandat pour Rajoelina. Pour eux, son départ du pouvoir signifierait la fin de leurs avantages et de leur influence. La dépendance envers ce cercle de privilégiés met en évidence la concentration du pouvoir et des richesses dans les mains d’une minorité, au détriment de la majorité de la population malgache.

L’Influence des Intérêts Étrangers

Un autre facteur clé du maintien de la popularité d’Andry Rajoelina est l’argent d’origine douteuse versé pour sa campagne et sa présidence. Certains de ses bailleurs, dont les intérêts sont flous, continuent de soutenir financièrement le régime en place.

Cet appui financier s’accompagne d’une influence sur les décisions politiques et économiques du pays. Cette relation controversée a contribué à maintenir le président Rajoelina en poste malgré la crise.

La Population Malléable

En outre, une deuxième catégorie de partisans d’Andry Rajoelina est constituée de personnes qui se laissent influencer par des cadeaux éphémères. Cette population, souvent confrontée à des difficultés financières, est plus encline à soutenir un leader politique qui promet des avantages immédiats, même au détriment de l’avenir à long terme. Le clientélisme et la distribution de biens matériels ont servi de puissants outils de manipulation politique, maintenant un soutien précaire.

Les Conséquences de cette Soutien Inébranlable

Cependant, il est essentiel de souligner que ces soutiens à Andry Rajoelina sont précisément les individus et les groupes qui ont contribué à plonger Madagascar dans la pauvreté extrême. Ils n’ont pas réussi à contenir l’inflation, favorisant une économie fragilisée par l’importation massive de biens étrangers, au détriment de la production locale. Cette politique a également entraîné un taux de chômage record, laissant des millions de Malgaches dans une situation désespérée.

Madagascar, autrefois riche en ressources, a maintenant atteint la triste distinction de figurer parmi les cinq pays les plus pauvres du monde. La question cruciale demeure : combien de temps la majorité silencieuse supportera-t-elle la détérioration de sa qualité de vie au nom d’une minorité d’individus influents ?

Malgré les critiques et les protestations grandissantes, Andry Rajoelina semble toujours bénéficier d’un noyau dur de soutiens. Cependant, la situation actuelle met en évidence la nécessité de repenser les priorités politiques et économiques du pays, afin de réduire la pauvreté et de restaurer l’espoir pour la majorité des Malgaches. La prise de conscience de cette réalité et le désir de changement sont essentiels pour un avenir plus prospère et équitable à Madagascar. (MDR/2023)

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